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Quand les disques se défilent et quand les robes virevoltent : c’est l’actualité des montres en mode frimaire
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Mais aussi une leçon d’italien très ensoleillée, des pixels urbains bien camouflés, des dragons à draguer, une renaissance chromatique et des enchères manipulées…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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PANERAI : Des mois et des dates…

Un calendrier annuel pour ne pas manquer le rendez-vous à prendre pour visiter la nouvelle boutique Panerai des Champs-Élysées : la Radiomir PAM01364 affiche, en plus des secondes, des heures et des minutes, la date, le jour et le mois de l’année (disque tournant autour du cadran, avec un repère fixe à trois heures). Comme le mouvement automatique fait la différence entre les mois pairs (30 jours) et les mois impairs (31 jours), il ne faut le corriger qu’une fois par an, fin février, que ce mois soit de 28 ou de 29 jours. Style Panerai oblige et conformément à l’esprit de ce Calendario Annuale, l’affiche des jours et des mois se fait en italien : qui s’en plaindra ? Dans cette Radiomir en platine aux anses fines, on appréciera aussi la douceur formelle de ce boîtier de 45 mm, ainsi que le soleillage du cadran vert. Évidemment, la fréquentation de cette beauté qui vous aide à parfaire votre italien est lourdement tarifée (comptez dans les 59 000 euros pour savoir toute l’année où vous vous situez dans le calendrier)…

LIP : Des anneaux et des chiffres…

D’année en année, la marque indépendante Lip redevient digne de sa splendeur passée : n’oublions pas que c’était, dans les années 1950 et 1960, la plus belle marque française, la plus inventive aussi, celle qui était capable de régater avec les marques suisses. Elle revient sur le devant de la scène en renouant avec le style design de sa tradition, comme en témoigne cette Mythic en titane qui évoque irrésistiblement l’année 1974, dernier millésime mémorable d’une marque qui savait si bien redessiner le temps qui passe. Ne serait-ce que par sa taille mince, le boîtier (35 mm x 35 mm) a un discret parfum rétro, que confirme les maillons plats en titane du bracelet. Le cadran sait reprendre le style « rond dans le carré » cher aux designers de Lip à l’époque [on songe ici à des talents comme Roger Tallon ou François de Bashmakoff] : trois disques défilent sous un repère qui prolonge le logo Lip – les heures à l’extérieur, les minutes au milieu, les secondes au centre, le tout animé par un mouvement automatique japonais [quel dommage, maintenant qu’il existe, à Besançon même, des mouvements automatiques tricolores !]. Lip pousse sa politesse nostalgique jusqu’à nous proposer cette montre à un prix raisonnable, digne lui aussi de l’âge d’or des belles montres françaises (moins de 900 euros pour cette montre contemporaine d’un minimalisme très étudié). Notez la coquetterie du marquage des minutes : moins 25 au lieu de 35, jusqu’à moins 5 au lieu de 55, après le passage de la demi-heure – c’est ce qu’on appelait la lecture de l’heure « à la française »…

IKEPOD : Des pixels et des clics…

La marque indépendante (maintenant française) Ikepod a le chic pour ressusciter inlassablement ses « icônes » en les réinterprétant au goût du jour. Prenons l’exemple de cette Seapod, une montre d’inspiration futuristo-vintage récemment restylée par le designer Fabrice Gonet : noire mate, cette « plongeuse » néo-citadine s’habille pour la saison [il n’y aura que 50 pièces pour le monde entier] de « camo pixel », un motif à la fois camouflé et pixellisé qui a beaucoup servi dans les armées depuis l’aube du XXIe siècle. Comme la guerre fait désormais partie de notre quotidien, pourquoi ne pas plonger dans les jungles urbaines avec cette Seapod S003 Camo Pixel, dont les 46 mm théoriques ne doivent pas intimider les petits poignets : au porter, elle semble plus petite, c’est peut-être un effet de furtivité camouflée et de son boîtier noirci ? Ikepod a la bonté de nous la livrer avec deux bracelets, un camo-pixellisé et un noir. Sa lunette tournante à 120 clics a su rester fonctionnelle (on peut toujours chronométrer des temps courts) et son mouvement japonais est automatique : que demander de plus à une des montres les plus originales de la saison ?

PIAGET : Des dragons à draguer…

Si, si, c’est une montre ! On peut la porter en manchette au poignet ou en faire une broche. Son motif animalier évoque bien sûr le dragon du zodiaque chinois, dans l’année duquel nous entrerons dans quelques semaines. Il enroule ici ses écailles de diamants, d’onyx et d’opale autour d’un cadran horloger. Ces montres-bijoux de très haute joaillerie ne sont réalisées que sur commande et chacun peut choisir ses pierres et ses couleurs pour s’attirer les énergies favorables de ce dragon qui hante la mémoire symbolique asiatique, où il incarne depuis des millénaires le pouvoir, la force et la prospérité. C’était autrefois le cas dans les cultures de la vieille tradition indo-européenne, mais la christianisation a condamné ses références païennes en faisant cette chasse aux dragons où saint Michel s’est illustré. Cette manchette virtuose est un très bel hommage de l’horlogerie suisse à ses meilleures clientes exotiques…

HERMÈS : Des heures et des jupes…

Vous ne connaissez pas la danse du chapeau (jarabe tapatio) ? Imaginez-là en vous penchant sur ces cadrans de la série Arceau « Belles du Mexique ». C’est une des danses nationales du Mexique. Dans le Jalisco, au centre du Mexique, vers Guadalajara, c’est au son d’une musique frénétique qu’un étrange ballet de danseuses et de danseurs en tenue traditionnelle « tricotent des gambettes » [jouent des jambes] en cadence sans bouger le buste : vous voyez ici la scène vue du dessus, avec les danseuses au centre de la corolle de leur jupe multicolore. Une très belle idée graphique pour une montre, qui reprend le motif d’un carré de soie édité en 2017 : disposés autour de la ronde des heures, sept danseuses évoluent librement à chaque mouvement de poignet. Les sept autres figures sont immobiles. Chacune de leurs robes est peinte à la main ! Vingt-trois diamants au centre de la montre, quatre-vingt-deux sur la lunette qui enserre le cadran : cette montre Arceau de 38 mm en or blanc est pleine de vie et la ronde de ces jupes vues d’en haut illumine les journées. Elle illustre la citation du poète latin Virgile : « L’esprit imprime son mouvement à la matière ».

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté

•••• CHRISTIE’S : les récentes ventes aux enchères de Christie’s à Genève et à Hong Kong ont jeté un froid chez les spéculateurs. Tous les prix ont semblé très orientés à la baisse, avec beaucoup de montres invendues faute d’avoir atteint des prix de réserve trop élevés compte tenu des attentes du marché. Si on ajoute à cette déprime des soupçons de manipulation de certaines adjudications, on aboutit à un climat détestable chez les collectionneurs de grand chemin – lesquels se demandent à présent si la « bulle des créateurs indépendants » qu’ils avaient largement contribué à voir enfler ne vient pas de crever. Un contre-effet favorable pour les amateurs plus modestes : on recommence à pouvoir réaliser de bonnes affaires dans les salles d’enchères, les prix revenant à ce qu’ils étaient à la fin des années 2010… •••• RESSENCE : décidément, la marque indépendante (belge) fait son apprentissage de la couleur. C’est une re-nessence ! La nouvelle Type 1° M [1° pour premier round, M pour multicolore) nous propose ainsi un cadran d’autant plus minimaliste qu’il est polychrome, toujours sans aiguilles « physiques », mais en jouant avec les disques rotatifs qui indiquent les heures, les minutes, les secondes et les jour de la semaine. Si les couleurs sont « primaires », la mécanique qui assure la précision de cette montre automatique toute en rondeurs sensuelles est d’une belle complexité : comme Ressence a choisi de ne pas casser l’harmonie de ces courbes par une couronne de remontage, on la remet à l’heure et on la remonte par un levier sur le fond du boîtier. Comptez dans les 20 000 euros pour ce premier round très tentateur, dont la discrétion n’a d’égale que la distinction…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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