Ces impressionnantes performances environnementales françaises dont les écologistes ne veulent surtout pas que vous en entendiez parler<!-- --> | Atlantico.fr
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D'après le rapport du Citepa publié en juin 2022, les émissions de polluants ont considérablement baissé depuis 1990 en France.
D'après le rapport du Citepa publié en juin 2022, les émissions de polluants ont considérablement baissé depuis 1990 en France.
©GERARD JULIEN / AFP

Atlantico Green

Selon le rapport du Citepa publié en juin 2022, les émissions de polluants ont considérablement baissé depuis 1990 en France.

Michel de Rougemont

Michel de Rougemont

Michel de Rougemont, Ingénieur chimiste, Dr sc tech, est consultant indépendant. www.mr-int.ch. Par ses activités dans la chimie fine et l’agriculture, il est confronté, sans les craindre, à maints défis liés à la sûreté des gens et l’environnement. Son essai intitulé “Réarmer la raison. De l’écologie raisonnée à la politique raisonnable” est en vente en ligne sur Amazon.
Il a aussi publié un essai critique “Entre hystérie et négligence climatique”. Il anime un blog blog.mr-int.ch, un site sur le climat climate.mr.int.ch et un autre site sur le contrôle biologique en agriculture about-biocontrol.mr-int.ch.

 

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Atlantico : Selon le rapport du Citepa publié en juin 2022, les émissions de polluants ont considérablement baissé depuis 1990 en France : pour la plupart, la réduction est supérieure à 50% et pour certains polluants, la baisse des émissions dépasse le seuil des 90%. A quoi est due cette forte baisse des émissions de polluants en France ? Quelles peuvent être les conséquences d’une telle baisse en matière de qualité de l’air et de santé publique ?Alors qu’on ne peut que se réjouir d’une baisse aussi forte des émissions, devons-nous relativiser ces chiffres ? Certains facteurs, comme l’externalisation de notre industrie et la désindustrialisation qui exporte les émissions dans d’autres pays permet-elle de faire baisser artificiellement nos émissions ? A quel point ces facteurs sont-ils importants pour expliquer cette baisse de nos émissions ?

Michel de Rougemont : Parmi les bonnes nouvelles remarquables, il y a le fait que les émissions de polluants atmosphériques ont fortement diminué en France au cours des trente dernières années. Alors qu’un discours dominant parle d’un environnement devenant intenable, cette information fournie par le CITEPA[1] dans un rapport détaillé ne manquera pas de le contredire vertement.

Ainsi, les émissions des polluants qui envahissent nos bronches ont, depuis 1990, diminué de 67% pour les oxydes d’azote (NOX), de 67% pour les composés organiques volatils (méthane exclu), de 74% pour les poussières fines (PM2.5), de 89% pour les hydrocarbures perfluorés (PFC) et de 92% pour le dioxyde de soufre (SO2). Ces chiffres impressionnants méritent d’être cités, surtout en les mettant en relation avec une croissance démographique de 15% et économique de 135% pendant la même période (source : INSEE). Faire bien moins sale en produisant plus semble contre-intuitif.

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À quoi faut-il attribuer ces résultats ?

Des esprits chagrins les expliqueront par l’exode des activités industrielles, et donc à une exportation de la pollution vers des manufactures situées à l’étranger, en particulier là où les normes environnementales seraient moins sévères. Pourtant cette explication ne tient pas car l’industrie française a aussi cru considérablement, de 46%, bien que moins fortement que l’économie en général. Une augmentation proportionnelle des émissions polluantes aurait pu être attendue, ce qui ne fut pas le cas. Ce serait par ailleurs accuser les producteurs étrangers, sans preuve, d’une sorte de recel de pollution ; eux aussi ont progressé dans ce domaine, dans leur propre intérêt et, en partie, grâce aux technologies qui leur ont été transférées.

Cette amélioration est avant tout due à des progrès technologiques, eux-mêmes suscités par des normes toujours plus sévères. Un des meilleurs exemples est le moteur diesel, malgré les scandales qui furent révélés à propos du non-respect de ces normes et des astuces frauduleuses utilisées pour valider des véhicules défaillants. Pour les oxydes d’azote, les limites maximales actuelles (EURO6) sont douze fois plus basses qu’en 1992, et 28 fois pour les particules fines. De plus elles sont largement satisfaites, sans tricher, et leur mise en place fut aussi accompagnée d’une amélioration du rendement énergétique, devenant ainsi le meilleur mode de propulsion à moteur thermique. Pourtant, après des décennies de promotion du diesel, celui-ci est maintenant désigné comme scélérat, sans plus savoir pourquoi, puisque la cause a disparu. Les fraudes n’étaient donc pas seulement criminelles, mais sottes car contreproductives.

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Des améliorations technologiques ne suffisent pas, il faut encore que les équipements correspondants soient changés ou adaptés, ce qui prend du temps. Par exemple, il s’est écoulé une vingtaine d’années entre l’introduction de l’essence sans plomb et l’élimination définitive du carburant qui en contenait. Les émissions de plomb ont ainsi été totalement éliminées.

Les interactions entre normes et technologies sont critiques. Si le législateur désire imposer des standards trop rigoureux au point que la technologie n’est pas en mesure de les atteindre, alors l’échec est certain. Ces normes sont le résultat d'évaluations solides des risques et ne doivent pas être arbitraires, ce qui s’oublie trop souvent dans les milieux politiques et dans les rédactions. Mais, de leur côté, les industriels concernés ont besoin d’une pression suffisante qui les poussera à l’action, par exemple, investir en recherche et développement. Les bons résultats qui ont été obtenus sont le fruit de cette dialectique.

Réduire les émissions, les tonnages diffusés dans l’atmosphère, est une chose. Cela n’empêche pas que, localement et temporairement, des épisodes de concentrations de polluants puissent dépasser les normes fixées. Le quidam ne mesure pas les tonnes mais ressent éventuellement le microgramme par mètre cube, ce qui rend la régulation nécessaire afin de protéger sa santé. Celle-ci s’est clairement améliorée, la femme française gagnant 4,6 années d’espérance de vie depuis 1990 alors que l’homme, en phase de rattrapage, en a gagné 5,9. Cela est attribuable en partie à cette réduction constatée de la pollution atmosphérique. Le plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques en demande toujours moins, mais il devra trouver un jour ses limites, lorsque les immissions d’origine naturelle ne pourront plus être distinguées des artificielles ; on s’en approche.

La plus importante cause de progrès n’est pourtant ni la technique ni la réglementation, elle est économique. Lorsque les contraintes et les priorités sont telles que ni l'air ni l'eau ne peuvent être épurés et que les déchets s'accumulent sans être traités, il est encore plus difficile de parvenir au bien-être. Par sa richesse, la France, septième puissance économique du monde, peut se permettre des standards environnementaux ambitieux que d’autres pays ne pourraient pas atteindre. Elle le fait pour son bien et celui de son milieu naturel, et ce aux dépens de personne. C’est un avantage stratégique, de santé et de constance, dont il faut se réjouir.



[1]Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (CITEPA)
Le rapport contient aussi beaucoup d’informations à propos des gaz à effet de serre qui ne causent pas en soi des pollutions mais qui sont un facteur contribuant au changement climatique.

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