L’Apple Vision Pro, le casque qui va révolutionner le marché de la réalité virtuelle<!-- --> | Atlantico.fr
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Un client essaie le casque de réalité mixte Apple Vision Pro lors du lancement du produit dans l'Apple Store de Pékin, le 28 juin 2024.
Un client essaie le casque de réalité mixte Apple Vision Pro lors du lancement du produit dans l'Apple Store de Pékin, le 28 juin 2024.
©JADE GAO / AFP

La minute Tech

Apple a ouvert les précommandes pour le Vision Pro en France. Livraison prévue : le 12 juillet.

Gilles Dounès

Gilles Dounès

Gilles Dounès a été directeur de la rédaction du site MacPlus.net  jusqu’en mars 2015. Il intervient à présent régulièrement sur iWeek, l'émission consacrée à l’écosystème Apple sur OUATCH.tv, la chaîne TV dédiée à la High-Tech et aux loisirs.

Il est le co-auteur, avec Marc Geoffroy, de l'ouvrage iPod Backstage, les coulisses d’un succès mondial, paru en 2005 aux Editions Dunod.

Vous pouvez suivre Gilles Dounès sur Twitter : @gdounes

 

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Atlantico : Apple a officiellement ouvert les précommandes pour son premier casque de réalité mixte, le Vision Pro, en France et dans certains pays européens. Les modèles seront accessibles dès le 12 juillet dans l’Hexagone après un lancement en février dernier aux Etats-Unis. Quels sont les atouts du Vision Pro et quelles sont ses principales caractéristiques ? En quoi consiste cette technologie ? Ce casque a-t-il des défauts ou des failles éventuelles ?

Gilles Dounès : Effectivement, après un premier lancement aux États-Unis le 2 février, en Chine continentale, au Japon et à Singapour ce vendredi 28 juin, Apple a lancé les pré-commandes pour ses « gros » marché anglo-saxons et (Australie, Canada) et son marché Europe de l'Ouest (Allemagne, France, Royaume-Uni)  ce vendredi également, avec une disponibilité effective encore une fois à deux semaines, soit le vendredi 12 juillet.

En l'occurrence, c'est véritablement « l'état de l’art » des casques à réalité virtuelle – en l'occurrence à réalité mixte – qu’ Apple commence à dérouler petit à petit. Comme à son habitude, la firme de Cupertino s'est appuyée sur la combinaison de son expertise en matière de logiciels et d’interface utilisateur, avec l'intégration de composants hardware haut, voire très haut de gamme. En particulier en matière d'affichage, avec un système 3D qui repose sur deux écrans Micro‑OLED pour une vision binoculaire et un total de 23 millions de pixels. Autres avantages décisif du Vision Pro, les puces « maison » conçues par Apple et fabriquées par TSMC.

À la différence des premiers casques à réalité virtuelle, qui se contentaient d'afficher les images virtuelles calculées par le dispositif, les casques à réalité « mixte » combinent l'affichage des images de l'environnement du porteur du casque, à la manière d'un viseur d'appareil photo hybride par exemple, avec les images de réalité virtuelle calculées par le casque. La puce principale M2, celle de la génération précédente de MacBook Pro, gère les calculs informatiques et l'affichage des deux écrans en 4K, tandis que la puce R1 intègre les flux de données générées par la douzaine de caméras internes ou externes, cinq capteurs et six micros. Deux caméras latérales, et deux capteurs orientés vers le bas capturent en permanence les mouvements et la position des mains pour une interface utilisateur gestuelle, à la « Minority Report ».

On peut ainsi naviguer entre les fenêtres, les objets, les redimensionner, les déplacer : c’est ce qu’Apple appelle l'informatique spatiale. Le niveau paradigme fait abstraction du cadre défini de l'écran, aussi large soit-il, et permet de travailler, de réfléchir différemment, en manipulant les concepts, les idées « contenues » dans les fenêtres, considérées comme autant de « contenants de pensées » présentés sur l'ensemble du champ de vision.

Pour autant, le Vision Pro n'est pas un produit miracle et doit être considéré pour ce qu'il est : la première formulation originale d'un concept, d'un nouveau paradigme dans la concrétisation dépend nécessairement d'un compromis qui découle de l'avancée des composants électroniques qui sont disponibles à un instant T… Et de l'avancée des concurrents potentiels. À la différence de son projet de voiture autonome, Apple a considéré qu'il était possible de proposer son projet industriel au marché.

Concrètement, sur le plan matériel le casque lui-même est lourd à porter, au-delà de quelques dizaines de minutes, et ce d'autant plus qu'il est fabriqué avec des matériaux de bonne qualité. Même son interface en « double feuillet », avec deux écrans supplémentaires orientés vers l'extérieur du casque et qui permet à l'entourage de « voir » les expressions du porteur du casque, participe au final à cette gêne souvent signalé par les testeurs et les utilisateurs, une fois l'enthousiasme initial dissipé. Hermétique – la « coque d ‘étanchéité » fait l'objet d'un choix raisonné lors de la prise de commande – peut entraîner une gêne avec une sensation de température excessive. Paradoxalement, le Vision Pro souffre également de l'autonomie limitée à 2h de sa batterie externe pour limiter le poids du casque, et qui est parfois gênante lors ce que l'on veut se déplacer avec le casque sur le nez.

Du point de vue logiciel, le système d'exploitation vision OS et l'interface utilisateur n’en sont qu’aux prémices, même si bien entendu ils sont susceptibles d'évoluer et de s'améliorer en permanence : la WWDC du début du mois de juin a ainsi permis de présenter les améliorations au niveau de l'interface et de la sensation d'immersion, améliorations qui seront disponibles à l'automne, avec  Vision OS 2.0.



