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Les robots de la saga Star Wars.
Les robots de la saga Star Wars.
©Reuters

R2-D2

DeNA, un géant japonais des jeux vidéo en ligne, vient de fonder avec la société ZMP, un spécialiste de la robotique, une joint-venture visant à développer les premiers taxis sans chauffeurs ainsi que des bus de ville entièrement autonomes.

Michel Volle

Michel Volle

Michel Volle est économiste français.

Diplômé de l'École Polytechnique et de l'École Nationale de la Statistique et de l'Administration Économique, il est l'auteur d'un blog dédié à l'actualité économique.

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Atlantico : A quand peut-on espérer les premiers véhicules autonomes ? 

Michel Volle : Ils existent déjà... Mais il y a des progrès à faire, notamment pour la conduite en ville : si les essais sur route son concluant, il n'en est pas de même en ville. Il reste de nombreux problèmes juridiques à traiter : qui est responsable en cas d'accident (le "chauffeur", qui ne conduit pas, ou le constructeur ?), quelles règles pour les assurances, pour la police, quels équipements mettre sur les routes (on peut en effet les outiller pour que la conduite automatique soit plus efficace, tout comme l'on utilise des balises dans le transport aérien), etc. Les essais de véhicules automatiques sont impressionnants, on peut espérer que le coût des équipements nécessaires diminuera comme il le fait de façon gèlerale en informatique, mais il ne faut pas croire que tout soit résolu, ni que l'automatisation totale soit proche. Il n'est d'ailleurs pas certain qu'elle soit souhaitable...

Dans une projection plutôt audacieuse, IHS Automotive estime que 11,8 millions de véhicules autonomes pourraient être vendus en 2035, ce qui représenterait alors 10% du marché automobile mondial. Est-ce bien crédible ? 

2035,c'est tellement loin que l'on peut dire n'importe quoi sans risquer un démenti immédiat. Ce genre de prévision relève de la communication pure et ne présente donc aucun intérêt pour un économiste.  On peut dire, au contraire, que si l'automatisation marche aussi bien que certains le prétendent la proportion sera bien supérieure à 10 % : pour pouvoir en profiter pleinement, il faut en effet que tout le parc automobile soit automatisé, et pas seulement une partie.

Quels sont les enjeux de sécurité soulevés par ces véhicules ? 

Les mêmes que pour toutes les voitures : les accidents sont dangereux, il faut les éviter ! La question délicate est plutôt celle de la responsabilité évoquée ci-dessus. La solution la plus raisonnable est sans doute celle de la conduite on pas automatique, mais assistée,l'automobile apportant une aide au conducteur- qui reste donc responsable en cas d'accident. Mais il faudra définir cette aide, et faire en sorte qu'elle ne pousse pas le conducteur à s'endormir... Le scénario du partage des rôles humain-automate ne me semble pas avoir été suffisamment étudié, car on se focalise sur l'automatisation intégrale. On rencontre ici un problème qui se pose dans tous les domaines, notamment dans les entreprises, et aussi en médecine ou pour l'enseignement : faut-il automatiser à fond ? Ou plutôt, répartir le travail entre l'automate et l'être humain ? L'expérience montre que la deuxième option est la plus efficace, mais alors il faut définir de façon précise la collaboration entre ces deux "acteurs".

Les chiffres de la sécurité routière viennent d'être dévoilés, est-ce que ce genre de véhicules pourraient aider à diminuer le nombre de morts sur les routes ? 

C'est bien le but ! On peut à tout le moins automatiser le respect des vitesses limites et la distance entre les véhicules, ce qui rendrait le trafic plus fluide et plus régulier. On peut aussi anticiper le risque d'accident à un carrefour, etc. L'automatisation va complètement transformer notre rapport à l'automobile, et fortement réduire les risques. Mais il faudra dire adieu à la conduite "sportive", qui ne se pratiquera plus que sur des circuits ad hoc, comme c'est déjà le cas aujourd'hui pour la grande vitesse.

Quels seraient les avantages et les limites de véhicules autonomes pour les transports dans les villes ?  

L'autonomie totale me semble un mythe,je n'y crois pour les taxis,ni pour les autobus, sauf di l'on équipe entièrement les villes de balises et de couloirs qui fonctionneront comme des rails - et il faudra encore une télésurveillance, de sorte que le véhicule sera plus proche d'un drone que d'un automate total. Cette solution n'est pas impossible, mais elle serait coûteuse. La conduite assistée peut par contre beaucoup apporter, mais elle suppose qu'un conducteur soit présent - et responsable.

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