Verre ou plastique : quel est vraiment le meilleur pour l'environnement ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une photographie prise le 27 avril 2023 montre la production de bouteilles en verre, en partie à partir de verre recyclé, dans l'usine de production de la Verrerie d'Albi à Saint-Juery.
Une photographie prise le 27 avril 2023 montre la production de bouteilles en verre, en partie à partir de verre recyclé, dans l'usine de production de la Verrerie d'Albi à Saint-Juery.
©Charly TRIBALLEAU / AFP

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Le verre est devenu très populaire contrairement au plastique qui soulève de plus en plus de questions environnementales. Une bouteille en verre est-elle réellement le meilleur choix environnemental comparée à une bouteille en plastique ?

Angélique Léonard

Angélique Léonard

Angélique Léonard est chercheuse et professeure ordinaire de la faculté de sciences appliquées de l'université de Liège.

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Atlantico : Le verre est souvent présenté comme une alternative plus écologiquement durable au plastique, est-ce vraiment le cas ?

Angélique Léonard : Il n’existe pas de réponse unique, faire le bon choix d’un point de vue écologique va dépendre de l’usage, du nombre d’utilisations, de la filière de recyclage, de la logistique associée au lavage dans le cas de verre consigné… De même, le terme plastique est générique, en fonction des usages, on peut trouver du polyéthylène, du polypropylène, du polyéthylènetéréphtalate (PET), de l’acide polylactique… avec des profils environnementaux très différents en fonction du taux de matières recyclées présentes, de l’origine de la production, des matières premières… Toutefois, on peut par exemple affirmer que du verre à usage unique (et donc envoyé au recyclage après une utilisation) sera moins bon qu’un équivalent en plastique. Par contre, des verres que vous utilisez chez vous pendant des années et que vous lavez à domicile seront plus écologiques que des gobelets en plastiques à usage unique. Entre les deux, il existe beaucoup de situations contrastées.

Compte tenu de l'ensemble du cycle de vie du verre et du plastique et de leur production, lequel reste aujourd’hui l’alternative plus durable ?

Comme introduit précédemment, il n’y a pas de réponse unique. D’un point de vue cycle de vie, le verre nécessite à la fois beaucoup d’énergie pour sa production, vu qu’il faut faire fondre des matières minérales (essentiellement de la silice) à environ 1500°C… et lors du recyclage, il faut à nouveau refondre les matières à ces niveaux de température, ce qui engendre des émissions de CO2 importantes. Pour 1 kg de verre ‘blanc’, les émissions de CO2 équivalent sont de l’ordre de 1 kg également pour la phase de production. Au niveau des matières plastiques, le PET est majoritairement utilisé pour les bouteilles contenant des boissons gazeuses. Sa production va émettre, pour 1 kg, environ 2,8 kg de CO2 équivalent. Cependant, une bouteille en plastique va être nettement plus légère qu’une bouteille en verre. Pour une bouteille de 1 litre classique, on compte environ 600 g de verre contre moins de 30 g pour un bouteilles en PET. Par ailleurs, le recyclage du PET est nettement moins énergivore que le recyclage du verre, car il se fait par des voies mécaniques, de type broyage. En conséquence, l’incorporation de PET recyclé dans les emballages pour bouteilles (on parle de 30 à bientôt 50%) est encore au bénéfice de cette filière. En conclusion, l’utilisation de verre à usage unique est à éviter. Le recours à une consigne et à des réutilisations successives va permettre de réduire l’impact environnemental du verre, mais il faut également prendre en compte la logistique de retour vers l’embouteilleur et ensuite vers le lieu de vente, ainsi que les phases de nettoyage. L’un dans l’autre, les études sont en faveur des bouteilles en PET. De même et c’est une tendance plus récente, les producteurs de bière s’intéressent de plus en plus aux contenants en aluminium, qui sont plus avantageux d’un point environnemental que les traditionnelles bouteilles en verre… de nouveau les arguments de la masse et de la facilité du recyclage entrent en ligne de compte.

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N’y aurait-il pas des moyens de recyclages plus simples et plus écologiques autre que le recyclage multiflux pour réutiliser le verre ? 

Il existe aujourd’hui des coopératives qui tentent de mettre en place des filières d’emballage en verre, avec des distances de transport limitées et une mutualisation du lavage, typiquement pour des fermes vendant en direct leur production de yahourts. Ce type de filière est assez récent et mériterait une étude permettant d’objectiver son intérêt par rapport à des contenants à usage unique.

Pour de nombreuses industries le verre et le plastique sont des matériaux qui sont privilégiés, y aurait-il d'autres alternatives à envisager ?

Comme dit précédemment, il n’existe pas une seule matière plastique. Certains matériaux peuvent être produits à partir de biomasse, comme le polyéthylène obtenu à partir de la déshydratation de bioéthanol (comme le fait Braskem au Brésil), ou l’acide polylactrique (comme produit par Futerro en Belgique). En fonction des matières premières utilisées, de l’endroit de production, le bilan environnemental peut être meilleur que les équivalents fossiles, quand ils existent [1].

En fonction des applications, le verre ou une matière plastique resteront les premiers choix mais la porte est ouverte pour la recherche de nouvelles alternatives…à condition d’appliquer aussi un peu de bon sens. La tendance actuelle du "halte au plastique à usage unique" a vu la mise sur le marché de produits alternatifs parfois bien plus compliqués à recycler, comme des contenants en carton pelliculé, ou des pailles en carton dont l’intérieur est parfois revêtu d’une couche lui permettant de conserver sa structure ou de faciliter la circulation du liquide…

[1] Belboom, S., & Léonard, A. (February 2016). Does biobased polymer achieve better environmental impacts than fossil polymer? Comparison of fossil HDPE and biobased HDPE produced from sugar beet and wheat. Biomass and Bioenergy, 85, 159-167. doi:10.1016/j.biombioe.2015.12.014

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