Quand les heures se compriment en rouge et quand le platine sonne en bleu : c’est l’actualité des montres au cœur de l’automne<!-- --> | Atlantico.fr
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Les heures précieuses de saphir bleu d’une montre qui sait aussi les faire sonner pendant un siècle (Patek Philippe)…
Les heures précieuses de saphir bleu d’une montre qui sait aussi les faire sonner pendant un siècle (Patek Philippe)…
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Atlantic-Tac

Mais aussi un rendez-vous cosmique avec les anciens Mayas, un rendez-vous chromatique avec la biodiversité polaire, un rendez-vous cadenassé par les amoureux parisiens, un rendez-vous tricolore dans le Doubs, un rendez-vous responsable avec la planète et un rendez-vous mondial avec la montre…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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AWAKE : La couleur polaire…

Bleu glacier ou vert glacier : le doute est permis pour l’identification précise de la couleur des eaux glacées de nos pôles terrestres. Entre le turquoise et l’émeraude, tout dépend de la lumière et la nouvelle montre Ocean_DNA de la jeune marque indépendante française Awake (conçue à Paris, assemblée et réglée à Besançon) témoigne des nuances de ce fameux Ice Blue qui n’est pas toujours aussi bleu qu’on l’affirme. On sait aujourd’hui que ces immensités désolées jouent un rôle majeur dans la régulation du climat et de la biodiversité planétaire : cette montre rend un hommage lui-même éthique et « responsable » à la beauté fragile de l’Arctique et de l’Antarctique, qui semblent menacés par un dérèglement climatique qu’on comprend encore très mal. Les matériaux de cette Ocean_DNA automatique sont travaillés dans l’esprit d’une consommation durable et « circulaire » (boîtier en Ocean Composite à base de filets de pêche recyclés, bracelet en caoutchouc naturel, etc.). Dommage que le mouvement de cette montre on ne peut plus française dans son esprit soit japonais, mais Awake n’avait guère le choix au niveau de prix (590 euros) visé par cette série limitée de cent pièces, dont la visée principale est de nous faire prendre conscience de certaines urgences climatiques (bientôt en souscription sur le site d’Awake : comme d’habitude, il n’y en aura pas pour tout le monde !).

OMEGA : L’aventure martienne…

Les hommes n’iront pas de sitôt sur la planète Mars, mais, s’ils y vont, on sait déjà quelle montre ils porteront pour y débarquer à la bonne heure. C’est le dernier exercice spatio-horloger des créatifs d’Omega, qui ont imaginé une Speedmaster Marstimer de 45 mm en titane qui soit capable d’indiquer, grâce aux fonctions innovantes de son mouvement électronique, tant les différentes heures de notre propre planète bleue que les heures légèrement décalées de notre fascinante planète rouge. Sur Mars, les journées sont plus longues de 39 minutes que sur la Terre. Au cas où vous vous perdriez sur Mars, la X-33 Marstimer vous propose aussi une boussole solaire d’un nouveau type pour vous indiquer le nord géographique, que vous vous trouviez sur Mars ou sur la Terre. Vous aurez compris que la couleur rouge de la lunette de cette Speedmaster X-33 Marstimer, développée avec l’Agence spatiale européenne (ESA), est un clin d’œil à la couleur mythologique de Mars, planète si proche qu’on peut la repérer à l’œil nu dans le ciel, mais si lointaine que certains doutent que les hommes puissent jamais l’atteindre pour en fouler les sables rouges. Précision utile : cette X-33 Marstimer sera bientôt disponible dans les boutiques terrestres d’Omega et l’aventure ne vous coûtera guère qu’un peu plus de 7 000 euros. Blague à part, les indications électroniques de cette montre à l’heure martienne sont déjà indispensables pour les équipes terriennes qui pilotent les engins téléguidés qui s’activent actuellement sur Mars…

