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Mélanie Laurent et Cyril Dion ont reçu le César du meilleur documentaire pour "Demain".
Mélanie Laurent et Cyril Dion ont reçu le César du meilleur documentaire pour "Demain".
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Revue de blogs

"Merci aux 10 000 anonymes qui ont financé ce film" : en primant le documentaire "Demain" les César accueillent un nouveau profil d'oeuvre, les films dits militants, financés par les internautes et les causes ou projets de société qu'ils défendent. Pour une fois, l'optimisme et la foi font recette.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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Affiche du film "Demain"

Le 27 mai 2014, Mélanie Laurent et Cyril Dion se filmaient pour demander aux internautes de financer un film sur d'autres façons de produire, de consommer, d'éduquer et de vivre. Voici leur vidéo fondatrice :

En contrepartie, les financeurs recevaient, par exemple, la plantation d'un arbre dans une coopérative au Ghana. Le 29 juillet, YouPhil "Le magazine des solidarités" annonçait la collecte de "444.390 euros en soixante jours auprès de quelque 10.266 personnes.". C'était déjà un record, par le montant, la rapidité, et uniquement par la force des réseaux sociaux. "Quel atroce déluge de bons sentiments !' commentait à l'époque "Griffon". Peut-être, mais ces bons sentiments-là, portés à bout de bras par une page Facebook et l'activité des réseaux amis, ont obtenu le César 2016 du documentaire. Les contributeurs de la première heure sont fiers, les spectateurs qui ont découvert le film durant les projections-débat locales organisées à la demande, de bibliothèques en centres culturels, ravis.

Le Tumblr de Anne Christelle résume : 'Pour une fois, parler d'écologie d'une façon positive, en montrant les actions que des personnes font/réalisent à travers le monde sans avoir à forcément se tourner vers les états, la politique". Bien sûr, "Demain" peut irriter. Estelle le confirme "Un peu bobo et très participatif. Sans ambages, le film n’échappe pas à l’écueil du parti pris facile, du tout noir, tout blanc et du bobo admiratif en voyage. Pour autant "Demain" distille cette dose d’audace inspirante et d’exemplarité pragmatique qui révèle la capacité de chacun à transformer ses rêves en projets, pourvu qu’il les orchestre avec détermination et opiniâtreté. S’il vous est arrivé de vous sentir impuissant face à l’ampleur d’une tâche, si vous êtes parfois tentés de verser dans un certain fatalisme stérile,(...) Demain met le pied à l’étrier". Jérôme a des tas de réserves, et en a marre des bisounours, mais... "Nous avons rarement des soirées libres sans enfants. Alors, lorsque mon épouse m'a dit qu'on devait aller voir "Demain", j'ai direct dit non. J'en ai un peu assez de rabâcher des idées que je connais depuis maintenant quelques années sans en voir le bout du tunnel (...). Et puis, le film vu :" Ce film, c'est un peu le pays des bisounours. On occulte les problèmes de conflit religieux etc ... MAIS C'EST UN ESPOIR".

Avec ses 700 000 entrées, plus que le film de Al Gore sur le changement climatique, "Demain'"fait s'interroger sur le futur de cette dynamique. Une utopie qui peut aller plus loin? Ceux qui s'interrogent partagent sur Twitter l'analyse du sociologue Bruno Maresca qui regarde surtout vers l'Afrique et l'Asie, où naissent les classes moyennes dominantes et les pratiques de consommation pas du tout écolo de ce 'demain. Mais il reconnait : "Ce que nous dit Demain, qui est incontestablement positif, c'est que les classes moyennes occidentales veulent se réapproprier la gestion de leur vie quotidienne, à l'échelle de leurs territoires de vie, à travers des initiatives collectives où règnent la bonne volonté et la bienveillance. Elles sont engagées dans un mouvement de prise de conscience d'elles-mêmes, de leurs intérêts, de leur besoin de vivre et de consommer autrement. Or cette "conscience de soi" est précisément ce que les classes moyennes avaient perdu au tournant des années 80. Quand les luttes sociales se sont diluées, l'accès au bien-être et à la consommation de masse se sont conjugués pour réduire la classe moyenne à l'état de simple rouage, indispensable au fonctionnement de l'économie mondialisée."

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