100 jours pour apaiser la France et tout à coup, patatras…<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Emmanuel Macron, photo AFP
Emmanuel Macron, photo AFP
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Aïe, aïe, aïe...

Le chef de l’Etat a voulu décréter l'apaisement plutôt que de le construire. Il a depuis été rattrapé par une dure réalité…

Carlyle Gbei

Carlyle Gbei

Carlyle Gbei est journaliste politique pour la radio fréquence protestante. Presentateur du podcast la Ve République, mode d'emploi et Nos présidents avec Maxime Tandonnet. Contributeur pour la revue politique et parlementaire .

Voir la bio »

Atlantico : Ces émeutes de ces derniers jours sont-elles le dernier clou dans le cercueil des 100 jours d’apaisement voulu par Macron ?

Carlyle Gbei : C’est surtout un retour à la réalité pour le gouvernement qui tentait de tourner la page d’une séquence tumultueuse des retraites. Au sein de l’exécutif, personne ne s’attendait à ces évènements. L’actualité était plus centrée sur le remaniement et tout d’un coup, patatras le meurtre du jeune Nael par un policier à Nanterre qui crée l’embrasement dans le pays. Le gouvernement est confronté à une nouvelle crise majeure. Le spectre des évènements de 2005 réapparaît et l’espoir des 100 jours d’apaisement décrété par Emmanuel Macron s’amenuisent…

Ce dénouement, et cet échec de l'apaisement, était-il couru d’avance ?

Le pays était gagné depuis longtemps par une colère silencieuse. Décréter 100 jours d’apaisement était quand même audacieux pour le président de la République. Des actions ont certes été réalisées, il faut le reconnaître, mais certaines problématiques n’ont pas été réellement mises en avant. Ces incidents reviennent comme un boomerang dans la face de l’exécutif. La fin des casseroles n’est pas synonyme d 'apaisement. La colère était plus profonde. Un fait que les communicants du pouvoir n’ont pas rapidement cernés. 

Comment Emmanuel Macron et son gouvernement ont-ils laissé la situation leur échapper ainsi ? Quelle est leur responsabilité ?

Il ne faut pas tomber dans la politique politicienne. Contrairement à 2005 , le gouvernement s’est très vite saisi du sujet. Le chef de l’Etat a quand même présidé deux cellules de crises interministérielles en 24h. Fait inédit, il a écourté sa participation au conseil européen ce vendredi à Bruxelles. L’exécutif est au rendez-vous. L’ambiguïté se trouve plutôt du côté de la gauche radicale qui  semble avoir perdu sa boussole républicaine. La seule responsabilité du pouvoir reste le fait de ne pas avoir réellement pris en cause la question des quartiers populaires. Nous vivons l’une des conséquences du rejet du  plan Borloo en 2018.

Quand il a annoncé ces cent jours, l'exécutif a-t-il sous-estimé la colère de la population ?

L’analyse effectuée par le gouvernement était faussée dès le départ. Tourner la page des retraites ne signifie pas le retour de la tranquillité dans le pays. Dans les quartiers populaires, les problématiques ne sont pas encore bien cernées. C’est bien là que les colères sont concentrées et alimentées par les populistes. Cette colère a bien été sous-estimée.

Emmanuel Macron peut-il digérer politiquement cet échec de la séquence d’apaisement qu’il voulait ouvrir ?

Ces évènements cesseront certainement avant le 14 juillet et nous le souhaitons ardemment. Toutefois, elles auront démontré que les 100 jours restent aujourd’hui un véritable mirage. Il en faut plus. Le président de la République , loin de la spirale alimentée par les chaînes d’infos continues et les réseaux sociaux, doit prendre le temps d’entendre les colères et  les difficultés que traversent le pays afin d’apporter une réponse qui s’inscrit dans un temps long. L’apaisement ne se décrète pas, il se construit. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !