Clubhouse : voilà tout ce qu’il vous faut savoir sur l’application qui séduit stars et super-cerveaux de la planète (et comment y être invité) <!-- --> | Atlantico.fr
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Une photographie d'illustration montre l'application Clubhouse sur un smartphone.
Une photographie d'illustration montre l'application Clubhouse sur un smartphone.
©Odd ANDERSEN / AFP

La Minute Tech / Ne vous couchez pas idiot

Clubhouse est la nouvelle application dont tout le monde parle. Clubhouse est basée sur des conversations orales en direct, à suivre à plusieurs. L’accès n’est possible que par le parrainage d’un utilisateur déjà inscrit.

Anthony Poncier

Anthony Poncier

Anthony Poncier est Docteur en Histoire, membre du collectif Réenchanter Internet et expert en transformation digitale et en stratégies collaboratives. En cette qualité, il accompagne les entreprises dans la conception de leurs stratégies médias sociaux, ainsi que dans la création de leurs réseaux internes.

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Atlantico : Clubhouse est le nouveau réseau social à la mode. Lancé l’an dernier, il attire les personnalités les plus influentes. Comment expliquer ce succès ?

Anthony Poncier : Clubhouse est une application qui fonctionne uniquement avec la voix. C'est la seule façon de pouvoir échanger. Il n'y a pas de messages, ni de tchat ou de vidéo. Cela fait déjà quelques années que les podcasts reviennent en force et Clubhouse vient surfer sur cette vague de la voix.
Le concept a pris très vite. Ce succès rapide est sans doute lié à l'isolement dû au Covid mais pas que, car Clubhouse a su marquer une vraie spécificité, un peu comme Twitter avec ses tweets. D'ailleurs, Clubhouse rappelle un peu Twitter à ses débuts. Il y avait longtemps qu'on n'avait pas eu cette impression spéciale de découvrir un nouvel espace d'échange.
Le réseau compte 10 millions d’utilisateurs, dont environ 50 000 en France. L’application est (pour l’instant) uniquement disponible sur iPhone et sur invitation. Clubhouse vient de recruter des développeurs Android et il est question qu’au deuxième trimestre on puisse accéder au réseau sans invitation et sur Android.  
C'est le réseau dont tout le monde parle. On a pu y voir des personnalités comme Mark Zuckerberg et Elon Musk aux Etats-Unis ou Xavier Niel en France. Clubhouse commence à s'ouvrir de plus en plus mais à la base c'était surtout des gens du milieu des start-ups de la communication et du marketing qui utilisaient l’application. Pour les hommes politiques, Clubhouse va peut-être devenir un incontournable. Faire campagne sur le marché ou dans les meetings va devenir compliqué. Avec Clubhouse ils ont une vraie audience et peuvent avoir facilement les retours du public.

Pourquoi faut-il avoir une invitation pour y accéder ?

Cela peut sembler surprenant mais il ne faut pas oublier qu’à ses débuts, Gmail fonctionnait aussi par un système de parrainage.
Ce n’est pas très compliqué de trouver une invitation. Les gens qui sont actifs sur Clubhouse en reçoivent régulièrement à redistribuer. Pour moi, la vraie barrière à l'entrée, c'est surtout le fait de devoir posséder un iPhone.
Au-delà de faire monter l'envie et donner cet effet "club", ce système d'invitation (et d'ouverture du réseau pays à pays) permet de gérer la montée en charge des serveurs de l'application. Ils étaient dix employés dans l’entreprise quand l’application a commencé à être de plus en plus populaire. Cela simplifie aussi la question de la modération qui demeure sensible.

Comment fonctionne le réseau social ? Comment se déroulent les échanges ?

C'est une sorte de palais des congrès avec plusieurs salles de conférences qu’on appelle « room ».  Celles-ci peuvent être ouvertes ou fermées. N'importe qui peut monter sur la scène (« stage ») pour s'exprimer. Pour cela il faut cliquer sur une icône de main et attendre que le modérateur de la salle vous donne la parole. Certaines salles comptent plusieurs dizaines de personnes et il faut parfois faire la queue pour s'exprimer.
Il y a sur Clubhouse un mélange de sachants qui viennent partager leur savoir et de néophytes qui viennent poser des questions. Il y a une interaction très horizontale où n'importe qui peut monter sur scène et parler avec des personnalités.
Les discussions ne peuvent pas être enregistrées - l'application se bloque si on fait une capture vidéo. Si on veut enregistrer avec des moyens externes, il faut le notifier aux autres utilisateurs. Il y a un vrai choix de Clubhouse de créer une "safe zone". Et c'est vrai que pour l'instant, les gens sont plutôt bienveillants, les échanges se passent bien. Là aussi ça rappelle Twitter à ses débuts. Je ne sais pas si ça va perdurer quand il y aura plus de monde sur le réseau. Pour le moment c'est particulièrement bienveillant.

Qu’en est-il de la modération ?

Modérer la voix n'est pas quelque chose de facile. Ce qui se dit dans les rooms est enregistré sur les serveurs de Clubhouse et reste quelques jours. Si quelqu’un signale des propos qui ont été tenus, Clubhouse va écouter et intervenir si besoin. Clubhouse peut bannir des utilisateurs en cas de débordement. Si une personne est bannie du réseau, le parrain se fait virer en même temps. Ça incite les utilisateurs à avoir un comportement correct et à ne pas donner des invitations à n’importe qui.

La voix est-elle la nouvelle mine d’or de la Silicon Valley ?

Le réseau est maintenant valorisé 1 milliard de dollars, ce qui pour un réseau qui a moins d'un an est plutôt impressionnant. Il y a des gros fonds de la Silicon Valley derrière qui ont décidé de pousser particulièrement ce type de réseau. En le valorisant de manière aussi importante et aussi rapidement, ça évite une potentielle tentative de rachat par des réseaux concurrents. La Silicon Valley était devenue une sorte d'Hollywood qui reproduisait uniquement ce qui marche. Là pour une fois, il y a une prise de risque parce qu'on a poussé quelque chose de vraiment différent.
Il commence déjà à y avoir des clones. Twitter a lancé son nouveau service construit autour de la voix « Twitter Spaces » et Facebook a annoncé réfléchir à un concept similaire. 

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