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"Celui qui est digne d’être aimé" : un roman de douleurs, intense et riche
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Clémence Roux de Luze pour Culture-Tops

Clémence Roux de Luze pour Culture-Tops

Clémence Roux de Luze est chroniqueuse pour le site Culture-Tops. 

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LIVRE

Celui qui est digne d’être aimé

d' Abdellah Taïa

Ed. du Seuil

136 p

15 euros

RECOMMANDATION

           EXCELLENT

THEME

Le nouveau roman d’Abdellah Taïa prend la forme de quatre lettres. Celles qu’Ahmed, Marocain de 40 ans, écrit à sa mère, Malika, cinq ans après sa mort et à son amant français, Emmanuel, rencontré au Maroc alors qu’il avait 17 ans. Et celles qu’il reçoit de Vincent, un amour d’un jour, et de Lahbib, son ami d’enfance. 

La correspondance s’étale sur vingt-cinq ans, entre 1990 et 2015,  et remonte le temps, jusqu’à l’origine de l’exil, celui d’Ahmed en France mais aussi en lui-même.

POINTS FORTS

- Le style. Abdellah Taïa écrit avec des phrases très courtes, sans détours. Il assène les mots comme des coups de poing pour exprimer la colère d’Ahmed contre cette mère « dictatrice » qui ne lui a manifesté aucune tendresse et lui a légué un cœur si dur.

- De nombreux thèmes sont abordés dans ce livre fort. Celui de l’homosexualité douloureusement vécue par le personnage principal et condamnée par la société marocaine. Mais surtout celui de l’exil et des effets du colonialisme, que le personnage principal vit dans son esprit et son corps. En suivant Emmanuel en France et en adoptant la langue de cet ancien pays colonial et son mode de pensée, Ahmed perd ses racines et son identité. La langue arabe est, pour lui, celle de la réconciliation, de l’amour ; la langue française est celle de la soumission. 

- Le livre parle aussi des corps, ceux qui s’aiment et se donnent l’un à l’autre, mais aussi de ceux qui s’en vont.

POINTS FAIBLES

Je n’en vois pas.

EN DEUX MOTS

Un livre de douleurs, riche et intense.

UN EXTRAIT

« Je veux sortir du français, de cette langue, sortir de ce rapport entre toi et elle, si fort en moi. Je veux quitter le français tel que je le pratique depuis que je te connais. Tu es si présent, Emmanuel, si dominant. Tes références intellectuelles sont trop devenues les miennes. Où que je tourne la tête, chercher ta bénédiction est devenu un réflexe si naturel, toujours et toujours nécessaire. C’est trop. Trop. Je ne suis plus moi. Je ne suis qu’un objet qui pourrait être remplacé facilement par un autre. Un jeune Arabe très cultivé grâce à toi qui pourrait du jour au lendemain être jeté et échangé contre un autre jeune Arabe. » (Page 106).

L’AUTEUR

Abdellah Taïa est né en 1973 à Rabat dans une famille de neuf enfants. Il vit en France depuis plus d’une quinzaine d’années. Il est le premier écrivain marocain à avoir parlé publiquement de son homosexualité. Il est l’auteur de plusieurs livres dont « l’Armée du Salut » (2006) à partir duquel il a réalisé un film, « Le Jour du Roi » (Prix de Flore, 2010), « Infidèles » (2012), « Un pays pour mourir » (2015).

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