Quand la règle à calcul emballe les compteurs, quand les pierres sont jetées dans le jardin et quand le crocodile se vautre dans un marigot d’or : c’est l’actualité des montres… <!-- --> | Atlantico.fr
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Une inspiration naturaliste plutôt paradisiaque pour une haute joaillerie superlative qui replace Bvlgari au paradis des grands créateurs de rêve…
Une inspiration naturaliste plutôt paradisiaque pour une haute joaillerie superlative qui replace Bvlgari au paradis des grands créateurs de rêve…
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Atlantic-tac

Mais aussi la Gravity qui a perdu toute pesanteur, la boule qui donne l’heure et le repose-pouce pour davantage d’efficacité au poignet…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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BVLGARI : les audaces empierrées d’un style italianissime…

Bien redynamisée par l’ancien patron des montres TAG Heuer (Jean-Christophe Babin), la maison Bvlgari vole à présent de succès en succès. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette reine de la joaillerie italienne négligeait un peu ses collections de montres féminines, en entrée de gamme comme en haute joaillerie. Inspirée par les jardins à l’italienne, rigoureux autant qu’exubérants dans leur parti-pris naturaliste, la collection Géométrie du temps fait précisément dialoguer l’art et la nature, en faisant vibrer les couleurs de pièces construites comme des parterres de fleurs, non sans prouesses techniques pour articuler souplement des bracelets aux maillons sertis. Comme le disait Albert Einstein, « regardez profondément dans la nature et vous comprendrez tout mieux » : ces montres – très souvent pièces uniques tellement elles sont complexes à réaliser en même temps que précieuses par leurs pierreries – témoignent d’une propension très italienne au plaisir des yeux et aux passions du cœur. Elles magnifient cette lumière qui captive tous les amoureux de l’Italie et elles disent la fierté des artisans qui parviennent à condenser l’âme d’une culture dans l’éclat des ors et des gemmes. Nous sommes là dans un registre de haute joaillerie superlative, aussi éloignée de la place Vendôme que les jardins à l’italienne peuvent l’être des jardins à la française. Einstein aurait aimé cette intensité d’un espace-temps vécu au poignet à la vitesse de la lumière…

LACOSTE : même le crocodile s’est trempé dans l’or…

L.12.12, c’est le nom de code interne du fameux polo Lacoste en piqué de coton. On retrouve très logiquement le « grain » de cette maille sur le bracelet en silicone, qui donne l’impression d’être en jersey. Le charme de cette collection horlogère reste son concept monochromique, avec une même couleur pour le bracelet, le boîtier et le cadran. Deux cadrans au choix (trois compteurs pour le chronographe à vocation plus sportif, trois aiguilles pour la L.12.12 de ville) et trois couleurs (blanc, noir, bleu) pour la version de cet automne, décorée d’index et d’aiguilles dorées. Même le crocodile s’est habillé d’or pour rester dans cette note festive et précieuse. Comme la montre trois-aiguilles ne dépasse pas les 185 euros (215 euros pour le chrono), ce sera un des best-sellers pour les cadeaux horlogers de fin d’année : à qui (homme ou femme) une telle montre ne ferait-elle pas plaisir ? On peut même lui trouver une allure très néo-chic pour décaler d’un sourire ce qu’un smoking aurait de trop formel…

FRANCK MULLER : un défi aux forces éternelles de la gravité…

Pour sa série des Gravity, logées dans un boîtier tonneau Vanguard de facture contemporaine, la manufacture genevoise Franck Muller a vu grand, avec un tourbillon mécanique géant en rotation sur lui-même à l’intérieur d’une « cage » elliptique de plus de 21 mm de diamètre : une telle taille reste du jamais vu dans l’univers des montres mécaniques. La structure en aluminium de cette Gravity révèle également un balancier (le cœur de la montre, celui qui fait tic-tac) tout aussi peu conventionnel, par sa taille (14 mm) et par sa disposition excentrée, puisqu’il ne bat pas dans l’axe du tourbillon. Trois couleurs pour la décoration des chiffres et du tourbillon : le titane noir du boîtier les fait contraster avec force, tandis que la version en or rose les adoucit. Un très beau travail stylistique, au service d’une mécanique innovante : cette Gravity a perdu toute pesanteur…

