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Quoi pour qui ? Petite appréciation catégorie par catégorie du gain politique qu’Emmanuel Macron peut espérer de ses annonces
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Parts de marché

Baisse des impôts, indexation des petites retraites sur l'inflation ou encore suppression de l'ENA, RTL a pu révéler une partie des annonces que pourrait faire le président pour sortir de la crise des Gilets jaunes.

David Nguyen

David Nguyen

David Nguyen est directeur conseil en communication au Département Opinion et Stratégies d'Entreprise de l'Ifop depuis 2017. Il a été conseiller en cabinet ministériel "discours et prospective" au ministère du Travail (2016-2017) et au ministère de l'Economie (2015-2016). David Nguyen a également occupé la fonction de consultant en communication chez Global Conseil (2012-2015). Il est diplômé de Sciences-Po Paris. 
 
Twitter : David Nguyen
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Atlantico : Si une nouvelle date de l'allocution présidentielle, initialement prévue pour le 15 avril, n'a pas encore été fixée - suite au report lié à l'incendie de la cathédrale - le contenu de certaines propositions d'Emmanuel Macron ont pu être révélées par RTL (baisse des impôts sur les classes moyennes, allongement de la durée du travail, indexation des petites retraites, ou encore la suppression de l'ENA). Comment évaluer le gain politique que pourrait obtenir Emmanuel Macron au regard de ces réformes ? 

Avant même d'envisager un gain politique, l'enjeu principal de ces annonces est d'éviter un nouvel embrasement social. Les Français, gilets jaunes ou non, sont dans l'attente d'une issue définitive à une crise qui paralyse le pays depuis 6 mois. A ce titre, toutes les mesures allant dans le sens d'une augmentation du pouvoir d'achat et de davantage de démocratie directe seront a priori bienvenues : baisse des impôts sur les classes moyennes, re-indexation des petites retraites sur l'inflation (mesure soutenue par 88% des Français selon un sondage Ifop-JDD), création de RIC locaux... Mais le diable sera dans les détails : l'opinion publique est méfiante et s'attend à des tours de passe-passe. Concernant notamment les baisses d'impôts sur les classes moyennes, il ne faudrait pas que l'exécutif donne l'impression de donner d'un côté et de reprendre de l'autre, notamment en demandant de travailler plus : il faut des gains nets et sans équivoque pour que les Français aient le sentiment d'avoir été entendus. Même chose pour la suppression de l'ENA : cette mesure seule ne suffira pas à mettre fin à la reproduction des élites et pourrait donc apparaître comme démagogique. C'est probablement parce qu'ils perçoivent cette dimension que les Français ne sont que 39% à soutenir cette suppression. 

Quel est l'électorat qui pourrait se révéler le plus sensible à de telles annonces ? 

Je pense que l'exécutif a au moins deux cibles : les Français qui se reconnaissent dans le mouvement des gilets jaunes et qu'il faut inciter à ne plus se mobiliser samedi après samedi ; et la base électorale d'Emmanuel Macron qui doit être suffisamment rassurée pour voter LREM aux élections européennes. Toute la difficulté pour le gouvernement sera donc de s'adresser simultanément à ces deux cibles en répondant aux attentes de la France du travail ouvrier et intermédiaire, tout en montrant à sa base qu'il ne change pas fondamentalement de cap. Dans ce sens, l'alliage de mesures de pouvoir d'achat très concrètes et de perspectives de réformes plus structurelles, notamment sur l'allongement du temps de travail, semble être pensé pour ménager la chèvre et le chou. Le risque d'un tel balancement c'est néanmoins de ne satisfaire personne. 

Ces propositions sont elles en mesure de répondre au défi politique adressé au président par le mouvement des Gilets jaunes ? 

Le mouvement des gilets jaunes s'enclenche avec la question fiscale, mais exprime plus largement un sentiment d'abandon, de mise à l'écart de la vie nationale de la part de Français qui avaient pourtant l'impression de "faire ce qu'il fallait" pour être dans la norme : travailler, fonder une famille, accéder à la propriété. En introduisant la taxe carbone, l'exécutif menaçait d'augmenter la pression fiscale sur les épaules de ces ménages, mais confirmait aussi à cette occasion que leur mode de vie périurbain, fondé notamment sur la voiture, était dépassé et appelé à disparaître. C'est la goutte d'eau, la vexation, qui a fait déborder le vase. Le mouvement des gilets jaunes c'est le souhait de pouvoir vivre de son travail, mais aussi plus fondamentalement d'avoir son mot à dire sur la conduite du pays. En proposant d'agir en même temps pour le pouvoir d'achat et pour plus de démocratie directe, Emmanuel Macron sera donc théoriquement en phase avec les attentes des gilets jaunes. Mais je crains qu'en pratique la coupure ne soit désormais trop profonde. Au delà de la politique menée par le président, c'est bien sa personne, ses petites phrases, son attitude jugée parfois arrogante qui est rejetée parmi les gilets jaunes. La forme devra donc accompagner le fond pour espérer une forme de réconciliation, qui ne sera de toute façon pas immédiate. 

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