Ce casque proposé par Apple est-il un modèle haut de gamme ? Son budget est-il conséquent ? Est-il beaucoup plus cher que la concurrence sur le marché comme le Meta Quest 3 ou par rapport à un casque de réalité virtuelle ?

Traditionnellement, lorsqu'elle s'attaque à un marché, Apple vise systématiquement le haut du spectre, tant en matière technologique qu'en matière tarifaire, quitte a décliner sa vision de manière plus accessible, de plus en plus vers un public plus large. Bien qu'en l'occurrence, Apple semble avoir fait des efforts de modération pour son casque de réalité augmentée : c'était déjà le cas pour le marché américain, selon certaines sources ordinairement fiables, mais c'est effectivement le cas pour le marché européen. Avec un prix hors-taxes de 3500 $ en entrée de gamme pour le marché américain, on craignait une « douloureuse » de l'ordre de 4500 € TTC en Europe et en France, singulièrement.

Or, il n'en est rien : le Vision Pro est proposé au prix de 3999 € pour la version d'entrée de gamme à 256 giga de stockage, 4249 € pour la version 512 giga de stockage et 4499 € pour la version 1 To. À titre de comparaison, le Meta Quest 3 est proposé au tarif de 549 €, mais avec une vocation essentiellement ludique, moins de capteurs et une finition « plastique », nettement moins durable. Autre avantage pour le Vision Pro, Apple propose sur le Vision Store pas moins de 2000 applications natives spécialement développées pour la plate-forme, et 1,5 millions d'application « compatibles» issues du catalogue iOS ou iPadOS.

C'est peut-être avec le HoloLens de Microsoft que la comparaison aurait pu être la plus pertinente, pour ses usages professionnels, mais le géant de Redmond à annoncé à la fin de l'année dernière qu'ils en abandonnaient la fabrication.



Pourquoi ce casque de réalité mixte suscite un grand intérêt ? Quels sont ses principaux usages et ses fonctionnalités les plus innovantes ? En quoi est-il révolutionnaire par rapport aux casques de réalité virtuelle ?

Très habilement, Apple a su susciter l'intérêt avec les usages grand public de son interface immersive : avec les photos, le cinéma, les séries. Mais ce n'est pas pour soutirer davantage d'argent  à ses primo acheteurs qu’Apple a  accollé le suffixe « pro » à son casque de réalité virtuelle : celui-ci est véritablement destiné à des usages professionnels, même si des usages ludiques, récréatifs, sont également présents et mis en avant par Apple pour capter l'attention.

Les applications natives  d’ Apple, fournies avec toutes ses plates-formes, bien entendu bénéficient au premier chef de ses innovations dans l'interface et l'immersion, Safari, Mail, Photo, FaceTime, Notes, mais les compétiteurs historiques d’Apple ne s'y sont pas trompés. Dès le lancement aux États-Unis, Microsoft a annoncé le portage d’Office 360 et de Teams sur la nouvelle plate-forme. Et Adobe en a fait autant pour LightRoom. Apple a également proposé tout récemment une version de Final Cut Pro dédiée à la plate-forme.

Encore une fois, il s'agit d'une véritable rupture paradigmatique, mais s’il fallait résumer d'un mot, ce qui est sans doute révolutionnaire, c'est cette capacité à intégrer les contenus numériques au sein de l'espace physique de l'utilisateur, et qui ne manque pas de littéralement « scotcher » celui-ci lorsqu'il coiffe le Vision Pro.



Ce casque présente-t-il des atouts pour le divertissement, la communication et le travail ou est-il préférable de l’utiliser dans certains domaines uniquement ?

Bien entendu, Apple ne s'est pas privée d'amorcer l'attention générale avec le divertissement. La visualisation des films, des séries ou des documentaires constitue une expérience étonnante tellement elle plonge l'utilisateur au sein de l'œuvre présentée, et la communication avec Zoom, Teams ou FaceTime. Tout ceci peut d'ailleurs représenter une rupture bienvenue dans un flux de travail, une pause propre à relancer la créativité et la productivité.

Mais dans cette première version, le Vision Pro est sans doute avant tout destiné aux professionnels. D’ailleurs, ceux-ci, n'ont pas attendu la disponibilité du Vision Pro sur le marché français pour s’y intéresser, et même se lancer, dans la production d'applications spécifiques pour la nouvelle plate-forme. C'est le cas de Décathlon, dont l'application a été citée en exemple par Apple, mais également pour une part conséquente des entreprises françaises.

Une étude en avril 2024 menée par www.sortlist.fr auprès d'un millier de dirigeants d'entreprises françaises, a montré que 64 % d'entre eux était prêt à investir dans la création d’expériences immersives avec l’Apple Vision Pro, dans une fourchette de 10 à 30 000 €, au premier chef dans des démonstrations virtuelles de leur catalogue. Les secteurs les plus intéressés par les expériences immersives de l’Apple Vision Pro sont l’e-commerce (78,9 %), la mode (77%) et les soins de santé (72 %).

Mais le potentiel est peut-être encore davantage représenté par les applications spécifiquement « métier », comme par exemple eXeX, qui a permis à une équipe chirurgicale londonienne de mener une véritable intervention chirurgicale sur la colonne vertébrale d'un patient, en présentant simultanément les données réelles du champ opératoire en même temps que les guides de procédure et d'autres données contextuelles dans des fenêtres virtuelles. Le casque d’ Apple a été qualifié à cette occasion de « game changer», réduisant les incertitudes et éliminant les erreurs humaines.

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