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Hôpital : blogs d'urgence
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Revue de blogs

Les hôpitaux publics, trop endettés, ne trouvent plus à qui emprunter. Le chaos quotidien de l'hydre peut être suivi chaque jour sur le Net, sur les comptes Twitter et les blogs des internes et des infirmières, qui se multiplient. Et bientôt peut-être sur des réseaux sociaux de soignants et de patients.

Depuis 2010, les internes, les infirmières, les généralistes, les urgentistes, tweetent et bloguent beaucoup, comme pour se sentir moins seuls, parler de l'autre côté de la blouse en louvoyant avec le secret médical, échanger avec des confrères ou nous tous. Il y a des stars dans cette famille de blogueurs, comme les généralistesBoréeet Jado, et toutes les spécialités sont représentées, en médecine de ville ou hospitalière : sage-femme comme Betadinepureinterne commeBlouse, et jusqu'au talentueux vétérinaire de campagne Boules de fourrure. Toute la Santé blogue actuellement, pour témoigner, et s'entraider.

Témoignages et échanges

La politique d'économie, Borée en a vu quelques petites conséquence, avec les médicaments prescrits en milieu hospitalier à ses patients. Les appels d'offres de somnifères sont souvent payés au prix fort. Comme ici.

Les blogs des internes et externes en hôpitaux regorgent de moments de panique où la vie du patient est suspendue à un simple système D. Apprenti Docteur raconte par exemple une nuit de garde épique en hôpital psychiatrique

@mademoiselleAA, une infirmière, a  été poussée par le succès de ses "tweets infirmiers", a ouvrir un blog, Dans ma blouse, où elle raconte -  très bien -  les misères, et petits moments parfois bien, de l'énorme machine à soigner. Le cas de Madame G.illustre le choc frontal de la course aux lits (la course au rendement) et de l'humain, dont  Madame G s'est sortie par miracle. Dernièrement, après une chute sur la tête, Melle AA a du rendre visite à un service qu'elle ne connaissait pas : les urgences. Elle a pu constater personnellement la dégradation de ce monde à part.

Une infirmière aux urgences

"(...) J’ai été mise sur un brancard dans un hall venteux. Puis transférée dans un couloir au milieu d’autres brancards, jusque là c’était presque marrant, quoique. Puis j’ai été retransférée vers 14h dans “un box” c’est à dire une pièce fermée avec rien dedans. Et ça ressemblait à ça :

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Photo du blog Dans Ma Blouse

Puis un médecin est enfin venu. Elle n’a pas regardé ma tête ni mon dos et encore moins ma nuque. Elle a testé mes réflexes neurologiques (coup de marteau dans le genoux, etc.) et m’a dit que je devais passer un scanner. J’avais une envie de faire pipi incroyable et j’ai demandé les toilettes et on m’a indiqué ça : 

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Photo du blog Dans ma Blouse

"(...) On me fait passer un scanner cérébral (mais c’est au final le seul endroit ou ça n’a pas cogné). On me retransporte de nouveau aux urgences, je suis désormais dans une pièce avec 7 autres personnes dont une dame en fin de vie qui venait de faire un accident vasculaire cérébral. Par soucis de place on me remet dans le couloir 15min plus tard. J’ai attendu 5h. PUIS J’AI CRAQUÉ. Sentiment de solitude intense, doute, je ne savais rien du résultat du scan. J’ai pleuré et le personnel passait à côté de moi sans me regarder comme si j’étais un vague objet posé là. Je me mouchais dans les draps de mon brancard et l’interne est arrivée me jetant les papiers en me disant de partir, que j’avais rien. J’ai eu le sentiment d’avoir été le parasite des urgences.Quand elle a vu mes larmes dans mes yeux, elle m’a demandé si j’avais mal. Bien sur que j’avais mal, depuis 10h du mat j’avais mal et j’avais pas bu ni mangé depuis 21h la veille. Elle m’a donc dit : “Bah fallait le dire voilà deux Doliprane et partez”. Puis elle m’a laissé là sur mon brancard en hauteur, les barrières levées. J’ai enjambé et je suis partie. Résultats de l’examen : dysmétrie du membre supérieur gauche, roomberg latéralisé à droite. (Et je ne sais absolument pas ce que ça veut dire.) J’ai oublié le détail de la vieille folle qui hurlait parce qu’elle voyait des “zigounettes partout”, mais ça reste un détail".

Les malades et les soignants en réseaux sociaux

Pour en savoir plus sur son cas, Melle AA a fait simple : elle a interrogé ses suiveurs sur Twitter. Et elle a eu les réponses. Apprenti docteur avait fait sur son blog cette profession de foi dans le pouvoir des médias sociaux pour la médecine : "Tous les jours sur Twitter et sur de nombreux blogs, vous pouvez lire des échanges entre professionnels de santé, que ce soit au sujet de la prescription de tel examen ou tel traitement devant le cas de tel ou tel patient vu en consultation, ou juste pour partager une expérience qui en vaut la peine. Parce que le métier de soignant est difficile et qu'il ne doit pas s'exercer seul, même lorsqu'on est médecin généraliste à 1h de tout service d'urgences".

L'étape suivante est en train de s'accomplir :  on assiste actuellement à l'apparition de réseaux sociaux structurés et spécialisés, qu'ils soient commerciaux ou 'citoyens', sur le modèle de patientslikeme.com (des patients comme moi) aux Etats-Unis : CarevoxCarenity en sont deux pionniers.

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