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L’interaction psy-patient est primordiale lors de tout suivi
L’interaction psy-patient est primordiale lors de tout suivi
©DERRICK CEYRAC / AFP

Minute Tech

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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Atlantico : Alors que l’on ne cesse de parler de l’IA et de ses miracles, certains s’imaginent que cette dernière pourrait remplacer le thérapeute. Les patients pourraient-ils être ouverts à une telle évolution ?

Pascal Neveu : En premier lieu je me permets de rappeler un chiffre : 1 Français sur 5 (soit environ 13 millions de personnes) souffrent de troubles psychiatriques. C’est sans compter les suivis thérapeutiques qui ne relèvent pas de la psychiatrie, mais de la psychanalyse, la psychothérapie, et d’autres formes d’accompagnement.

Il est très clair que l’IA ne peut pas remplacer une thérapie, mais il y a des applications très intéressantes sur lesquelles on travaille depuis plusieurs années. Le système s’est développé depuis 2017.

Par exemple il est déjà répertorié plus de 300 applications afin de gérer l’anxiété ! Mais faut-il encore tomber sur la bonne… efficace !

Le monde bouge, et d’autant plus suite à la COVID-19, sur un plan professionnel, médical, scientifique… Le fait d’avoir été « retranché » chez soi, sur soi, a fait repenser notre monde, créer et innover des solutions alternatives, déjà à la pointe, comme l’IA.

Les patients ont été fortement impactés même si les dérogations existaient, mais par exemple entre Paris et la Province nous observions dans le besoin et la demande  un différentiel énorme entre ceux qui voulaient une rencontre présentielle sur Paris, et d’autres acceptant la visio (forme téléconsultation) en province. Et en même temps j’observais le nombre de patients psychotiques en errance dans les rues.

La solution rattachée au fameux Chat-GPT, nommée Replika peut être une solution d’étayage pour certains patients, je vais y revenir.

Est-ce possible d’envisager une IA remplaçant complètement un thérapeute ? Pourquoi ? Que manque-t-il à l’IA ?

A ce jour, ll ne manque pas grand chose… sauf qu’en tant que clinicien il manque :

- L’interaction psy-patient, l’humanité, et la communication-non verbale que perçoit le thérapeute

- L’impossibilité de programmer une abréaction (disons une catharsis, une libération de ses tourments) face à un monde virtuel

- La relation transférentielle essentielle lors de tout suivi thérapeutique



Mais mon amie Sophie Zakka qui est enseignante à l’Ecole Centrale de Nantes, de réputation internationale (et d’ailleurs décorée par le Ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur) a développé des travaux hallucinants avec des résultats qui perturbent le monde « psy »

. rob’autisme

. rob’alzheimer


Je ne vais pas développer ses recherches mais le plus important est de constater qu’un robot, une IA, bien programmés (car il ne se passe rien sans un programmateur) peuvent suppléer un thérapeute ou soignant sur certaines formes de psychopathologies.

Et d’autre part être des accompagnants ou créer des premières prises en charge via ces nouveautés technologiques n’est pas à négliger face à un désert médical dont la « psy » est la parente la plus pauvre.

Il n’est jamais évident également face à certaines psychopathologies de se livrer… sauf que se raconter et libérer la parole face à un être humain n’est pas comparable à un virtuel programmé, qui va de plus retenir et enregistrer les échanges.

Cela pose d’énormes soucis éthiques, déontologiques, et l’Italie a, par exemple, légiféré et interdit ces applications.

Pour autant, à quel point l’IA peut-il être un outil complémentaire intéressant pour venir en aide aux thérapeutes pour certains patients ?

Le Dr Paul Marsden, membre de la British Psychological Society, affirme que les applications qui visent à améliorer le bien-être mental peuvent  aider, mais seulement si vous trouvez la bonne, et seulement de manière limitée.

Le directeur général de Headspace, Russell Glass, déclare que l'objectif de son application restera d'humain à humain

D'autres applications du secteur de la santé mentale sont beaucoup plus prudentes quant à l'utilisation de l'IA en premier lieu.

L'une d'elles est l'application de méditation Headspace, qui compte plus de 30 millions d'utilisateurs et qui, au Royaume-Uni, est approuvée par le NHS (National Health Service).

 Il y a des possibilités mais qui ne doivent pas être commerciales… car on travaille sur l’humain. Il y a déjà suffisamment de charlatans psy  sans compter les sectes !

A quel point technologie et thérapie peuvent-ils se marier ?

Justement… énorme scandale… Replika a fait la une des journaux en février lorsqu'il a été révélé que certains utilisateurs avaient eu des conversations « explicites » avec leur IA.

Les reportages ont été diffusés après que Luka, la société qui gère Replika, ait mis à jour son système d'IA pour empêcher de tels échanges sexuels.

 Aussi, Grandes questions :

- Partageriez-vous votre anxiété la plus profonde avec Alexa ?

- Demander à Siri un soutien émotionnel après une journée particulièrement stressante ?


Nous nous tournons de plus en plus vers l’IA, sur des haut-parleurs intelligents ou des sites Web et des applications pour répondre à notre vie.

Et à mesure que ces systèmes, alimentés par des logiciels d'intelligence artificielle deviennent de plus en plus sophistiqués, ils commencent à fournir des réponses très détaillées.

Mais  l’IA sera-t-elle un jour suffisamment humaine pour devenir des thérapeutes efficaces ?

En conclusion…. Je n’y crois pas. 

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