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"Portrait du baron d'Handrax" de Bernard Quiriny : De bonnes idées qui laissent néanmoins le lecteur un peu sur sa faim
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Bernard Quiriny publie "Portrait du baron d'Handrax" aux éditions Rivages.

François Duffour pour Culture-Tops

François Duffour pour Culture-Tops

François Duffour est chroniqueur pour Culture-Tops et avocat au Barreau de Paris.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

L’auteur qui s’est entiché (sic) de la peinture de l’obscur Henri Mouquin part à la recherche de cet artiste méconnu pour écrire quelque chose qui se situerait entre la biographie et le catalogue raisonné ; il se rend ainsi dans le berceau de sa famille, une petite bourgade de l’Allier qui abrite un musée, légataire de quelques toiles du Maître.

La personnalité du peintre va bien vite se dissiper derrière celle d’un hurluberlu, Archibald d’Handrax, son lointain cousin qui, portant le titre et occupant le château, peut aussi parler de l’homme pour l’avoir connu.

Ainsi l’auteur va-t-il privilégier finalement la biographie du baron, une espèce d’hobereau iconoclaste qui trompe sa nostalgie et sa mélancolie par l’accumulation de comportements facétieux, pleins d’humour, de gentillesse et de bonhomie.

POINTS FORTS

Quelques belles trouvailles pour illustrer la fantaisie du baron qui organise des dîners avec les sosies de Sartre, Freud ou Nietzsche, parcourt les cimetières et renifle (sic) les sépultures récentes, passe une soirée et une nuit par trimestre dans le pensionnat de son enfance, rachète les maisons en déshérence sans toucher à rien pour y respirer le temps de ses passages le parfum d’un monde fané, entretient deux familles sous le même toit, l’une légitime et l’autre moins, écrit à profusion pour traduire un illustrateur et paysagiste anglais, défendre le point de vue critique de la sœur de Nietzsche sur son frère ou gloser sur les ouvrages écrits en milieu carcéral, ainsi ceux de Blum, Hitler ou Napoléon… 

QUELQUES RÉSERVES

L’accumulation des facéties du héros prend vite l’aspect d’un parcours de farces et attrapes et d’une acrobatie à l’autre, le personnage passe paradoxalement pour un anticonformiste de salon.

ENCORE UN MOT...

Aucune des frasques du baron n’a la pertinence ou le souffle d’une nouvelle et la somme de ses incongruités ne font pas le roman. L’auteur propose au lecteur un catalogue de comportements fantasques qui, pour amusants qu’ils soient et souvent inédits, ne confèrent pas plus au héros la densité recherchée que ses excentricités dissimulent. A moins qu’il n’en soit finalement dépourvu !

A chaque étape, on sourit volontiers en songeant à ce que Marcel Aymé aurait pu faire de ce baron d’Handrax, s’il l’avait connu, Dutilleul le Passe-Muraille sans doute ou quelque chose d’équivalent.

UNE PHRASE

“ Dîner avec le vrai Descartes, ce doit être affreusement rasant. Le mien, incapable de parler métaphysique ou géométrie, a des conversations ordinaires ; je puis causer avec lui de choses banales, à hauteur d’homme. Souvent, chaque invité nous entretient de son métier. S’il y a un boulanger, il parle de son pain ; s’il y a un banquier, de ses sous.” (p.39)

L'AUTEUR

Bernard Quiriny, né en 1978,  est un auteur belge et francophone, critique littéraire à l’Opinion et professeur de droit à l’Université de Bourgogne.

Auteur de nouvelles, il a remporté de nombreux prix, ainsi le prix Marcel Thiry, le prix Rossel et le prix du Style en 2008 pour Contes carnivores (Seuil); encore le Grand Prix de l’Imaginaire de la Meilleure Nouvelle Francophone en 2013 pour Une collection très particulière (Seuil).

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