LOUIS MOINET : Le rendez-vous cosmique…

Nul doute que les descendants des Mayas qui peuplaient autrefois l’actuel Mexique ne soient sensibles à la poésie de cette pièce unique signée Louis Moinet. Il s’agit moins là de donner l’heure que de trouver un prétexte pour rendre hommage à la vision cosmique de ces anciens Mayas, dont les connaissances astronomiques et calendaires d’une rare précision égalaient largement et parfois dépassaient en précision celles des scientifiques de l’ancien monde. Dix-huit fois par heure, soit 432 fois par jour, avec pour centre « magique » la pyramide de Kukulcán, le soleil a rendez-vous avec la Lune qui tournent de concert, mais en sens inverse : le contrepoids de ces deux astres décorés de symboles mayas est constitué de deux tourbillons mécaniques en opposition satellitaire – le premier fait le tour du cadran en cinq minutes ; le second, dans un sens anti-horaire, orbite autour du cadran en dix minutes. Au sommet de la pyramide en or rose de Kukulcán (le « serpent à plumes »), une jade, pierre qui était plus précieuse que l’or aux yeux des Mayas. Sur le rehaut transparent qui porte les index des heures, celles-ci sont indiquées par des chiffres mayas, très graphiquement constitués de traits et de points. 43,5 mm d’or rose pour cette montre « Maya Eclipse » saturée de symboles cosmogoniques de l’ancienne culture mésoaméricaine, assassinée par les conquistadors espagnols. Du temps des Mayas, quand le soleil et la Lune se rencontraient, cette éclipse prenait des allures de puissant événement politico-poétique : cette montre mécanique suisse est une révélateur plus qu’une éclipse !

PATEK PHILIPPE : La quintessence du temps…

Pour le plaisir des yeux, on vous propose de rêver un instant sur une montre suisse qui joue dans un registre de sublime extravagance. Avouons d’emblée que son prix dépasse très largement le million d’euros et que vous n’avez pratiquement aucune chance d’en croiser une au poignet d’un quelconque grand collectionneur, mais ce n’est pas grave parce que la manufacture genevoise Patek Philippe en produit si peu que ces références 5374/300P sont commandées plusieurs années à l’avance par une secte de grands collectionneurs tous plus opulents les uns que les autres. Il faut avouer qu’on est là dans une forme d’horlogerie mécanique quintessentielle : cette montre automatique en platine de 42 mm, richement ornée d’un double rang de diamants baguette (228 en tout), avec treize saphirs bleus baguette en guise d’index, propose un « quantième perpétuel » (le jour, la date, le mois, la lune et l’année bissextile s’affichent pendant au moins un siècle !) et, en plus d’une indication de l’heure sur vingt-quatre heures, elle s’agrémente aussi d’une « répétition minutes » [le poussoir latéral à neuf heures fait sonner à volonté, sur des timbres « cathédrale », les heures et les minutes : cette spécialité permettait autrefois de connaître l’heure dans l’obscurité des temps pré-électriques]. Le mouvement en haut de la page donne une idée de cette complexité mécanique, qui est à la hauteur de la bienfacture technique d’une montre en tout point exceptionnelle.

SAINT-HONORÉ : Le Paris des amoureuses…

Marque française longtemps restée familiale dans son fief de Charquemont (Doubs), la maison Saint Honoré a eu du mal à digérer son passage sous pavillon international. Elle se relance sur le marché français avec une montre originale, baptisée Pont des Arts. Un nom lié à la forme de la montre : un cadenas, qui rappelle tous ces innocents « cadenas d’amour » que les amoureux du monde entier venaient accrocher sur la passerelle du Pont des Arts, à Paris [cadenas régulièrement retirés des grillages de la passerelle par Anne Hidalgo, la maire de Paris qui semble apparemment plus choquée par ces amoureux que par les rats qui prolifèrent dans la capitale]. Ce cadenas horloger n’a que des chiffres, avec les heures qui glissent dans un guichet à midi et les minutes décomptées à six heures. C’est un accessoire de mode très original, équipé d’un mouvement à quartz suisse et proposé à un peu de 400 euros. On peut choisir différents bracelets de couleur pour les assortir à sa tenue : avec cette montre Pont des Arts au poignet, on ne peut que se sentir amoureuse…

EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE LIBERTÉ : c’est toujours bon à savoir…

•••• JOURNÉE MONDIALE DE LA MONTRE : puisque l’ONU et l’Unesco nous mitonnent chaque année une quantité phénoménale de « journées mondiales » (de la femme, du vélo, de la bière ou même de la statistique), on se demande pourquoi il n’y aurait une « journée mondiale de la montre ». Excellente question posée par notre confrère Judikaël Hirel du Figaro, qui suggère de consacrer aux objets du temps le 10 octobre (10/10) de chaque année, avec une heure symbolique pour cette commémoration : 10 heures 10, puisque c’est, par tradition, la position « officielle » des aiguilles sur une montre qu’on présente dans une vitrine ou sur une image. On ne voit pas pourquoi les montres, qui sont aujourd’hui la manifestation la plus universelle de cette attention immémoriale portée aux objets du temps, ne bénéficieraient pas de cette forme de reconnaissance internationale, à une échelle planétaire : le code horloger traditionnel (douze heures indiquées sur un cadran par le rapport d’angles entre deux aiguilles) ne relève-t-il pas du patrimoine de l’humanité ? N’est-il pas le code abstrait le plus usité et le plus universellement compris, quelles que soient les langues, les cultures, les religions ou les systèmes politiques des peuples de la Terre ? Donc, nous attendons tous maintenant que l’établissement horloger ratifie lui aussi ce rendez-vous du 10 octobre 2023 à 10 h 10. Merci à notre confrère du Figaro pour cette intelligente et salutaire initiative… •••• BREITLING : si certaines marques de luxe pratiquent allègrement le greenwashing[cet art de faire croire qu’on se soucie de la planète en « verdissant » son image grâce à des actions plus cosmétiques qu’écologiques], la maison Breitling semble décidée à prendre un train d’avance sur ses concurrents horlogers en refondant ses collections sur des bases « soutenables », dans la logique d’une horlogerie « circulaire » et respectueuse de l’environnement. Stratégie qui passe, à titre d’exemple, par le choix de mines d’or « artisanales » exploitées avec un réel souci de ne dégrader ni la nature, ni les hommes ; le choix de traiter cet or par des méthodes moins gaspilleuses en énergie ; le choix de préférer les diamants de laboratoire aux diamants « naturels » extraits dans des conditions généralement douteuses ; le choix d’éliminer, tout au long de la chaîne de fabrication, le plastique en optant pour une stratégie aussi décarbonée que possible. Le tout avec une exigence assez radicale en matière de traçabilité et de transparence. Pour Georges Kern, le nouveau dynamiteur dynamiseur de Breitling, cette stratégie « responsable » n’est pas une banale option moralisatrice, mais une nouvelle vision du luxe, capable de réenchanter l’industrie des montres pour en faire les vecteurs les plus signifiants et les plus concrets d’une nouvelle prise de conscience planétaire. On le vérifiera avec les prochaines collections de la marque… •••• YEMA : tout en continuant à cultiver, avec une impressionnante efficacité, les icônes de son patrimoine (ci-dessous : la nouvelle Flygraf), la maison indépendante française Yema, qui soufflera bientôt ses 75 bougies, vit une non moins impressionnante révolution, dont témoignent ses nouveaux locaux de Morteau, dans le berceau historique de l’horlogerie tricolore. On y découvre les ateliers où s’élabore un nouveau mouvement mécanique dont les principaux composants seront réalisés sur place (le reste provenant de la Suisse voisine). Et pas n’importe quel mouvement mécanique : Yema a imaginé pour son grand retour sur le devant de la scène un calibre automatique à micro-rotor [une spécialité qui ne maîtrisent qu’une poignée de marques suisses], interprété en technicolor [la couleur du mouvement sera celle du cadran] et logé dans une montre qui sera bientôt lancée en sociofinancement et qui s’annonce comme une « bombe » sur le terrain très disputé du sport chic. Yema se donne ainsi les moyens de redevenir la marque leader qu’elle était, voici quelques décennies, sur le marché français…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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