Quand les plongeuses se font bronzer et quand le noir prend la lumière : c’est l’actualité des montres en mode Carême<!-- --> | Atlantico.fr
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Fils de soie et pièces de cuir pour une « mosaïque » équestre signée Hermès…
Fils de soie et pièces de cuir pour une « mosaïque » équestre signée Hermès…
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Atlantic Tac

Mais aussi l’argent noir d’un chronographe de tradition, le premier galop d’une mosaïque, un nouveau patriotisme horloger, une nostalgie cinquantenaire et un anneau magique qui peut tout changer…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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HERMÈS : Couleurs galopantes…

Les 82 diamants qui cerclent de lumière cette montre Arceau Mon premier galop d’Hermès décalent vers l’ultra-précieux un des plus étonnants cadrans de l’année : sur fond d’émail azuré, de simples fils de soie dont les replis tissent des reliefs d’autant plus figuratifs qu’ils sont semés de micro-pièces de cuir coloré, qui ressemblent aux tesselles d’un mosaïque antique. Aux confins de l’art naïf et d’une certaine magie chromatique, dans un supeerbe concert de marqueterie, de peinture miniature, de métiers d’art et de la belle joaillerie, voici le cheval piaffant, le papillon, la fleur et le soleil : cette Arceau a quelque chose d’inclassable et de singulier. C’est exactement ce qu’on doit attendre d’une marque comme Hermès, qui ne cesse de nous surprendre par l’infinie créativité de son expression des multiples beaux-arts du luxe à la française : qui d’autre qu’Hermès pourrait réussir à équilibrer ainsi imagination, audace et fragilité suggérée ? Cette Arceau de 38 mm ne sera réalisée qu’en 24 exemplaires, ce qui peut expliquer son prix très élevé, mais on peut se rabattre sur le châle de soie et de cachemire qui reprend le même motif sur un carré de 1,40 m et qui ne sera facturé « que » 1 250 euros…

BELL & ROSS : Vert et noir…

Une « plongeuse » pas comme les autres, cette BR 03-92 Diver Black & Green Bronze de Bell & Ross, avec ses attributs classiques de montre de plongée (étanchéité à 300 m, lunette tournante, luminescences fonctionnelles, etc.), qui se combinent avec le vert peu courant du cadran et le bronze encore moins courant dans les boîtiers de forme (42 x 42 mm). Un bronze (CuSn8) satiné qui est appelé à se patiner en fonction du mode de vie du porteur de la montre, de son lieu de résidence (ville, campagne, bord de mer, etc.) et même de son alimentation : un métal vivant, très « culturel », lié aux civilisations occidentales depuis près de cinq millénaires pour la fabrication d’armes et d’outils, mais qui est toujours présent dans l’accastillage classique des voiliers de tradition et désormais, de plus en plus fréquemment, à nos poignets. Cette BR 03-92 Diver automatique a ainsi quelque chose de plus que les « plongeuses » classiques : par l’affirmation de sa personnalité, elle se permet une présence, aussi expressive à la ville qu’en bord de mer. Si ce n’est pas la première montre de plongée proposée par Bell & Ross, ni même le premier boîtier en bronze des collections de cette maison horlogère française, c’est probablement sa plus belle réalisation dans un domaine technique dont les canons sont pourtant strictement codifiés…

EBERHARD & CO. : Noir et argent…

La série des chronographes Extra-Fort de la marque indépendante suisse Eberhard & Co. est née en 1940 : inlassablement reprise, revisitée, réinterprétée et retravaillée, elle revient cette année dans une version très élégante, d’une sobriété qui ne doit pas masquer l’attention portée aux moindres détails. Dans ce boîtier en acier de 39 mm, étanche à 50 m, vous trouverez un mouvement chronographe automatique à deux compteurs (minutes du chronographe à trois heures, seconde permanente à neuf heures), mais surtout un cadran très raffiné, dans le style « panda », avec une alternance de guillochages circulaires et verticaux qui savent capter les reflets de la lumière pour créer la personnalité de ce modèle qui semble nous arriver en direct de l’âge d’or des montres mécaniques (comptez dans les 3 800 euros pour en équiper votre poignet : comme quoi, le Swiss Made ne relève pas forcément de l’extorsion de fonds).

POIRAY : Bleu, blanc, rouge…

Amusante initiative de la maison familiale indépendante française Poiray, qui dédie sa montre Ma Première [qui était, en 1987, sa première incursion en territoire horloger] à cette ambiance patriotique qui semble marquer l’année 2024 un peu partout dans le monde. Accessoirement, 2024 étant aussi une année olympique en France, cette montre sera un excellent souvenir à rapporter de Paris pour les sportifs exotiques, de même qu’elle pourra servir à marquer le retour de Notre-Dame-de-Paris dans notre horizon socio-culturel. Qu’on se rassure : en mode bleu-blanc-rouge, la montre Ma Première tricolore n’a rien perdu de son élégance très française, les fameux godrons de son boîtier lui donnant même un ton martial que confirment les aiguilles bleues et, bien sûr, le bracelet bleu et rouge (ce sont aussi les couleurs de Paris) qui composent avec le cadran blanc de neige une sympathique symphonie franco-française [Poiray dispose d’une infinité de bracelets, tous facilement interchangeables, qui permettront d’aller très au-delà de cet emballement saisonnier]. Des couleurs iconiques pour une montre iconique : que demander de plus à cette Ma Première si française, sinon un de ces nouveaux mouvements mécaniques Made in France qui sont désormais disponibles – ce sera toujours mieux que le calibre électronique qui anime cette montre (comptez dans les 2 200 euros)…

BAUME & MERCIER : Plus noir que noir…

Pierre Soulages (1919-2022) était un des artistes contemporains les plus déroutants, tout particulièrement pour son usage de la couleur noire, dont il tentait de saisir tous les reflets secrets dans sa quête du « noir-lumière » et de l’« outrenoir ». La manufacture suisse Baume & Mercier lui rend hommage avec cette montre Hampton Édition polyptique » réalisée pour le dixième anniversaire du musée Soulages de Rodez (Aveyron) – c’est la seconde collaboration entre la marque et le musée Soulages, la première ayant été menée du vivant de l’artiste. Le cadran de cette Hampton est inspiré par le « Polyptyque I » de 1989, une peinture de 3,40 x 3,60 m faite d’aplats horizontaux et verticaux, intégralement noirs, qui jouent avec la lumière qu’ils captent. Le choix de ce boîtier Hampton confirme la vocation « picturale » d’une montre que la sincérité de son expression artistique classe à part dans le paysage horloger suisse : restituer sur 48 x 34 mm la force intérieure d’un tableau de 3,40 x 3,60 m n’avait rien d’évident, mais la démonstration est spectaculaire. Sur cette Hampton automatique, on appréciera la discrétion des hémisphères d’or rose qui coiffent les aiguilles noires des heures et des aiguilles : un coup de génie en phase avec le minimalisme (in)formel de l’œuvre de Soulages. Il n’y aura que 328 montres dans cette série limitée (comptez dans les 6 900 euros pour cette œuvre d’art qu’on peut porter au poignet)…

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté

•••• STATISTIQUES HORLOGÈRES : ça y est, les exportations horlogères suisses sont en phase de décroissance dans ce qui leur reste encore de croissance, mais les signes de fléchissement des ventes se multiplient, sauf pour une poignée de marques qui semblent à l’abri des crises (crisis proof). Même repli sur le marché de la seconde main (collection, vintage, occasion), où la descente en pente douce vers les prix d’avant 2019 se confirme. Mouvement comparable sur le marché des enchères, où il redevient possible de se faire plaisir à des prix nettement plus accessible. L’heure est donc plutôt à la déconsommation horlogère… •••• CARPO-RÉVOLUTION : une nouvelle révolution est-elle en cours du côté des montres connectées ? Un nouvel outil se profile, qui pourrait remplacer les montres connectées pas trop techniques, qui font le plus souvent fonction de moniteur d’activité : il s’agit d’une bague [disons une grosse alliance] qui enregistre au doigt différents paramètres de santé (marche, données biologiques basiques, stress, etc.) et dont les données se lisent sur le téléphone. Au doigt et à l’œil, donc ! Apple et Samsung sont déjà sur le coup, mais une marque accessible comme Ice-Watch dispose déjà d’un « Ice Ring » connecté très efficace, qui est proposé à moins de 200 euros ! Si un anneau peut remplacer une smartwatch, les amateurs vont pouvoir retrouver le plaisir de porter des montres traditionnelles… •••• CASIO : eh oui, la marque japonaise Casio fête cette année les cinquante ans de son aventure horlogère. La Casiotron de 1974 était ainsi la première montre numérique à être dotée d’un calendrier automatique (mois, date et jour de la semaine) – à l’époque, c’était disruptif ! Pour fêter cet anniversaire, Casio lance une nouvelle TRN-50 dans une série limitée de 4 000 pièces, mais il n’y en aura de 50 pour le marché français [autant que la série sera aussi collector que probablement spéculative]. Le design originel a été préservé (boîtier de 42 x 39 mm), tout comme le style du cadran. La précision ultime est assurée par les signaux radio-pilotés de six stations à travers le monde. Le mouvement électronique multifonctions se recharge grâce à l’énergie solaire et au système Tough Solar. La fonction « mobile link » permet à la TRN-50 d’être connectée à un smartphone via Bluetooth afin d’assurer un chronométrage de précision et la mise à jour constante des informations relatives aux différents fuseaux horaires (comptez un peu moins de 500 euros pour ce sympathique fétiche rétronostalgique).

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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