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Le score du FN aux régionales : un signe positif pour Marine Le Pen en 2017 ?
©Reuters

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En reprenant toutes les élections régionales et présidentielles depuis la réelle émergence du FN dans les années 80, on observe qu'à l'exception de 2007 le FN a fait systématiquement mieux au 1er tour de la présidentielle qu'au 1er tour des régionales qui la précédait.

Jérôme  Sainte-Marie

Jérôme Sainte-Marie

Jérôme Sainte-Marie est Directeur du Département Opinion de l'institut de sondage CSA.

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Atlantico : Sur la période 1986-2012, le gain moyen à la présidentielle, en comparaison aux régionales précédentes est de près de +19%. Comment expliquez-vous ce phénomène ? Si on le rapporte sur 2017, le FN serait proche de 33%... Cela vous semble-t-il plausible ?

Jérôme Sainte-Marie : Cette opération donne à voir que les élections régionales, comme les autres élections intermédiaires d'ailleurs, sont moins favorables que la présidentielle pour le Front national. La principale raison en est la différence de participation, avec 80% environ pour la présidentielle, et autour de 50% pour les autres. Or l'électorat potentiel de Marine Le Pen est très sensible à l'abstention, car il est en moyenne moins diplômé, plus jeune, souvent précarisé, et dans une forme de défiance teintée d'indifférence pour le jeu politique institutionnel. Il n'y a pas d'intentions de vote à l'élection présidentielle disponible depuis le premier tour de l'élection présidentielle, mais mon avis est qu'effectivement, si c'était le cas, nous pourrions avoir des résultats proches de ce que vous indiquez. Il y a une logique politique et une logique sociologique à cela.

Dans la Vème République, tous les candidats à la présidentielle ayant atteint plus de 32% au premier tour ont été élus au second. Que peut-on dire à partir de cela de la possibilité de Marine Le Pen, si elle se présente, de devenir présidente de la République ?

Il ne faut pas sombrer dans le fétichisme des chiffres. En effet, la régularité que vous pointez repose sur un nombre forcément limité de cas - il n'y a pas de présidentielle tous les jours… Surtout, la particularité du Front national est d'être, pour le moment, un parti sans allié. Dans un scrutin binaire, Il lui faut donc réaliser un score très important au premier tour pour avoir la force propulsive nécessaire au second. Avec plus de 40% dans deux régions, le FN peut espérer y remporter des duels. Mais en deçà, ce serait bien difficile.

En règle générale, un Président est élu avec entre 15 et 18 millions d'électeurs (peut-être ce chiffre est-il un peu approximatif), jusqu'à présent, Marine le Pen et le FN ont tourné dans la moyenne haute à environ 6 millions d'électeurs, que peut-on en déduire ?

Le nombre de voix n'est bien sûr pas déterminant. L'important pour Marine Le Pen est qu'il y ait, élection après élection, le maximum de personnes ayant voté au moins une fois FN, ce qui facilite naturellement leur mobilisation ultérieure. L'important est surtout le candidat qui lui sera opposé si elle parvient, comme il est probable, au second tour. De ce point de vue, elle a tout  intérêt à ce qu'il s'agisse d'une personnalité de gauche. Elle pourrait alors bénéficier d'importants reports venus de la droite classique.

Même question pour les législatives, le FN peut-il "briser" le bipartisme que l'on a connu jusqu'à présent ? dans quelle mesure, jusqu'à quel point ?

Le bipartisme qui semblait devoir s'installer en 2007 n'a pas survécu aux premières années du quinquennat de Nicolas Sarkozy, et à la remontée du Front national qui en a résulté. Depuis que le Front national a atteint 25% des suffrages au premier tour et conquis quelques municipalités et cantons, nous nous trouvons devant une tripartition de l'électorat. La période actuelle est celle de la conversion de cet état en une nouvelle bipolarité, en lieu et place du clivage gauche-droite. La présidentielle en sera le moment clé, mais les régionales en Paca et dans le Nord constituent la répétition générale de ce nouvel ordre politique.

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