Records d'impopularité pour Hollande : quel futur prévisible pour le président si on le compare aux sondages de ses prédécesseurs ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Selon un sondage CSA, seuls 39% des Français font confiance à François Hollande.
Selon un sondage CSA, seuls 39% des Français font confiance à François Hollande.
©Reuters

« Politico Scanner »

Selon un sondage CSA, seuls 39% des Français font confiance au président de la République. Ils ne sont que 35% à exprimer cette confiance envers le Premier ministre.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
Voir la bio »

La confiance en l’exécutif se stabilise à un bas niveau

39% des Français font "confiance" au président de la République pour "affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent actuellement au pays", soit le même niveau que début novembre. Avec 35% des Français exprimant cette même confiance envers le Premier ministre (- 1), l’exécutif apparaît stable dans l’opinion. Dans le détail, on constate cependant, à côté de mouvements à la hausse, notamment parmi les plus jeunes, une érosion de la confiance parmi les sympathisants socialistes, et un recul assez net parmi les cadres et les professions libérales.

Cliquer sur le schéma pour agrandir

La cote de popularité de François Hollande est en baisse par rapport à son début de quinquennat, mais c'est une évolution semblable à celle qu'on a pu observer chez ses prédécesseurs. Passée l'élection, on observe une érosion de leur cote de popularité. Mais à la différence de Nicolas Sarkozy ou de Jacques Chirac, François Hollande est parti d'un niveau de confiance beaucoup plus bas. En juin 2007, Nicolas Sarkozy était à 59%, contre 51% pour François Hollande en juin 2012. Cet écart de points s'est maintenu au fil du temps au moins jusqu'à la période d'octobre / novembre.

Cliquer sur le tableau pour agrandir

Il est intéressant de noter que les clivages politiques qui avaient été très forts au cours de la campagne de 2007 s'étaient atténués après l'élection de Nicolas Sarkozy. Cela n'a pas été le cas après l'élection de François Hollande. Au début de son mandat, Nicolas Sarkozy pouvait se prévaloir du soutien de 3 à 4 sympathisants de gauche sur 10, alors que François Hollande s'est tout de suite retrouvé face à la très forte défiance des sympathisants de droite. 

Cliquer sur le graphique pour agrandir

François Hollande n'a pas atteint un niveau record d'impopularité - Jacques Chirac était descendu beaucoup plus bas à l'automne 1995 - mais il a atteint l'un des niveaux de popularité les plus bas pour un président de le Vème République l'année de son élection.

Il faut bien prendre en compte un contexte très particulier et très différent de celui qui avait accompagné Nicolas Sarkozy les premiers mois son mandat. En 2007, nous étions dans un contexte de croissance économique, de baisse du chômage etc. S'en était suivi une politique économique de redistribution, notamment grâce à la loi TEPA. La préparation du Grenelle de l'environnement avait aussi permis de séduire une partir de l'électorat de gauche. 

Cette année, le contexte économique et social est totalement différent : cela fait 4 ans que nous traversons une crise extrêmement forte, le chômage bat de nouveaux records chaque mois, tous les indicateurs économiques sont au rouge, il faut réduire les déficits... Face au mur de la crise des dettes souveraines, nous sommes passés d'une politique de redistribution à une politique de contribution de chacune et chacun à la résorption des déficits publics. Ce contexte ne peut que tirer vers le bas la cote de confiance du chef de l'Etat et celle de son Premier ministre. 

Certains ont évoqué le terme de "cressonisation" pour parler de la chute de Jean-Marc Ayrault dans les sondages. Je pense que c'est largement excessif. Si Nicolas Sarkozy bénéficiait d'une forte cote de popularité en juin 2007, ce n'était pas le cas pour François Fillon. En juin 2012, Jean-Marc Ayrault obtient 49% d'opinions favorables. C'est quasiment le même score que François Fillon en juin 2007 (50%). Un très faible écart qui se vérifie jusqu'à novembre mais il est devenu plus important en décembre.

Les difficultés et les contraintes auxquelles doit faire face Jean-Marc Ayrault sont celles qu'ont connues ses prédécesseurs. On a beaucoup parlé ces derniers temps des "couacs" de l'actuel gouvernement, mais il ne faut pas oublier les "couacs" du gouvernement Fillon. En septembre 2007 par exemple, le Premier ministre avait eu une formule malheureuse en disant que le France était un Etat "en faillite".

Manuel Valls, personnalité la plus populaire

Manuel Valls devient aujourd’hui, parmi les personnalités testées, celui qui a le niveau le plus élevé de bonnes opinions (57%, +4 points), en progressant aussi bien parmi les sympathisants de droite que chez ceux de gauche. D’autres ministres connaissent de fortes progressions, notamment Christiane Taubira (35%, + 6) et Laurent Fabius (43%, + 6). L’évolution est particulièrement remarquable parmi les sympathisants de gauche (respectivement + 9 et +12 points).

Il est à noter qu’Arnaud Montebourg, dont la cote d’opinion avait augmenté de 5 points le mois dernier, et s’établit aujourd’hui à 40% (+ 1), progresse nettement à gauche (61%, + 6 points). A ce stade de la polémique sur Florange, le Ministre du Redressement productif bénéficie donc plutôt, dans l’opinion, de ses prises de position. 

Il est à noter que rares sont les ministres à dépasser la barre des 40% d'opinions favorables. Pour certains ministres comme Pierre Moscovici, Christiane Taubira, Cécile Duflot ou encore Vincent Peillon, on s'aperçoit qu'ils pâtissent d'un déficit de notoriété et de visibilité : près d'une personne interrogée sur 5 déclare ne pas les connaître suffisamment pour dire s'ils en ont une image positive ou négative. 

La situation dans laquelle se trouve l'exécutif actuel est extrêmement délicate. Il y a non seulement une baisse, mais aussi une baisse qui s'inscrit dans un contexte économique et social bien particulier comme expliqué plus haut. Ces mauvaises opinions peuvent être traversées mais à plusieurs conditions. Premièrement, l'exécutif dans son ensemble - François Hollande et Jean-Marc Ayrault en particulier - doivent donner aux électeurs un certains nombre de gages sur leur mobilisation concernant les sujets qui préoccupent le plus les Français : la croissance économique et la création d'emplois. Pour espérer inverser la tendance, l'exécutif doit aussi améliorer sa gestion de la coalition gouvernementale. Je pense aux tensions entre Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg sur le dossier Florange, mais aussi entre le gouvernement et les parlementaires EELV. Enfin, le gouvernement sera jugé sur ses résultats. Jusqu'à présent les résultats et les chiffres qui tombaient pouvaient être entièrement imputés à la précédente équipe gouvernementale. On va désormais rentrer dans une période où il sera difficile d'avancer cet argument.


Méthodologie : Baromètre exclusif CSA / LES ECHOS réalisé par téléphone les 4 et 5 décembre 2012 auprès d'un échantillon national représentatif de 1001 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge et profession du chef de ménage) après stratification par région et catégorie d’agglomération. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !