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"10 % play-boy et 90 % ingénieur" : comment Elon Musk est devenu l'Iron Man de la Silicon Valley
©Reuters

Bonnes feuilles

Elon Musk fait partie de ceux qui changent les règles du jeu. Largement considéré comme le plus grand industriel du moment, il porte l'innovation à des niveaux rarement atteints. A 46 ans, il a monté en quelques années une entreprise, Tesla, qui révolutionne l'industrie automobile, une autre, SpaceX, qui concurrence Arianespace. Il a auparavant bouleversé le marché des paiements avec PayPal. Son objectif ultime : coloniser Mars. Extrait de "Elon Musk", d'Ashlee Vance, aux Editions Eyrolles (2/2)

Ashlee Vance

Ashlee Vance

Ashlee Vance est un chroniqueur du monde des affaires américain.

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En 2007, le réalisateur Jon Favreau se préparait à tourner Iron Man à Los Angeles. Il loua un complexe immobilier qui avait autrefois appartenu à Hughes Aircraft, géant de l’aérospatial et de la défense fondé trois quarts de siècle plus tôt par Howard Hughes. Le film fut produit là. Ce site formé de hangars imbriqués fut aussi une source d’inspiration pour l’acteur Robert Downey Jr., chargé d’incarner l’homme de fer et son créateur humain, Tony Stark. Downey fut saisi de nostalgie en contemplant l’un des plus grands hangars. Dans un passé pas si lointain, ce bâtiment décrépit avait abrité les grandes idées d’un grand homme qui ébranlait des industries entières en traçant sa propre voie.

Des rumeurs parvenues aux oreilles de Downey évoquaient un personnage à la Hughes nommé Elon Musk, qui avait construit son propre complexe industriel moderne à une quinzaine de kilomètres de là. Plutôt que de chercher à se représenter la vie du temps de Hughes, pourquoi ne pas jeter un coup d’œil à la réalité ? En mars 2007, Downey se rendit à El Segundo, où Musk en personne lui fit les honneurs du siège de SpaceX. « On ne m’épate pas facilement, mais cet endroit et ce type étaient étonnants », raconte Downey.

L’usine SpaceX lui apparut comme une énorme quincaillerie exotique. Des salariés enthousiastes la parcouraient, manœuvrant toutes sortes de machines. Ingénieurs en col blanc et ouvriers en col bleu discutaient ensemble le long de la chaîne d’assemblage et tous semblaient éprouver un vrai enthousiasme pour ce qu’ils faisaient. « On aurait dit une start-up extrémiste », plaisante Downey, qui revint satisfait de cette première visite : ainsi, les engins produits par l’usine Hughes avaient leurs parallèles chez SpaceX. « Les choses ne paraissaient pas déplacées », dit-il.

Downey ne s’intéressait pas seulement au cadre : il voulait aussi sonder le psychisme de Musk. Ensemble, ils se promenèrent, s’assirent dans un bureau, déjeunèrent. Downey apprécia de voir que Musk n’était pas un informaticien obsédé et malodorant. Il découvrit en revanche les « excentricités accessibles» d’un homme qui ne la ramenait pas et pouvait travailler côte à côte avec le personnel de l’usine. Musk et Stark, se dit Downey, étaient tous deux le genre d’homme qui «s’étaient emparés d’une idée devenue leur raison de vivre, à laquelle ils se consacraient», et ils n’avaient pas l’intention de gaspiller un seul instant.

De retour au bureau de production d’Iron Man, Downey demanda à Favreau de placer un Roadster Tesla dans l’atelier de Tony Stark. En surface, cela symboliserait le fait que Stark était sympathique et bien introduit au point d’obtenir un Roadster avant même qu’il ne soit en vente. Plus profondément, l’automobile placée tout à côté du bureau de Stark nouerait une sorte de lien entre l’acteur, le personnage et Musk. «Après avoir rencontré Elon, quand il est devenu réel pour moi, j’ai eu comme le sentiment qu’il était présent dans l’atelier», raconte Downey. « Ils sont devenus des contemporains. Elon était probablement une personne que Tony fréquentait, avec qui il faisait la fête, ou plus probablement quelqu’un en compagnie de qui il parcourait la jungle pour aller boire des potions magiques avec les shamans.»

Après la sortie d’Iron Man, Favreau commença à évoquer le rôle de Musk comme inspirateur du personnage de Tony Stark tel que Downey l’avait interprété. C’était exagéré à plus d’un titre. Musk n’est pas exactement le genre de type qui écluse du scotch au fond d’un Humvee dans un convoi militaire en Afghanistan. Mais la presse sauta sur la comparaison et Musk commença à devenir davantage un personnage public. Ceux qui le connaissaient comme « le type de PayPal » commencèrent à voir en lui l’homme d’affaires riche et excentrique à qui l’on devait SpaceX et Tesla.

Musk y prit plaisir. Cette réputation grandissante le distrayait et alimentait son ego. Justine et lui achetèrent une maison à Bel Air. Leurs voisins étaient d’un côté le producteur de musique Quincy Jones, de l’autre Joe Francis, sulfureux créateur des vidéos Girls Gone Wild*. Musk et quelques anciens dirigeants de PayPal, une fois leurs diffé- rends réglés, produisirent la comédie satirique Thank You for Smoking, dans laquelle on voit le jet de Musk. Sans être un fêtard invétéré, ce dernier prit part aux soirées et à la vie sociale de Hollywood. « Les fêtes ne manquaient pas», constate Bill Lee, l’un de ses amis proches. « Elon avait pour voisins deux quasi-célébrités. Nos amis faisaient des films et à cause de la confluence entre nos réseaux, il y avait tous les soirs une occasion de sortie.» Musk calcula un jour lors d’une interview qu’il était devenu 10 % play-boy et 90 % ingénieur10. « Nous avions cinq employés de maison, de sorte que notre maison se transformait en lieu de travail pendant la journée », écrivit Justine dans un article de magazine. « Nous allions à des soirées charitables en smoking et robe du soir, et nous avions les meilleures tables dans les boîtes de nuit les plus chics de Hollywood, Paris Hilton et Leonardo DiCaprio faisaient la fête à côté de nous. Quand Larry Page, cofondateur de Google, s’est marié sur l’île privée de Richard Branson dans les Caraïbes, 

Extrait de "Elon Musk" d'Ashlee Vance, aux Editions Eyrolles

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