Fabien Roussel, un « Zemmour positif » pour la gauche ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Fabien Roussel en meeting à Marseille : la nature a horreur du vide. Elle le comble par "ruissellement".
Fabien Roussel en meeting à Marseille : la nature a horreur du vide. Elle le comble par "ruissellement".
©Christophe SIMON / AFP

Roussellement

Roussel, double positif de Zemmour, est en train de rallumer les Lumières à gauche. Il ne va pas gagner l’élection mais il va faire du bien à cette campagne.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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A l’intérieur de son propre univers, Fabien Roussel est à Jean-Luc Mélenchon ce qu’Eric Zemmour est à Marine Le Pen : le disruptif inattendu qui se réapproprie les fondamentaux abandonnés, lutte des classes, universalisme et laïcité en tête.

Et il y a une vraie attente, les insoumis devraient rapidement s’en rendre compte, même s’il pourrait ne s’agir que d’un feu de paille — ce qui s’applique d’ailleurs à Zemmour. On le dit et on le répète, la gauche est orpheline. Les modernes et les CSP+ qui votaient PS sont allés chez Macron, les archéos et les ouvriers qui votaient PC sont allés chez Le Pen et Mélenchon, et le reste s’est dispersé entre abstention et officines sociétales qui crachent sur Charlie et n’ont pas d’yeux pour voir les poupées qui n’en ont pas non plus (ce qui les change de n’avoir pas de mains, comme disait Péguy, mais ça reste assez handicapant).

C’est sûr, s’il était moins « non-reconstruit » économiquement, il ratisserait encore plus large. Mais bon, c’est tout de même le leader du parti communiste. On ne peut pas tout avoir. 

En tout état de cause, tout comme Zemmour double Le Pen sur sa droite, Roussel déborde Mélenchon sur sa gauche en parlant à nouveau de République, d’esprit des Lumières, de rationalisme scientifique et, surtout, de progrès social. Il dit que les pauvres devraient avoir le droit d’avoir du boulot bien payé plutôt que des allocs, de l’entrecôte saignante et du pinard plutôt que du quinoa et du lait d’amandes... Il dit qu’ils devraient aussi avoir le droit de se chauffer au nucléaire sans CO2, le même nucléaire qui permettra aux usines de revenir (et donc de leur offrir ces jobs bien payés et ces belles entrecôtes).

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Dans cette vallée de larmes qu’est la France, où les politiques passent leur temps à râbacher à quel point nous sommes nazes et largués, il parle de lendemains qui chantent et de fraternité joyeuse comme dans un banquet de fin d’album d’Astérix. De fait, c’est tellement « français » au meilleur sens que ça séduit même à droite, chez ceux dont il promet pourtant de prendre tout le pognon s’il est élu.

Il reste encore quelques semaines avant que les choses ne se stabilisent, mais on va désormais compter les têtes dans les meetings, les points dans les sondages et les défections avec une attention redoublée. Déjà, le lider minimo s’est fait piquer sa députée suppléante, Sophie Camard, par ailleurs maire d’arrondissement d’un Marseille arc-en-ciel qui en pince plutôt pour Taubira et son lyrisme creux. Bon, c’est sûr, il ne va pas devenir président mais, toujours comme Zemmour sur l’autre rive, il va contribuer à la remise des pendules à l’heure sur ces fameuses « valeurs ». 

Si Zemmour est le pire truc qui nous soit tombé sur la figure ces derniers temps, Roussel est possiblement le meilleur.

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