Une nouvelle étude montre qu’une reforestation massive pourrait ralentir le dérèglement climatique (à condition de ne pas se tromper d’arbre)<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Environnement
Une nouvelle étude montre qu’une reforestation massive pourrait ralentir le dérèglement climatique (à condition de ne pas se tromper d’arbre)
©DAVID MCNEW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Atlantico Green

Les effets de la reforestation en France et dans le monde se font sentir, notamment ceux liés au rôle des forêts dans la capture de CO2. Les résultats sont déjà tangibles.

Thierry  Gauquelin

Thierry Gauquelin

Thierry Gauquelin est professeur à Aix Marseille Université et chercheur à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale (IMBE)

Voir la bio »

Atlantico : Dans quelle mesure la reforestation est-elle un bon moyen de diminuer la présence de CO2 atmosphérique ? A terme, la reforestation peut-elle ralentir le réchauffement climatique ? 

Pr Thierry Gauquelin : Les arbres par leur photosynthèse fixent des quantités considérables de CO2 atmosphérique et constituent ainsi un puits de carbone qui s’accumule dans leur biomasse, principalement dans leur bois, c’est à dire dans leur tronc ou branches. Ceci est d’autant plus vrai qu’il s’agit d’arbres jeunes en pleine croissance. Reforester se traduit donc directement par un prélèvement de CO2 à l’atmosphère, le même CO2 que nous relarguons par nos activités humaines. Il ne faut pas non plus négliger le fait qu’une part plus ou moins importante de ce carbone présent dans la matière organique des arbres se retrouvera plus tard, par décomposition de la litière et à la mort de l’arbre,  dans le sol… et ce carbone dans le sol est d’autant plus intéressant qu’il est beaucoup plus stable pouvant persister, être stocké donc,  plusieurs centaines d’années. Car si, 30 ou 40 ans après la plantation, on coupe les arbres, on les brûle ou on les transforme en pâte à papier, lui-même rapidement brûlé, tout ce carbone sera à nouveau relargué dans l’atmosphère et le bénéfice, intéressant certes, n’aura été que temporaire !… à moins que l’on utilise ce bois pour la construction…mais les initiatives sont encore trop rares.

Le stockage du carbone ce n’est donc pas uniquement le fait de l’arbre mais c’est aussi celui, par ricochet du sol, et il faut insister sur le rôle que ce dernier peut jouer dans la capture du carbone.

Dans tous les cas, ces reforestations, naturelles ou artificielles d’ailleurs, qui apparaissent effectivement comme une voie tout à fait intéressante, ont et auront pour effet un ralentissement du réchauffement mais évidemment, vu l’inertie du système, un arrêt de celui-ci.

En France et dans le monde, quelles sont les initiatives déjà en cours et quels sont les résultats déjà tangibles de ces "progrès" ? 

Le Giec et les publications scientifiques les plus récentes nous expliquent que, dans la situation actuelle, et malgré les déforestations massives, les forêts constituent encore (pour combien de temps, car le changement climatique est là ?) de considérables puits de carbone, à la fois du fait de l’augmentation des superficies forestières (naturelle ou liées à des plantations massives) et à la fois du fait de l’effet fertilisant de ce même CO2, responsable de l’effet de serre.

L’augmentation massive des surfaces plantées en arbre ne pourra donc que renforcer cette capture de carbone.

En France, à l’heure actuelle, nul besoin de faire appel à des reboisements artificiels ; la superficie forestière, qui avoisine les 30% de notre territoire métropolitain, est en constante augmentation, plus, pour les 50 dernières années, du fait de la déprise agricole et pastorale, que de plantations massives… Et ce ne sont pas moins de 80000 à 100000 ha de forêt supplémentaire qui chaque année s’ajoutent aux 16 millions d’ha existants. On considère ainsi que cette augmentation des superficies alliée à une augmentation de la productivité des forêts déjà existante compense à hauteur de 10% nos émissions de CO2 hexagonales. Des projets de plantation sont cependant aussi développés au niveau des villes, car il s’agit en plus de limiter les îlots de chaleur urbains dont on peut voir en ce moment l’importance en cette période de canicule.

Pour autant, il y a des méthodes plus efficaces pour obtenir des résultats. On ne peut pas planter n'importe quels arbres, à n'importe quels endroits. Comment faire pour avoir le plus d'impact sur la planète ? 

Il faut surtout bien sûr choisir les bonnes essences à planter, en se projetant dans un avenir avec de 2 à 4° de plus de température moyenne… mais il faut surtout ne pas planter n‘importe comment, comme si il s’agissait d’un champ de maïs. L’efficacité de ce piégeage de carbone sera d’autant plus important que l’on essayera de s’approcher avec cette plantation d’un écosystème forestier naturel, en s’inspirant de la nature qui a l’expérience de millions d’années. Comment ? : en privilégiant des peuplements mélangés avec plusieurs essences ; en adoptant ensuite une sylviculture douce et raisonnée ; en préservant au maximum le sol et sa biodiversité, etc… Sinon, le remède sera pire que le mal !

Reste enfin la question sociétale ! les populations sont-elles prêtes à voir leurs paysages évoluer ; sont-elles prêtes à ce que la forêt se développe encore plus. Comment enfin concilier agriculture, élevage et forêt… à moins de privilégier l’agroforesterie !!

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !