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UMP/FN à l'heure de l'alliance, le couple DSK/Sinclair à celle de verité, les riches à celle du départ ?
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Revue de presse des hebdos

A quelques jours du premier tour des législatives, vos journaux se perdent en conjectures sur l’ampleur de la future majorité de gauche. Ils brossent le portrait de nouveaux ministres, Manuel Valls dans le Point, Najat Vallaud-Belkacem dans le Nouvel Observateur, mais surtout re-voilà le feuilleton politico-graveleux qui cartonne depuis le 14 mai 2011.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Vous allez forcément entendre à nouveau parler de ce que le Point qualifie d’ « incroyable saga » puisque nos consœurs du Monde, Raphaelle Bacqué et Ariane Chemin ont écrit « les Strauss-Kahn ». Le couple DSK-Anne Sinclair, souriant, fait la une du Point qui s’est assuré les bonnes feuilles de l’ouvrage qui sort demain chez Albin Michel… Où l’on en apprend un peu plus sur « l’irrépressible besoin de conquête » de l’ancien patron du FMI, mais surtout qu’ au moment où DSK a été nommé à Washington en 2008, « Nicolas Sarkozy en savait beaucoup sur la face noire de son éventuel rival. Il en savait tant qu’il se disait persuadé que Dominique ne pourrait pas se présenter. »

Bon camarade, l’ancien président, avec qui il dinait souvent, l’aurait mis en garde : « Je te préviens : fais attention avec les femmes. Tu connais les Américains, ils ne plaisantent pas. N’oublie pas ce que je t’ai dit, hein, Dominique. N’oublie pas». Les auteures, elles, n’ont rien oublié : ni le club échangiste les Chandelles, ni le Bois de Boulogne, ni le riad de Marrakech, où Martine Aubry est restée « en arrêt dans une salle de bains vaste comme une chambre où, près d’une rivière de flacons de parfum, ont été disposés des pot-pourris de pétales de roses. C’est simple : on se croirait dans un de ces palaces où elle s’applique à ne jamais se rendre… Son mari est choqué « par ce luxe ostentatoire. Il le juge indécent ». On en apprend aussi sur les relations DSK-Guérini (le frère !)... Dix pages en tout, dont deux consacrées à une interview de l’avocat de DSK, Richard Malka qui dénonce « sans le Sofitel, il n’y aurait pas eu d’affaire Banon, ainsi que la plaignante l’a clairement reconnu. Et sans ces deux affaires, le dossier Carlton aurait été traité et interprété très différemment ». Oui, mais il y a eu le Sofitel…

Pourquoi ne s’allie-t-on pas avec Marine Le Pen

La Droite va-t-elle faire alliance avec le Front National ? Marianne dont les journalistes sont allés enquêter dans les Bastions Lepénistes, s’en prend à « la Droite lâche ». Mais derrière ce titre il y a un constat : « La droite en campagne législative ne reconnaît plus ses électeurs. Les modérés de l’UMP – il en reste, mais peu – comme les plus droitiers – ils se sont multipliés – sont les uns comme les autres, débordés, submergés, par des sympathisants qui les trouvent trop mous, trop flous, pas assez loups… "La campagne ultradroite de Nicolas Sarkozy, dans la suite de sa gouvernance d’exclusion, a fait exploser toutes les digues", accuse le journal qui constate que les électeurs interpellent leurs élus : « Mais pourquoi ne s’allie-t-on pas avec Marine Le Pen...? La gauche s’allie bien avec l’extrême gauche ! » Inéluctable ? En tous cas, appuie le journal, (bonnes feuilles du livre de Jean François Kahn « la Catastrophe du 6 mai 2012, » à l’appui), « la bataille des idées, la droite l’a perdue depuis si longtemps que, lorsque les élus de l’UMP décident de s’adresser aux électeurs exaspérés, ils emploient des mots que l’extrême droite elle-même n’ose pas utiliser...»

Abolir tous les privilèges

Que se passera-t-il après les législatives ? Une seule certitude : l’ère du bling-bling est bel et bien révolue. Et en attendant le verdict final des urnes, Le Nouvel Observateur en profite pour lancer « A bas les privilèges ! » aux futurs députés, mais pas qu’à eux, car « le nouveau pouvoir hérite d’un pays régenté par les inégalités… Or François Hollande n’a-t-il pas placé toute son odyssée élyséenne sous le totem de l’égalité, répétant qu’il n’agirait pas dans les cinq ans à venir sans se poser la question de savoir si sa décision est juste ?

Législatives obligent, cet impératif de justice se traduit d’abord par des décisions populaires. L’ancien PDG d’Air France-KLM Pierre-Henri Gourgeon vient d’en faire les frais, lui qui a vu contester sa prime de 400 000 euros, un sucre d’orge peu justifiable au regard de la situation de l’entreprise. En ces temps de jacquerie anti-riches, qui s’indignera de voir un si mauvais exemple au bout d’une pique ? » Car, ajoute l’hebdo, « ensuite, au nom de la nécessité de mieux partager les efforts, viendra le temps des décisions douloureuses. Quid, par exemple du devenir de la multitude de régimes spéciaux de retraites et de statuts avantageux qui perdurent dans le secteur public, où les acquis sociaux d’hier passent aujourd’hui pour des privilèges au regard des sacrifices demandés à tous ? François Hollande osera-t-il s’y attaquer si l’état cataclysmique des finances publiques le nécessite...? S’il prétend résorber la crise civique qui fait le bonheur électoral du Front National, toujours prompt à renvoyer dos à dos droite et gauche sous l’infâme, et indémodable, étiquette du « tous pourris », le Chef de l’Etat devra aussi s’attaquer au maquis des avantages et privilèges indus accordés aux députés, sénateurs et autres élus locaux…

Enfin, François Hollande devra un jour prochain expliquer pourquoi « lui, président de la République normal, a décidé de garder pour son usage la résidence versaillaise de la Lanterne, un ancien pavillon de chasse construit sous Louis XVI devenu propriété de la République et qui fut dévolu au Premier ministre jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy l’annexe…» Première pique ! Et le journal de révéler le rapport « jamais rendu public » sur les dépenses de l’Assemblée, « dont le train de vie global est en constante et nette augmentation. A l’heure de la crise, les députés ne semblent pas décidés à se serrer la ceinture ». En détaillant « l’introuvable transparence de l’Assemblée », il évoque une drôle de perspective : si Ségolène Royal devient présidente de l’Assemblée, elle gagnera plus que son ex-compagnon (20 000 contre 13 500 euros net) ! Affaire à suivre ! Ceci étant, pour les élus locaux, ça ne va pas trop mal non plus ! Et comme on ne plaisante pas avec le sujet, un rappel historique de la nuit du 4 août vient compléter le tableau.

Riches et malheureux

Des privilégiés de la République aux privilégiés fortunés, il n’y a qu’un pas. L’heure étant à la modestie, l’Express n'a pas attendu le cœur de l'été pour nous parler des riches. Une couverture prometteuse avec une vue de Mougins, « où François Hollande possède une résidence secondaire », et un titre qui l’est tout autant, « Les Riches sous Hollande », avec une question en filigrane : peut-on rester en France après la victoire de la Gauche si on est riche ? Pas moins de quatre journalistes ont enquêté sur « ces fortunés qui ont les nerfs à vif ». L’article décrit « un gros ras-le-bol, de la colère, une certaine appréhension : l'humeur des riches est à l'orage en ces temps d'alternance élyséenne. Ils s'agitent, menacent de partir à l'étranger, passent coup de fil sur coup de fil à leurs gestionnaires de fortune… Les uns préparent vraiment leur valise Hermès, les autres convoquent le notaire de la famille les jours fériés pour céder leurs vieilles pierres aux enfants, vite, avant que ne s'abatte le couperet fiscal sur les donations »…

Fini, les largesses fiscales de l’Etat… Nicolas Sarkozy lui-même avait déjà frappé, en défaisant une partie de son bouclier fiscal à la fin de son quinquennat »… « Les riches râlent ? Ce n'est pourtant pas leur premier retournement de conjoncture. Sans remonter jusqu'à la Révolution française et à sa chasse aux aristos nantis, ils ont déjà vécu d'autres moments difficiles, comme sous les Trente Glorieuses, période de forte hausse des prélèvements obligatoires. Mais voilà : le contexte était très différent. On pouvait rapidement devenir plus riche que ses parents… Aujourd'hui la crise étant ce qu'elle est – un goulet d'étranglement interminable, insupportable – les plus privilégiés de l'hexagone sont sommés, ici comme ailleurs, de participer à l'effort de redressement du pays…»

Mais, au fait, s'interroge l'hebdomadaire « à partir de quand est-on riche? 6 000 euros mensuels, répondent les Français » (sondage BVA pour Challenges en juillet 2011). François Hollande, lui, avait lâché un peu vite la somme de 4 000 euros net environ, voilà 5 ans, suscitant une volée de réactions. Selon l'INSEE 1% des Français sont considérés comme des très hauts revenus : ils déclarent 88 200 euros net des principaux impôts par an pour une personne seule, soit 7 350 Euros par mois.

Alors, partir ? « Environ 800 contribuables soumis à l'ISF se sont exilés l'an dernier, d'après les estimations de Bercy, plus du double des chiffres habituels ». Mais les choses ne sont « pas si simple » car « il y aurait près de 1000 noms sur la liste d'attente au lycée français de Bruxelles »... S'exprimant sous couvert d'anonymat dans l'hebdo des avocats fiscalistes en rajoutent : « Il y a trente ans les gens pliaient bagage avec l'idée de pouvoir travailler dans de meilleures conditions, là, ils sont plus dans la fuite » d’après l'avocate Eve O. Ou encore ceci : « Les Français ont peur de ce qui peut leur arriver avec Hollande, bien que le mouvement ait déjà commencé sous Nicolas Sarkozy », d'après un agent immobilier de Bruxelles. L’Express qui publie le guide des paradis fiscaux pour candidats à l’exil ! En tous cas sachez qu’il y a des riches au gouvernement où quatre ministres, dont celui du Budget sont assujettis à l’ISF.

Comme en 40

Que ce soit à Paris, ou à Bruxelles, l’euro est en baisse, et cela inquiète beaucoup les éditorialistes du Point :pour Nicolas Baverez la zone euro devient un risque équivalent à celui de la faillite de Lehmann Brothers en 2008, avec la conjonction, d’une part, de la désintégration économique, sociale et politique de la Grèce en dépit du bouclage du plus important plan d’aide de l’histoire (33 000 euros par Grec), et, d’autre part, de la faillite du système bancaire espagnol qui peut dégénérer en panique. L’éclatement de la zone euro, qui plongerait l’économie mondiale dans la dépression, doit être évité à tout prix… Il entrainerait une cascade de dévaluations, de défauts de banques et d’entreprises, de fuites de capitaux et d’activités qui rendraient indispensable la reconstruction des frontières économiques…» Et pour son collègue Antoine Delhommais, la situation en France, c’est la « drôle de guerre » comme en 1940 : « Au milieu d’une zone euro à feu et à sang, elle vit dans l’attente et la crainte d’une attaque des marchés financiers. » Dans cet océan de pessimisme, le journal s’intéresse tout de même aux entreprises qui embauchent toujours.

Et Challenges détaille « les Start up où investir ». Le panorama est vaste : de la distribution de confitures, dîners à domicile, fabrique et vente de slips, mais aussi « solutions de sécurisation et d’authentification des accès et des transactions pour les services en ligne…» ou « création d’applications ludiques et éducatives pour iPad et iPhone qui permettent, entre autres l’apprentissage de la lecture par les enfants ». L’an dernier Challenges avait déjà fait la promotion de cent jeunes pousses et aujourd’hui elles vont bien. Des soucis en moins pour Arnaud Montebourg dont « la méthode » est radiographiée dans le Nouvel Obs, et à qui Jean-Louis Beffa, un ancien grand patron a conseillé « ne promettez rien que vous ne pourriez tenir ! »

Arnaud Lagardère : y a comme un doute

Le patron de Lagardère Active, nouveau président d’EADS suscite bien des interrogations dans le monde économique et chez les petits actionnaires du groupe qui compte 26 000 salariés. Marianne pose la question : Arnaud Lagardère est-il à la hauteur ? Son amour pour la belle Jade Foret lui fait-il perdre la tête ? Le papier de Marianne, tout en interrogations, fait comprendre au lecteur qu’il y a plus qu’un doute. Dans Challenges, les choses sont plus claires. Airy Routier a trempé sa plume dans le vitriol pour décrire le nouveau président d’EADS comme un dilettante, provocateur, qui « cède à des engouements successifs », qui « prend plaisir à voir ses cadres se déchirer » et qui, plus est, croule sous les critiques en Allemagne « où il apparait comme une caricature du manque de sérieux français »…

« Tout le monde sait que, fuyant les mauvaises nouvelles et les décisions à prendre, Arnaud ne rappelle jamais personne au téléphone. On ne compte pas les rendez-vous annulés au dernier moment, comme celui avec Félix Rohatyn, banquier octogénaire, ancien ambassadeur des États-Unis en France, venu spécialement de New-York. Arnaud l’a planté là pour s’envoler assister à des matchs de Richard Gasquet, son protégé, au tournoi de tennis de Shanghai… Fin de règne ? Tout-Paris bruit de rumeurs sur l’incapacité d’Arnaud à rembourser ses quelque 300 millions d’euros de dettes, contractées à titre personnel, pour acquérir des actions de la société au prix de 60 euros, alors qu’elles trainent aujourd’hui autour de 20 euros ; et sur la montée en puissance, pas franchement amicale du Qatar à son capital à hauteur de 12, 8%, faisant de son fonds souverain le premier actionnaire du groupe...»

Dati-Fillon, encore !

La détestation de Rachida Dati à l’encontre de François Fillon est telle que la Maire du VIIe arrondissement a prodigué ses encouragements au candidat socialiste qui se présente dans l’ancienne circonscription de l’ex Premier ministre dans la Sarthe et qui n’est autre que le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll : « Elle m’a dit espérer voir le candidat UMP se prendre une tôle contre moi pour montrer à quel point Fillon est parti chercher le confort à Paris », raconte Le Foll, en off, bien sûr.

Valls et le vote des étrangers

Un portrait de trois pages de Manuel Valls dans le Point mais, c’est dans la rubrique « échos » du journal que l’on découvre que le nouveau Ministre de l’Intérieur est hostile au droit de vote des étrangers non européens, promis par François Hollande, « un thème qui a fait perdre 2 points entre les deux tours de la présidentielle à François Hollande, en donnant à des électeurs FN une raison de revoter pour Sarkozy ». Cela rappelle la TVA sociale qui a fait perdre 50 sièges à la droite en 2007 !

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