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Un technicien connecte des câbles à fibres optiques dans une boîte de jonction d'un immeuble, le 22 juillet 2010 à Paris.
Un technicien connecte des câbles à fibres optiques dans une boîte de jonction d'un immeuble, le 22 juillet 2010 à Paris.
©BERTRAND LANGLOIS / AFP

La Minute Tech

Les intempéries et les conditions météorologiques peuvent impacter et perturber les réseaux de télécommunications et Internet.

Jean-Luc Vuillemin

Jean-Luc Vuillemin

Jean-Luc Vuillemin est Directeur des Services et Réseaux Internationaux chez Orange.

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Atlantico :  Pourriez-vous nous expliquer comment des intempéries liées à la météo peuvent causer des dommages sur un réseau de télécommunications internet ?

Jean-Luc Vuillemin : Il faut savoir qu'internet, c'est une succession de maillons, il y a les transmissions nationales, les transmissions internationales qui incluent les câbles sous-marins ou les satellites, et puis il y a la boucle locale vers l'utilisateur final, qui peut se faire aujourd'hui en réseau, en radio, en cuivre ou en fibre optique. La météo impacte plus ou moins les réseaux, en fonction de leur nature et des techniques mises en œuvre. Sur le raccordement terminal de l'utilisateur, d'une manière générale, il y a une technologie qui est totalement insensible à la météo, c'est la fibre optique. Qu'il pleuve ou qu'il vente, ça n'affectera pas cette dernière. La seule chose qui peut avoir un impact sur la fibre optique, c'est lorsqu'on a une action mécanique, une rupture par exemple. Ça peut arriver dans le cas des câbles sous-marins, lorsqu'il y a des éboulements sous-marins. Mais aussi sur les réseaux longue distance, une route qui se coupe, un coup de pelleteuse, etc.

Hormis ce type d’incidents, la météo alentour n'a pas d’impact sur la transmission optique.

Mais dans le cas d'une liaison radio et lorsqu'on parle de la propagation d'ondes radios, ces dernières sont fondamentalement sujettes au taux d'humidité qu'il y a dans l'air, et même des saisons. Au Printemps, lorsque les arbres poussent, cette masse végétale va créer une absorption d'onde et qui va limiter la propagation de ces dernières.

Dans les réseaux mobiles, nous savons bien que l'été, nous avons une moins bonne qualité de transmission qu'au printemps, et lorsqu'il pleut, la couverture mobile est moins bonne que lorsqu'il ne pleut pas.  Pour le cuivre, c'est un peu la même chose, le cuivre, c'est un média qui déteste l'humidité. Dès lors que de l'eau peut s'infiltrer dans les câbles ou les tremper, nous constatons des perturbations très importantes qui se produisent sur la qualité de la transmission.

Il faut savoir que cette problématique autour du cuivre, de la fibre, et des ondes radio, nous la trouvons surtout dans la partie raccordement terminal de l'utilisateur. Après, dans les grands réseaux nationaux et internationaux, le cuivre n'est presque plus utilisé. Autrefois, on avait des câbles sous-marins qui utilisaient des technologies dites coaxiales qui étaient en cuivre, aujourd'hui, il n'y en a plus. Et dans les réseaux nationaux, une grande partie est faite avec la fibre optique, bien que l'on puisse trouver par endroits  des faisceaux hertziens (de la radio). Ici, on tombe dans la même problématique qu'évoquée précédemment sur les propagations et les absorptions des ondes. La plus grande partie du réseau est fibré et n'a aucune interaction avec la météo.

Nous pouvons aussi avoir des phénomènes indirects ;Par exemple,la problématique du canyon du fleuve Congo. Ce dernier se jette dans l'océan Atlantique, et c'est l'un des fleuves les plus puissants au monde en termes de débitIl creuse un canyon sous-marin qui s'étend jusqu’à 300 km au large des côtes, avec une profondeur qui atteint parfois les 1 km. Tous les câbles sous-marins qui remontent le long de la côte de l'Afrique en direction nord-sud, à un moment, croisent le canyon du fleuve Congo. De temps en temps, en fonction de la météo et de la pluie, des sédiments emportés par le fleuve vont créer des turbidités. Celles-ci provoquent  des effondrements du canyon sous-marin, avec des vitesses qui peuvent parfois atteindre plusieurs mètres par seconde, et qui peuvent durer plusieurs semaines. Lorsqu'il y a des éboulements dûs à ces sédiments, généralement, tous les câbles internet sur la route sont arrachés, c'est un phénomène assez indirect.

Comment joue le facteur humain dans la cause de ces dysfonctionnements ?

Je vais prendre un exemple concret ; cette semaine, nous constatons une baisse du trafic internet de l'ordre de 15 %. Notre analyse de la situation se porte sur le déconfinement plus la météo. En effet, les utilisateurs sont dehors, vont aux dans les restaurants et ne sont plus devant leur ordinateur. Nous avons un facteur de baisse du trafic sur le réseau qui est considérable. J'aurais tendance à dit qu'aujourd'hui, dans l'état actuel de la technologie et avec la généralisation de la fibre optique, le facteur essentiel de modification du comportement de l'internet repose surtout sur le facteur humain plutôt que la météo.

Quelles sont les problématiques liées à la météo ? Avons-nous les moyens de limiter cette incidence ?

S'agissant des anciennes technologies, nous avons effectivement des technologies d'étanchéité, d'isolement, mais cette problématique est en train de disparaître d'elle-même, notamment sur le cuivre, car ce dernier sera remplacé à terme par de la fibre optique. Pour la radio, cela restera une constante liée à la physique. Lorsqu’il y aura des orages, nous aurons toujours une moins bonne couverture radio que lorsqu'il fait beau temps.

Maintenant, on utilise dans les réseaux mobiles des codages qui sont de plus en plus robustes et évolués, et qui visent à minimiser l'impact de ces changements de temps sur l'utilisateur, mais ces risques liés à la météo existeront toujours.

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