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Génies : nouvelles stars 
des séries TV
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Après Léonard...

Alors que Dexter reprend du service sur Canal +, d’autres séries télé anglo-saxonnes, telles que Sherlock (saison 2 en tournage) ou The Big Bang Theory (actuellement diffusée sur TPS Star), adaptent la figure du génie à notre époque. Mais qu'ont-ils donc de plus que nous ?

Philippe Franceschi

Philippe Franceschi

Philippe Franceschi est l’un des trois fondateurs de La Tête qui Manque, communauté de recherche et recherche de communauté, située à mi-chemin entre Southpark et la revue Documents.

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Les génies sont détestables. Dans une société de masse, l’homme supérieur est pénible car il offre un degré d’expérience de la vie à côté duquel le nôtre est médiocre, banal, insuffisant. Embarqué dans le jeu infini des forces pulsionnelles, le génie nous laisse à quai, complètement désemparés : il trouve au-delà de l’intelligence des motivations qui nous dépassent. Sherlock et la science de la déduction. Sheldon, de la série The Big Bang Theory et les secrets de la physique.

Dans le premier épisode de Sherlock, celui-ci devine le curriculum de Watson rien qu’en observant son I-Phone. Watson : c’est époustouflant. Sherlock : ça n’est pas ce qu’on me dit d’habitude. Watson : et qu’est-ce qu’on vous dit ? Sherlock : d’aller me faire foutre. La phrase de Swift est immortelle : « Quand un génie véritable apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui. »

Ennui et immoralité

Et le génie le leur rend bien. Ou bien il en souffre doublement. La médiocrité alarmante de son entourage lui inspire un ennui sans borne. A tout ce qui vole la solitude sans offrir de compagnie, le génie substitue une solitude peuplée d’inspirations surhumaines.

Sheldon est chercheur en sciences physiques et, à la limite de l’autisme, il est déterminé à voyager dans le temps puis à transférer sa conscience dans un robot immortel. Ennui, solitude, désordre organique et tension émotionnelle qui expliquent pourquoi Sherlock sautille parmi les décombres quand Londres est la cible d’attaques à la bombe. Tandis que les flics arborent une mine syphilitique digne des Experts, Sherlock, lui, ignore le protocole et crie qu’il pète le feu : l’ennui est vaincu, son double Moriarty vient d’entrer en scène.

Quand les génies ont besoin d’acolytes pour exister

Mais le caractère asocial du génie (ou antisocial ?) n’est pas absolu. Un allié vient rompre l’isolement et une certaine forme de manque. Sans Watson et Leonard, Sherlock et Sheldon demeureraient invisibles. Comme le dit Nietzsche, le génie attend les « 500 mains nécessaires pour maîtriser le kairos, le moment propice ».

S’en suit un double mouvement paradoxal, une relation d’attirance et de répulsion où, d’une part, l’allié, qu’il se nomme Watson ou Leonard, tente de faciliter l’intégration du génie à la société et, où d’autre part, le génie, qu’il se nomme Sherlock ou Sheldon, s’efforce de garder sa ligne et de ne pas se compromettre. D’où une tension insoluble, fertile en rebondissements, qui est à l’origine du succès de The Big Bang Theory et de Sherlock. Car tout le monde est fasciné par le génie. Tout le monde voudrait en être un ou bien l’approcher le plus possible. Génie, dieu des modernes, à la limite du surnaturel et de la magie.

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