#cohousing : et si on vivait tous ensemble ?

En Angleterre, où il porte le hashtag #cohousing, on peut rêver devant le manoir de Postlip qui abrite huit familles en grand style historique autour d'un jardin et d'un poulailler bio. L'entretien est partagé, mais chacun vit chez soi. Il est possible de le visiter, le week-end, contre un coup de main au jardin, ou lors du Festival de la bière du manoir. L'habitat partagé n'est pas une co-location, ni une communauté. C'est vivre ensemble, mais chacun chez soi, en location ou propriétaire, dans un "village", écologique ou non, créé sous un seul ou plusieurs toits. La montée en puissance des pratiques citoyennes lui redonne un élan, bien perceptible sur les blogs où il déborde au-delà de la blogosphère écolo.

En région parisienne, Montreuil est la matrice du "coliving" depuis 1949 et l'historique lotissement des Castors, construit par ses habitants. Il a été imité au cours du demi-siècle suivant par plusieurs projets présentés dans un dossier de témoignages et données. Le Mouvement Colibri, un pionnier, dont Pierre Rabhi est l'un de ses créateurs avertit que le grand frein à l'habitat partagé en France reste la lourdeur administrative. Mais il y a des compensations et une centaine d'habitats collaboratifs ont réussi à les surmonter en France et à perdurer. La motivation est tout : Les Voisins volontaires, dans le Morbihan, font une campagne de levée de fonds par crowdfunding sur le site spécialisé Les petites pierres pour amorcer leur projet d'habitat partagé.

Sur Consoglobe, les habitants d'un habitat groupé de 10 logements, Anagram, dans le Nord, racontent leur parcours. Les cinq ans investis pour réaliser leur projet ne leur semblent pas trop lourds.

"Ce mode de vie est idéal pour donner aux enfants d’autres repères. Les membres de l’habitat groupé deviennent comme des oncles et tantes. Ils sont des références supplémentaires, d’autres adultes que les parents. Des liens se créent entre les enfants ; ils deviennent des cousins. Certains, même partis mener leur vie d’adulte depuis sont restés en contact. (...) Nous avons plutôt construit un niveau intermédiaire entre la vie familiale et la vie de quartier. Nous nous ouvrons aux autres en sortant du seul noyau familial et avons en même temps plus d’emprise sur notre cadre de vie". 

Tendance écolo, et militant : Habiterre, dans le Diois (Drôme) est un projet  ''qui tourne bien", dans un eco-hameau bâti face au spectaculaire massif du Vercors, et qui regroupe 32 habitants : "Nous ne voulons pas nous contenter du « sauve qui peut» et des solutions individuelles. Nous sommes préoccupés de ce que nous laissons en héritage aux jeunes générations tant au niveau de l’état de la planète que des raisons de vivre, de la qualité des relations humaines, de la justice sociale… Cette approche résulte de chacun de nos parcours d’engagement: nos implications solidaires auprès des plus démunis, notre action auprès des groupes et des personnes qui travaillent avec des valeurs d’humanité, de solidarité, notre militance au côté de ceux qui s’évertuent à changer les façons de penser, les façons de faire, les modes de vie consuméristes, la relation à l’argent, la qualité des rapports humains dans la vie quotidienne, au travail ou à la maison. Nous avons envie de vivre autrement dans notre quotidien". Plusieurs vidéos permettent de connaitre les habitants, les contraintes et les récompenses.

Carte de France des projets d'habitat partagé, Terraeco.net

Plus urbain, ou rurbain, CoHab.fr débute sous forme d'un réseau social de projets d'habitats partagés. Terra Eco avait  recensé en 2013 plus de 400 projets d'habitats partagés en cours. C'est en partie grâce à l'appui assez récent des mairies, séduites par le fort engagement social de ses habitants.

Strasbourg reste l'un des pionniers de l'habitat participatif, qui s'appelle en Alsace "autopromotion" et a inspiré les politiques. Le coliving alsacien a souvent plusieurs années d'expérience, mixe locataires et propriétaires, différentes générations, sous l'oeil bienveillant des élus.

Sur le site de l'association Les Habiles (Sud-Est de la France, majoritairement), de nombreuses petites annonces pour mieux cerner  l'offre, et le profil des candidats à une vie partagée, ainsi que sur celui du Réseau Inter régional de l'habitat groupé.