"Le dernier Tribun" de Gilles Martin-Chauffier : Une balade vivante, haletante et savante dans la Rome antique. Toute ressemblance avec notre époque est évidemment fortuite<!-- --> | Atlantico.fr
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"Le dernier Tribun" de Gilles Martin-Chauffier a été publié aux éditions Grasset.
"Le dernier Tribun" de Gilles Martin-Chauffier a été publié aux éditions Grasset.
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"Le dernier Tribun" de Gilles Martin-Chauffier a été publié aux éditions Grasset.

François Duffour pour Culture-Tops

François Duffour pour Culture-Tops

François Duffour est chroniqueur pour Culture-Tops et avocat au Barreau de Paris.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"Le dernier Tribun" de Gilles Martin-Chauffier

Grasset
Septembre 2021
333 pages
20,90 €

Notre recommandation : EXCELLENT 

THÈME

 A Rome, au milieu du dernier siècle avant JC, le premier triumvirat réunissant Crassus, Pompée et César est à l’œuvre. Crassus s’enrichit quand Pompée s’abuse de ses capacités alors que César n’en finit pas de conquérir les Gaules. Clodius, brillant tribun et héritier d’une famille patricienne, a pris le parti de la plèbe. C’est dans une ambiance délétère, alors que la démocratie romaine vacille pour installer César et sa dictature que Clodius requiert son ami Metaxas, un grec résidant paisiblement à Sounion, philosophe omniscient et passé maître de la péroraison, pour écrire les discours qu’il prononcera devant le Sénat et confondre une fois pour toutes l’imposteur, Cicéron, le consul exilé qui intrigue pour mettre un terme à sa disgrâce et retrouver son influence dans la ville lumière, rongée par les ambitions, les trahisons et les prébendes.

POINTS FORTS

 - Une langue brillante et alerte, souvent drôle et servie par une connaissance livresque de Rome, des familles qui comptent, des clans et des partis qui s’opposent, des intrigues qui s’y nouent.

- Une dramaturgie soutenue au service d’une belle illustration de « la comédie humaine » qui n’a rien à envier à ses expressions plus tardives, avec en point d’orgue une caricature fameuse des sénateurs, questeurs, consuls et proconsuls et des hommes qui les servent, des femmes qui les séduisent et les manipulent, dans un concert d’hypocrisie et d’opportunisme très éloignés des intérêts de l’Etat. 

QUELQUES RÉSERVES

Quelques premiers chapitres un peu confus, associés à l’abondance  des noms et des clans, des alliances, des mariages et des adultères qui perdent un peu le lecteur dans les méandres de la petite histoire, sans dommage néanmoins pour la compréhension générale des choses.

ENCORE UN MOT...

Un roman intelligent, inspiré par l’histoire réelle, puissant et original, qui plonge le lecteur dans cette période déclinante de la démocratie romaine qui va s’effacer devant l’Empire après avoir pourtant triomphé de la Grèce antique et adopté ses institutions. Le rythme haletant et les caractères trempés des personnages se disputent au récit historique qui ressuscite dans la mémoire du lecteur la Conjuration de Catilina, les succès et les échecs des triumvirs, la trahison de Brutus, le sort des Ptolémée, sans négliger les lettres, ainsi que les vers de Plaute et de Catulle et la philosophie de Diogène.

Une balade vivante, haletante et savante dans la Rome antique.

UNE PHRASE

Je suis une Claudius, et alors ? Je ne vais pas camper au fond de la mémoire familiale, en visiter sans cesse les mausolées, y lire la préface de ma vie. Publius non plus. Il y a cinquante ans, Tiberius ou Caius aussi ont changé de camp. Les vieilles familles sont de profonds étangs où chaque génération apporte de nouvelles couleurs aux nénuphars. Nous seuls les Claudius, ses fondateurs, pouvons empêcher César, Pompée et Crassus de détruire la République.

L'AUTEUR

Gilles Martin-Chauffier, fils et petit-fils de journaliste, est lui-même journaliste à Paris Match et auteur de nombreux romans, certains primés ; son terrain d’élection, l’opportunisme en politique et l’hypocrisie sociale avec, en ligne de mire, les donneurs de leçon d’une certaine société parisienne auto-érigés en arbitres de la bien-pensance, ainsi dans Les Corrompus (Grasset, prix Interallié 1998) ou dans Silence, on ment (Grasset, prix Renaudot des Lycéens 2003), un terrain d’investigation inépuisable qu’il travaille ici avec le même talent dans le décor de la Rome antique.

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