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Politique pénale : "Christiane Taubira s'est engagée dans une voie dangereuse pour la sécurité des Français".
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Laxisme judiciaire

L'Institut pour la Justice organise un grand colloque international à la Sorbonne les 13 et 14 décembre sur le thème : "Une Justice pénale rénovée fondée sur la criminologie moderne". L'occasion pour Alexandre Giuglaris, délégué général adjoint de l'association de dresser un bilan des huit premiers mois de Christiane Taubira au ministère de la justice.

Alexandre Giuglaris

Alexandre Giuglaris

Alexandre Giuglaris est délégué-général de l’Institut pour la Justice.

 

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L'Institut pour la Justice organise un grand colloque international à la Sorbonne les 13 et 14 décembre sur le thème, "Une Justice pénale rénovée fondée sur la criminologie moderne". Pourquoi avoir  organisé ce colloque ? Quels seront les principaux thèmes abordés durant les débats ?

Alexandre Giuglaris : Les questions de sécurité et de justice sont au cœur de l'actualité. Il est important de prendre du recul pour analyser avec sérénité les dysfonctionnement ou les problèmes de la justice. Tous les sujets seront ainsi abordés : application des peines,  procédure pénale, droit des victimes, évaluation de la dangerosité ou encore apport de la criminologie. C'est un peu aussi la contre-conférence de consensus qu'organise la Garde des Sceaux pour permettre à chacun de s'exprimer.

La justice pénale fonctionne-t-elle efficacement  aujourd’hui ? Est-elle trop indulgente vis-à-vis des récidivistes ?

Les difficultés de la justice pénale sont nombreuses et connues. Les récidivistes sont insuffisamment sanctionnés car la difficulté principale réside dans le manque de places de prison qui conduit tout le système pénal à des expédients ou des alternatives aux conséquences négatives.

Un durcissement des peines est-il nécessaire ?  

Mais que l'on applique déjà réellement les peines prononcées et l'on pourra alors s'intéresser à un durcissement des peines. 80 000 peines de prison ferme sont en attente d'exécution et ce stock n'est pas récent mais se renouvelle chaque année. La cause là encore est le déficit de places de prison qui ne permet pas l'exécution rapide et nécessaire des peines.

Mme Taubira a confirmé qu'elle allait restreindre l'usage "des peines planchers", instaurées en 2007 pour les récidivistes. Cette décision va-t-elle dans le bon sens ?

L'Institut pour la Justice regrette cette décision qui envoie un message de laxisme car il s agissait de punir plus sévèrement les délinquants récidivistes. Un récidiviste est un délinquant à qui la société a donné une deuxième chance et qui a à nouveau trahi cette confiance. Le droit à la sûreté reconnu constitutionnellement doit alors pleinement s appliquer.

Plus largement, comment jugez-vous les premiers pas de la nouvelle Garde des Sceaux Christiane Taubira ?  

Après plus de 8 mois de présence à la Chancellerie, nous regrettons que Mme Taubira se soit engagée dans une voie qui nous paraît dangereuse pour la sécurité des Français. Suppression des peines plancher, de la rétention de sûreté, des tribunaux correctionnels pour mineurs récidivistes et discours répétés sur les supposés effets négatifs de la prison. Tout cela crée un climat d'impunité et une politique pénale dont la priorité ne semble plus être la protection des citoyens.

Existe-t-il une différence de regard sur la politique pénale entre le ministre de l’Intérieur et la ministre de la Justice ?

C'est une question qui se pose face à la fermeté affichée par le ministre de l’Intérieur... Mais la politique pénale est du ressort de Mme Taubira donc c'est au président de la République de trancher. 

Certains observateurs reprochent à l’Institut pour la Justice de défendre une "idéologie sécuritaire". Que leur répondez-vous ?

C'est le type même de mots que l'on lance lorsque l'on a rien à répondre aux propositions qui sont celles de l’Institut pour la Justice. Comme avec ce colloque international, nous préférons nous concentrer sur le débat d’idées.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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