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L'Europe doit tirer les leçons de l'électrochoc envoyé par les Anglais
©Reuters

Revue d'analyses financières

Le rejet de l’establishement politique incarné par les institutions européennes a prévalu. Avec 6 pays fondateurs, 19 pays membres de l’Union Monétaire et 28 pays membres de l’Union Européenne, il est évidemment très difficile de provoquer de l’enthousiasme et d’avancer.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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On peut légitimement se plaindre de ne pas connaître Donald Tusk président du Conseil Européen qui réunit les chefs d’Etat et de gouvernement ; Jean-Claude Juncker président de la Commission ; Jeroen Dijsselbloem président de l’Eurogroup qui réunit les ministres des finances. Frederica Mogherini représentante de la diplomatie européenne. Ils incarnent des jeux politiques incompréhensibles par les peuples européens.

Tout référendum qui aurait lieu dans plusieurs pays européens sur le même sujet produirait les mêmes résultats. Il faudra donc redéfinir les missions des dirigeants européens, restreindre le champ de leurs interventions et surtout laisser respirer la démocratie. Les institutions européennes ne sont que ce que les états les autorisent à être.

Le divorce sera long et compliqué

Le schéma juridique du divorce est compliqué puisqu'il implique une double négociation. Une sur les modalités de départ déclenchées à partir du moment où la Grande Bretagne le demande, en vertu de l’article 50 du Traité de Lisbonne. Une autre sur les futures relations entre Bruxelles et Londres.  Pour avancer au niveau européen, il faut un vote à la majorité des Etats membres plus une approbation par le parlement européen, plus dans certains pays une ratification par les parlements nationaux. Comme tout cela peut durer au moins deux ans, certains pensent que nos amis anglais reviendront sur leur vote. Cela s’est déjà produit chez  les Danois en 1992 et 2000 ; chez les Irlandais en 2001 et 2008 ; chez les Suédois en 2003 ; en France en 2005 ; en Hollande en 2005; chez les Grecs en 2015. Ceux qui connaissent bien l’histoire de l’Angleterre pensent en revanche qu’une nouvelle consultation se traduirait par un pourcentage de votes encore plus important en faveur du Brexit…

Le camp des pro Brexit a voulu s’affranchir des contraintes européennes. Le problème est qu’elles étaient en grande partie imaginaires, la Grande Bretagne n’étant ni membre de la zone Euro, ni de l’espace Shengen. Parmi les statuts de pays associés à l’Union Européenne il existe deux exemples intéressants : la Norvège qui ne fait pas partie de l’UE mais qui est membre de l’espace économique européen. Elle bénéficie de l’accès complet au marché unique. En échange elle contribue au budget européen ; la Suisse qui a une relation avec l’UE qui repose sur 120 accords bilatéraux qui ne comprennent pas les services financiers.

Paradoxalement le meilleur des systèmes pour des anglais qui voulaient continuer à profiter du marché unique européen était peut être le statut qu’ils ont décidé de quitter.

Le départ du Royaume Uni affaiblira l’Union Européenne sur les plans économiques, diplomatiques et militaires. L’effet Brexit risque d’être plus négatif pour l’Europe que pour la Grande Bretagne. La croissance de l’UE pourrait tomber à 0,5%au moment où les dettes publiques ne sont pas résorbées.

Il  prive de toute façon l’Europe du contrepoids contre la tentation réglementaire omniprésente de Bruxelles. Londres a toujours imposé au projet européen une orientation très anglo-saxonne.  La minorité des pays réputés libéraux ne sera plus assez importante pour bloquer l’adoption de certains textes.

Les risques économiques, financiers, sociaux et politiques pour Londres sont  importants. Le business model reposant notamment sur l’exportation de services financiers en Europe continentale à partir de la City devra être revu. Tout cela va ouvrir une crise profonde aussi bien chez les conservateurs que chez les travaillistes.

L’Europe doit tirer les leçons de cet électrochoc. Il faut d’abord respecter le vote des électeurs. C’est l’occasion de relancer la construction européenne sur les grands problèmes qui les préoccupent : immigration, défense, politique économique. Le problème du moment étant que sur chacun de ces sujets allemands et français ne voient pour le moment pas les choses de la même manière.

L’effet domino est probable si  les nouvelles relations entre le Royaume Uni et l’Union Européenne ne sont pas rapidement définies. Si les institutions européennes n’agissent pas assez vite, l’onde de choc populiste va se propager.Elle  agrège l'europhobie, la critique des élites, la peur de l’étranger et la crainte de la mondialisation. Tout ce qui capitalisera sur le nationalisme régressif et la montée protestataire profitera aux partis extrémistes. L’Italie pourrait être le prochain candidat à la sortie. Son PIB n’a progressé que de 5,4% depuis 1999 date de l’instauration de l’Euro. Pendant la même période le PIB a japonais a monté de 14%. Le prochain référendum d’octobre prochain sera très important... L’Ecosse et l’Ulster vont encore demander un référendum… Les Pays Bas pourrait voter un « Nexit »

Sur les marchés, le dollar devrait profiter comme toujours de cette période d’incertitude. Il y a un moment où il faudra acheter les sociétés qui vont profiter de la dévaluation de la livre notamment Diageo et Pernod Ricard toutes deux gros producteurs de whisky.

Parmi les secteurs qui vont particulièrement souffrir figurent les banques, l’assurance, l’immobilier et les compagnies aériennes dont l’essentiel des coûts sont en dollar alors que leurs recettes sont très majoritairement en livre…

Les marchés en Asie vont aussi profiter de cette période d’incertitude en Europe.

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