Guillaume Depardieu, l’enfant barbare<!-- --> | Atlantico.fr
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Guillaume Depardieu, à gauche sur la photo.
Guillaume Depardieu, à gauche sur la photo.
©wikipédia

Atlantico Lettres

François Bernheim et Sylvie Matton racontent la vie brève et agitée d’un héros singulier. Une critique du journal Service Littéraire.

Philippe Tesson

Philippe Tesson

Journaliste, fondateur et directeur du Quotidien de Paris de 1974 à 1994.

Chroniqueur habitué des studios de radio et des plateaux de télévision.

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"Je suis l’estropié/ Le mutilé… "ou bien encore : "La patience me quitte/ Quand je vois l’impudence/ Quand j’entends la prudence/ L’interdit m’excite/ Ce dont je souffre c’est d’ardeur…". Et aussi : "Je fais ce que je veux de mon corps…". C’était Guillaume Depardieu. Un mauvais garçon la rage au ventre mais la joie dans le cœur. Un voyou qui ressemblait à l’amour. Un enfant barbare. Tantôt l’ange tantôt la bête. Lumineux et sombre tout à la fois, capable de violence autant que de douceur. Écorché vif. Inachevé. Dans un beau livre plein de tendresse, François Bernheim et Sylvie Matton racontent, à l’occasion de la sortie d’un album de ses chansons qui paraît sous le titre “Post Mortem”, la vie agitée et brève de ce diamant noir. Brève : on se rappelle qu’il mourut à 37 ans au terme d’une longue maladie provoquée par un accident tragique suivi de l’amputation d’une jambe. Ce récit est à deux voix : celle de Bernheim, compositeur reconnu et ami intime de longue date de Depardieu, qui mit en musique les poèmes de celui-ci, et celle de Sylvie Matton, écrivain sensible, qui nous offre un roman biographique émouvant nourri des souvenirs de Bernheim.

Abondamment documenté, ce livre de mémoire décline les multiples talents de ce héros tragique. La musique d’abord et par-dessus tout. Les musiques, de Mozart au rap, au rock, à la pop, au slam, et surtout la chanson dans laquelle il exprimait « de sa voix chaude et épaisse » ses révoltes, ses joies et ses douleurs. « Un cri de guerre pour la vie » écrit Sylvie Matton. Le cinéma et le théâtre ensuite. Et au travers de ce large spectre, un combat inépuisable pour la vérité et contre l’ignorance, pour la justice et contre la misère des hommes. Ainsi se dessine au long des lignes le portrait d’un héros singulier, extravagant et généreux, dont la légende a surtout retenu l’image anecdotique d’un "boiteux tumultueux", alors que nous découvrons un poète, "un être profond et solaire" dit Sylvie Matton, un enfant de la grâce. On lit avec une égale émotion le récit des années heureuses, l’enfance dans la maison de Bougival, le salon de musique, Élisabeth au piano, Gérard aux fourneaux, Julie dans le jardin à l’anglaise, la vie légère, et celui des années noires, les dérives, la drogue, la prison, le lent déclin vers la mort. Et ce cri final : "Je fais ce que je veux de mon corps/Car je ne dispose pas de mon sort".

A lire : Guillaume Depardieu, Bande originale, de François Bernheim et Syvie Matton, Grasset, 232 p., 15,90 €

Source : Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Éric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc . Pour vous y abonner, cliquez sur ce lien.

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