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La Chine est-elle responsable du boom actuel de l’énergie au charbon ? Oui… mais pas là où l’on croit
©DAVID MCNEW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Atlantico Green

Si la Chine limite le nombre de centrales à charbon sur son territoire, elle en finance massivement à l'étranger, attisant les craintes des défenseurs de l'environnement.

Jean-Paul Maréchal

Jean-Paul Maréchal

Jean-Paul Maréchal est Maître de conférences en Science économique à lUniversité Paris Sud. Il est l'auteur de l'ouvrage Chine/USA. Le climat en jeu, Paris, Choiseul, 2011, 116 p.

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Atlantico : Comment peut-on interpréter cette politique de la Chine de vouloir d’un côté freiner l’augmentation du nombre de centrales à charbon chez eux, et de financer massivement des projets de centrales à charbon à l’étranger ? Quel est son impact ?

Jean-Paul Maréchal : Le gouvernement chinois s'est engagé à réduire les émissions dans le cadre des accords de Paris. Ou plus exactement de stabiliser autour de 2030. On peut penser qu'ils vont y arriver puisqu'il y a d'autres objectifs dans le 13e plan sur les quantités d'énergies renouvelables à installer en Chine. D'un côté, on veut freiner l'installation du nombre de centrales à charbon chez eux, mais de l’autre, ils ont une expertise dans le domaine et une surcapacité de production qui leur permet d'exporter leurs centrales le long des nouvelles routes de la soie.

Un certain nombre d'études ont montré qu'en Chine le nombre de centrales à charbon semble s’accroître et un rapport d'un réseau de chercheur «Bankwatch » met en évidence que finalement les Chinois auraient au cours des dernières années, accru leurs capacités de production d’électricité fondée sur le charbon de 259 GW, ce qui représente plus que la totalité des centrales à charbon américaines. On voit bien qu'il y a une grosse incertitude sur la volonté réelle de la Chine.

Il faut toutefois bien avoir en tête qu'au sein de l'économie chinoise, comme ailleurs, il y a des contradictions avec des objectifs qui ne sont pas forcément unifiés entre les régions.

Cherche-t-elle à freiner le réchauffement climatique de manière globale ou une simple diminution de la pollution dans la métropole ?

Là aussi, il faut être prudent. Il est évident que la pollution de l'air est celle qui touche le plus de classes sociales. Il n'est pas étonnant que les élites cherchent à réduire les émissions de CO2 dans ce cadre.

Maintenant au niveau du gouvernement central il y a une double volonté, celle de lutter contre la pollution de l'air et le changement climatique qui pourrait poser des problèmes à la Chine d'un point de vue économique et de l'autre la volonté d’accroître l'influence chinoise dans le monde, notamment avec les routes de la soie.

Aujourd'hui, pour la Chine, il vaut mieux polluer ailleurs que polluer chez soi. Les Chinois installent des usines plus polluantes à en-dehors de leur territoire national, ce que nous faisons également.

Le charbon est encore là pour longtemps ?

Bien sûr. Le jour où vous construisez une centrale à charbon, elle va fonctionner pendant au moins trente ans. Si vous construisez une centrale à charbon en 2019, ce n'est pas pour la fermer en 2022. Ce sont des investissements à long terme, comme ceux faits dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Si l'on veut des équipements propres, c'est aujourd'hui qu'il faut s'y mettre, mais les centrales à charbon que l'on construit aujourd'hui et que l'on réhabilite sont là pour encore longtemps.  

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