"La dernière vie de Serge Gainsbourg" de Bernard Pascuito : je suis venu te dire que je suis toujours là…<!-- --> | Atlantico.fr
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La dernière vie de Serge Gainsbourg de Bernard Pascuito
La dernière vie de Serge Gainsbourg de Bernard Pascuito
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Atlanti Culture

Bernard Pascuito a publié "La dernière vie de Serge Gainsbourg" aux éditions du Cherche-Midi. La popularité du chanteur n'a jamais été aussi élevée depuis sa disparition, le 2 mars 1991, il y a trente ans.

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"La dernière vie de Serge Gainsbourg" de Bernard Pascuito

Cherche Midi - 298 pages - 18 €

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Thème

30 ans et pourtant Gainsbourg (décédé le 2 mars 1991) est toujours sur toutes les lèvres. Son personnage ou plutôt sa légende, amplifiée, magnifiée par le temps et ses chansons, portées par une myriade d’interprètes féminins occupent encore l’espace mémoriel, visuel et sonore.

Personnage déjà mythifié tout au long de sa vie, l’anniversaire de sa disparition le rend encore plus vivant et présent.

De l’arrivée en France de ses parents qui ont fui la Russie jusqu’à ses derniers mois passés à la Côte d’Or chez Bernard Loiseau, c’est toute la vie de Gainsbourg qui défile comme le roman d’une époque.

Points forts

Le livre parvient à intéresser ceux qui le découvrent encore sans ennuyer les fans. En moins de 300 pages, il nous fait pénétrer dans l’intimité d’un homme qui a toujours défrayé la chronique sans être nécessairement bien connu de ceux qui l’adulaient ou le détestaient.

Il apparaît ainsi avec ses failles, ses contradictions, ses errements que l’auteur explique par les douleurs d’une vie marquée par des blessures qui n’ont jamais pu être guéries.

 De sa vaine tentative de devenir peintre, contrariée par un manque de talent dont il ne se remit jamais jusqu’à son statut d’icône de la chanson, Gainsbourg a construit une œuvre qui tient en plusieurs centaines de chansons et des dizaines d’interprètes : Juliette Gréco, France Gall, Brigitte Bardot, Isabelle Adjani, Catherine Deneuve et bien sûr Jane Birkin, c’est le gotha des chanteuses et des actrices qui passa entre ses mains (et le plus souvent dans son lit). Souffrant toute sa vie de sa laideur, il courut toute sa vie après les femmes, le succès, la célébrité, la reconnaissance pour combler ses failles.

 Comment expliquer autrement cette propension à se tuer à petit feu aussi méthodiquement avec autant d’application, alors qu’il avait aparemment obtenu tout ce qu’il désirait.  Mais ses ambitions se situaient au-dessus du niveau des mortels et n’étaient pas destinées à être satisfaites ici-bas.

Connaître Gainsbourg, c’est comprendre comment la haine de soi peut être un extraordinaire moteur qui nourrit à la fois une ambition dévorante et une inextinguible soif d’auto destruction.

 Bernard Pascuito a ce talent pour rendre délicatement ces succès et cet échec en rentrant dans l’intimité de tous les personnages qui peuplent la vie de Serge, et notamment de Bambou qui fut sa dernière compagne. Leur rapport éclaire d’une lumière singulière le rapport aux femmes et à l’autre que Gainsbourg pouvait entretenir en dehors de la présence des caméras.

Points faibles

C’est un peu Gainsbourg pour les nuls : le livre survole  cet immense territoire que fut sa vie, son œuvre. Mais il y a un effet « Madeleine » pour les plus anciens et pour les plus jeunes, ce sera certainement une belle découverte avec, qui sait, l’envie d’en savoir beaucoup plus.

 Même si c’est un détail, Serge Gainsbourg est bien enterré au cimetière du Montparnasse, mais sa tombe, toujours fleurie et jonchée de tickets de métro ou autres témoignages de fans, ne se trouve pas dans le carré juif, comme le prétend l’auteur, mais en plein centre du cimetière, à quelques tombes de celle de Jacques Chirac.

En deux mots ...

 J’écoute en rédigeant cette chronique un disque de 1969 « Jane Birkin, Serge Gainsbourg », sur lequel figurent notamment « l’anamour ». Et je me dis que ce petit rif de guitare qui rythme la chanson et lui donne un groove délicieux et légèrement funky a du inspirer Nile Rogers, maître du disco- funk avec Chic et qui  a posé sa patte sur les morceaux de Madonna, Bowie, INXS jusqu’au dernier Daft Punk. On n’a pas fini de voir Gainsbourg partout !

Une illustration

Un extrait

« L’amour ne vaudra jamais mieux que le court temps qu’on passera à le faire ».

« Le snobisme, c’est une bulle de champagne, qui hésite entre le rôt et le pet ».

« Ma mère était belle, mon père aussi, je ne sais pas d’où peut venir ma laideur … Peut-être de mon chien ».

« Si j’étais Dieu, je serais peut-être le seul à ne pas croire en moi ».

« La vie me tuera et, peut-être le moment venu, serais-je heureux d’être sa victime ».

L'auteur

Bernard Pascuito est un vieux routier de la bio. A bientôt 70 ans, il a raconté les vies de Romy Schneider, Coluche, Raymond Devos, Annie Girardot, James Stewart ou Bernard Tapie (parmi une trentaine d’essais et de biographies).

Celui qui fut tout d’abord journaliste et grand reporter au Journal du Dimanche dans les années 80 puis rédacteur en chef de France Dimanche dans les années 90, nous raconte cette histoire d’un destin exceptionnel. Ce livre fait suite à une première biographie de Gainsbourg, parue en 1991, l’année de sa mort.

Le clin d'œil d'un libraire

LIBRAIRIE « NOUVELLES IMPRESSIONS » A DINARD. UN BIJOU TRES PRECIEUX SUR LA CÔTE D’EMERAUDE

Quel plaisir !! La première « impression » fut vraiment la bonne. Quel bel accueil nous a réservé le propriétaire de cet espace culturel convivial situé au cœur de cette ravissante station balnéaire, à deux pas de la plage… et du casino. Thierry de la Fournière, n’en déplaise à sa modestie naturelle, est une figure locale. Ancien adjoint au maire en charge de la culture, il fonda à Dinard le festival du film britannique, qui prospère aujourd’hui en ayant anglicisé son nom ; depuis 1900 tout résonne british ici, ou presque. Nom de rues et d’hôtels, vitrines, éternel tea-time,  greens d’un golf sublime à la porte de Saint Briac, jusqu’à l’humour de notre interlocuteur, fou de politique locale qui avoue que la liste du nouveau maire, sur laquelle il figurait est passée avec «un pan de chemise dans la porte ». Thierry de la Fournière, maîtrise d’histoire, 15 ans de professorat est aujourd’hui un libraire heureux, un métier qui lui garantit l’indépendance et lui procure «les nourritures intellectuelles» indispensables à la vie. D’ailleurs, si vous ne le saviez pas, nous vous présentons l’ex Président du «Prix des libraires». Avec ses 15 000 références et ses 7 libraires-conseils, les «Nouvelles Impressions» brillent à Dinard. «A bas bruit», comme le confie à Culture-Tops son animateur, et sans site internet. Impressionnant.

Librairie Nouvelles Impressions – 42 rue Levavasseur – 35800 Dinard – 

Texte et interview réalisés par Rodolphe de Saint-Hilaire pour la rédaction de Culture-Tops.

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