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François Hollande : le début de la fin c'est maintenant ?
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

François Hollande a une nouvelle fois lié son destin politique à l'emploi en annonçant qu'il ne pourra et même ne voudra pas être candidat à sa réélection si le chômage ne baisse pas d'ici 2017. Un bien mauvais calcul.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - L'inversion de la courbe présidentielle

En se jetant un gant à lui-même et en annonçant qu'il ne pourra et même ne voudra pas être candidat à sa réélection si le chômage ne baisse pas d'ici 2017, François Hollande n'a pas, pour une fois, fait preuve de son machiavélisme ordinaire.

Le précédent du pari raté sur l'inversion de la fameuse courbe lui interdit en effet toute aventurisme en ce domaine, sauf à avoir perdu le sens commun, ce que nous ne pouvons imaginer en républicain respectueux des institutions. Plus simplement, la lassitude "hollandaise" doit être grande et le départ précipité d'Aquilino Morelle n'a pas dû améliorer l'ambiance élyséenne. Le pare-feu offert par Manuel Valls aura une durée d'efficacité limitée, Hollande le sait. Le nouveau Premier ministre est avant tout un homme de communication et de médias, ce qu'a montré la précipitation avec laquelle il a escamoté le nouveau porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, sur le perron de l'Elysée, pour annoncer son plan d'économies. C'est l'apparence du pouvoir plus que sa réalité que Valls cherchera à concentrer en vue de 2017. En faisant venir Jouyet à l'Elysée, Hollande a mis en place la cellule qui sera seule détentrice réelle du peu de marge de manoeuvre qui reste à l'Etat.

Le raisonnement présidentiel comporte toutefois une faille. Même si les prévisions de croissance annoncées par Sapin étaient au rendez-vous d'ici 2015, ce timide regain ne serait pas suffisant pour faire baisser le nombre des sans emplois de manière électoralement sensible. C'est donc dans une sorte de nasse que s'est volontairement/involontairement engagé François Hollande.

Imagine-t-on qu'il s'agisse simplement pour lui de gagner du temps, de faire retomber la pression, de calmer une opinion profondément irritée en faisant miroiter aux Français le moment où il aura quitté ses fonctions ? La calcul serait périlleux. Au contraire, en minant ainsi son autorité, Hollande risque plutôt de galvaniser ses contestataires.

Son annonce a en outre de nombreux effets pervers. Hollande a-t-il réalisé que lier son destin à la baisse du chômage risque d'inciter l'immense majorité des chefs d'entreprise, qui le détestent, à limiter les embauches ? La composante psychologique et politique dans les décisions de recrutement et d'investissement n'est jamais nulle et il est à tout le moins risqué de faire comme si elle l'était. L'espoir d'un retour de la croissance à des taux mirifiques à partir de 2016 repose, énonce Bercy, sur un "choc de confiance" alors que la défiance rôde.

De même, si au début de 2016 au plus tard, il apparaît que le pari présidentiel ne peut en aucune manière être gagné, comment imaginer qu'Hollande puisse encore gouverner ? L'envie d'en finir commence-t-elle déjà à transparaître du défi présidentiel ?

J'étais le premier, dès septembre 2012, à évoquer l'hypothèse de la tentation de la dissolution. Aussi serai-je le premier à dire, aujourd'hui, qu'elle ne servirait à rien dès lors que la droite victorieuse, instruite des manoeuvres mitterrandiennes et soumise à la rude pression européenne, ne pourra longtemps supporter un président dont à juste titre elle se méfiera.

Au contraire, le gouvernement sera incité à rejeter sur l'Elysée le mistigri de l'impopularité qui le menacera bien vite. Une crise institutionnelle semblable à celle qui emporta jadis Mac Mahon, où François Hollande serait poussé à se démettre par un Premier ministre désireux d'endosser les habits de Gambetta, n'attendrait certainement pas 2017 pour se manifester.

En vérité, le destin moi-présidentiel est désormais entièrement entre les mains de Bruxelles et, plus encore, de nos bailleurs de fonds étrangers qui peuvent parfaitement exiger du Trésor français le versement de taux d'intérêt en hausse quand bien même la banque centrale chercherait à faire baisser ceux de l'Euroland en général. Dépendre ainsi de la finance ennemie, celle fustigée au temps lointain de la tribune du Bourget, voilà qui peut donner envie de laisser tout tomber même si la politique a pour nécessité l'abandon de tout amour propre apparent. Osons un trait de psychologie. Pour être réélu en 2017, il faudrait d'abord que François Hollande ait envie de continuer cette vie de chien jusqu'en 2022 jusqu'à 68 ans donc et, franchement, on pourrait comprendre que ce ne soit pas le cas.

2 - La liposuccion du mammouth

Quand ça rogne, ça grogne ... Plutôt que de prendre le taureau par les cornes, le gouvernement continue à privilégier l'usage du rabot sur les traitements des fonctionnaires, les pensions des retraités et le statut fiscal des familles nombreuses. L'enfumage continue : on apprend que les recrutements dans l'éducation nationale se limiteront à 35 000 emplois puis que l'objectif de 60 000 est maintenu mais que tout dépendra des capacités d'embauche. Bref, le tout et son contraire a de beaux jours devant

La tactique qui consiste à liposucer le mammouth plutôt qu'à le faire maigrir, à procéder par petites touches pour éviter l'explosion sociale n'a qu'un défaut mais il est de taille : la bête peut se réveiller soudain alors même qu'aucun résultat réel n'a été obtenu. C'est très exactement ce qui s'est passé depuis deux ans en matière d'économies budgétaires où les seules vraies réductions de la dépense publique ont été dues au reflux des taux d'intérêt. Tous les autres postes ont continué à dériver au même rythme qu'avant l'élection de François Hollande et la baisse insignifiante du déficit en 2013 n'a été acquise que grâce à des hausses d'impôt qui plombent la croissance.

Puisque désormais il n'est plus question d'alourdir le fardeau fiscal mais au contraire de l'alléger au moins symboliquement, l'incohérence et le reniement sont les seuls fils conducteurs apparents de la politique gouvernementale. Combien de temps peut-on gouverner un peuple en ne comptant que sur sa résignation ?

3 - Eloge du cireur de pompes

Pour une fois, ce pauvre Aquilino morelle en a fait les frais, le cirage de pompes n'est pas payant dans les allées du pouvoir. Quelle hypocrisie ! Si vous ne pouvez plus jouir des apparences du pouvoir, à quoi bon être socialiste, autant aller travailler dans le privé pour peu qu'on veuille de vous ...

A qui profite la crème ? Ne serait-ce que vengeance, complot ourdi par quelque jaloux ? Puisque, dit-on, Morelle a eu la tête d'Ayrault et fait de Valls un vice-roi, ce serait donc l'ancien Premier ministre ou un de ses séides qui aurait ciré le parquet sur lequel Morelle a glissé de toutes ses belles chaussures ?

Nous suggérons un jeu de Cluedo pour élucider cette ténébreuse affaire, aussi noir qu'un cirage, aussi brillant qu'un conseiller du prince ou qu'un mocassin.

A lire de l'auteur de cet article :  "L'enfumeur", de Serge Federbusch, (Ixelles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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