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"La maladie de mort" : Techniquement remarquable. Mais l'essentiel, perdu en route
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Pauline Bonnefoi pour Culture-Tops

Pauline Bonnefoi pour Culture-Tops

Pauline Bonnefoi est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

Voir la bio »

THÉÂTRE 

La maladie de mort

Adapté de Marguerite Duras

Mise en scène par Katie Mitchell

Avec Laeticia Dosch, Nick Fletcher, Irène Jacob

INFORMATIONS

Théâtre des Bouffes du Nord

Jusqu'au 3 février

Réservation: 01 46 07 34 50

http://www.bouffesdunord.com


RECOMMANDATION

           A LA RIGUEUR

THEME 

Un homme mystérieux fait appel à une prostituée : elle doit venir toutes les nuits dans son hôtel, et suivre ses ordres sans dire un mot. Ne sachant pas aimer, il cherche à apprivoiser la femme par son corps, en faisant l'économie de la parole. Pour elle, il est atteint de la "maladie de mort". Un jeu dangereux va se mettre en place entre eux, au fil des nuits, dans lequel l'intimité des corps n'a d'égale que la froideur de leurs rapports.

 POINTS FORTS

- Une mise en scène recherchée et ambitieuse. Katie Mitchell déploie l'action sur trois tableaux : sur scène, sur l'écran, et à travers la voix de la narratrice qui, isolée dans une cabine téléphonique, lit la prose de Duras. 

Sur scène, un plateau de tournage représentant une chambre d'hôtel : les acteurs sont filmés par une équipe de techniciens, et les images apparaissent simultanément sur un écran géant, au-dessus de la scène, donnant un nouveau point de vue à l'action, plus intimiste. 

Rythmée selon un montage astucieux, l'action alterne entre des scènes jouées et filmées en direct, et d'autres enregistrées. L’œuvre présentée est "totale", à la fois littéraire, cinématographique et dramatique.

- Les acteurs se donnent à corps perdu et alternent avec souplesse scènes filmées et préparatifs rapides, auxquels on assiste.

POINTS FAIBLES

- Sur scène, l'aspect sordide et cru de l'histoire prend largement le pas sur la finesse de la prose durassienne, lue par intermittence par Irène Jacob. Ce qui est magnifié par l'écriture, qui confère aux personnages une forme d'universalité, de teneur existentielle, peut difficilement l'être dans le prosaïsme du "direct". La partie filmée rattrape un peu les choses, car elle apporte un éclairage intime que ne permet pas la scène, et renvoie à l'univers cinématographique de Duras. Mais la pièce reste pénible à regarder, bien loin de l'expérience de lecture, plus simple et plus puissante, qu'on peut faire du texte.

- Si le spectateur apprend à aimer le personnage féminin, notamment grâce aux scènes filmées qui creusent son histoire, on ne peut pas en dire autant de l'homme, qui reste figé dans son mystère et n'évolue pratiquement pas.

EN DEUX MOTS

- Une pièce originale dans sa mise en scène, mais dont la crudité "clinique" altère la beauté de l’œuvre de Duras ici adaptée. 

- Pour un public averti.

UN EXTRAIT

"Elle vous demande de le lui dire clairement. Vous le lui dites : Je n'aime pas.

Elle dit : Jamais?
Vous dites : Jamais.
Elle dit : L'envie d'être au bord de tuer un amant, de le garder pour vous, pour vous seul, de le prendre, de le voler contre toutes les lois, contre tous les empires de la morale, vous ne la connaissez pas, vous ne l'avez jamais connue?
Vous dites : Jamais.
Elle vous regarde, elle répète : C'est curieux un mort."

LE METTEUR EN SCENE 

Katie Mitchell compte parmi les artistes britanniques les plus innovants. Elle fait ses preuves au théâtre en créant sa compagnie Classics on a shoestring, qui explore les classiques anciens et modernes, et se voit peu à peu ouvrir les portes des grands théâtres. Elle développe également des œuvres pour l'opéra et la télévision, sous des formes innovantes et hors cadre. 

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