BELL & ROSS : la haute complication mécanique comme instrument de bord…

Un tourbillon mécanique (pour l’exactitude) inséré dans une architecture de chronographe monopoussoir non moins mécanique (pour la précision) et logé dans une montre dont le boîtier « instrumental » de 45 mm témoigne cependant d’une haute intensité en design contemporain : les poussoirs à bascule de la BR-X1 illustrent une architecture étudiée dans les moindres détails, comme le repose-pouce à 9 h (dans une échancrure de la carrure : vidéo ci-dessous). Une centaine d’heures de réserve de marche – sans qu’il soit besoin de remonter la montre – attestent de la fiabilité d’un mouvement avant-gardiste dans sa conception autant que dans son souci de mettre en valeur ses différents éléments mécaniques. Au titane/vanadium de la version « virile » répond l’or rose de la version sertie de diamants baguette : de quoi prouver que Bell & Ross, fournisseur officiel de nombreuses aviations militaires ou civiles, commence à savoir parler aux femmes, du moins à celles qui ont de l’énergie à revendre et qui n’ont pas peur de prendre des risques avec un « instrument » mécanique de haute volée.

KLOKERS : la preuve par 600 %...

Le marché des montres n’est déprimé que si on persiste à proposer aux amateurs des montres qui semblent se dupliquer les unes les autres sans génie, à des prix qui relèvent de la criminalité en bande organisée. Dès qu’une marque prend le risque de sortir des sentiers battus en restant accessible [quel que soit le niveau de prix], la fièvre monte. On en a eu un bel exemple la semaine dernière avec la montre Hermès qui n’était qu’une Apple Watch rhabillée, mais qui incarnait tellement les nouveaux codes du luxe que la demande s’est immédiatement emballée. Nouvelle preuve cette semaine, avec la jeune marque française – quoique Swiss Made – Klokers, qui s’est modestement lancée sur Kickstarter, un site de financement collaboratif par souscription. Les lecteurs d’Atlantic-tac étaient prévenus depuis cet été (7 août) que ce serait sans doute une des montres de la rentrée, avec son style de règle à calcul circulaire (disques horaires rotatifs qui défilent devant un repère fixe) et son concept modulaire. C’est désormais le phénomène horloger de la rentrée : les 50 000 euros de souscriptions dont la marque avait besoin pour se lancer ont été couverts en seulement… huit minutes ! On est aujourd’hui dans les 300 000 euros, soit 600 % de l’objectif initial et près d’un millier des montres Klok-01 pré-commandées par des amateurs qui sont maintenant sur liste d’attente. La clé stratégique de la réponse des horlogers traditionnels au défi des montres connectées est dans la créativité accessible – soit des montres innovantes et rupturistes, mais à des prix abordables. Le mainstream, aujourd’hui, c’est la connectivité : le vrai luxe, c’est la reconnexion du luxe horloger à la singularité, à l’exclusivité et à l’identité…

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HERMÈS : les couleurs de feu d’un temps sphérique…

Les « boules » qui donnent l’heure sont une des traditions horlogères de la maison Hermès. Ce pendentif – qu’on accrochera autour du cou, comme les toutes premières montres portables, au XVe siècle – ajoute à son cadran sous un demi-globe un hémisphère émaillé qui est un vrai défi technique. L’émaillage d’une surface galbée est réputé impossible : les émaux « coulent » lorsque leur vitrification à 800 °C rend les pigments liquides. Hermès a réussi l’exploit de stabiliser sur cette demi-sphère d’or blanc une corolle de pétales cloisonnés, dans un camaïeu de couleurs arlequinées qui tranchent avec la nacre du cadran horloger. C’est l’action du feu qui va fixer ces couleurs et les rendre inaltérables pour l’éternité. À ce niveau de virtuosité, les métiers d’art de l’émaillerie grand feu se perdent : Hermès en entretient la tradition à travers des objets du temps rendus encore plus précieux par leur caractère unique et non reproductible. On regrettera seulement qu’Hermès ait choisi, pour animer cette « montre » qui a l’éternité devant elle, un mouvement à quartz dont l’obsolescence est par nature programmée par la technologie vieillissante de sa pile. Un pendentif étant par principe appelé à bouger, un mouvement mécanique à remontage automatique aurait été plus pertinent et davantage dans l’esprit de cette « boule » qui magnifie le temps grâce au feu…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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