Sénat : débat houleux sur la parité, des noms d'oiseaux échangés<!-- --> | Atlantico.fr
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Les femmes se sont rebellées au Sénat jeudi soir
Les femmes se sont rebellées au Sénat jeudi soir
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Ca vole pas haut...

Le gouvernement propose un mode de scrutin décrit comme unique au monde et qui prévoit l'élection d'un binôme homme-femme de conseillers généraux dans chaque canton.

Le Sénat a la réputation d'un endroit d'échanges relativement calme. Rares sont en effet, les esclandres ou les prises de bec. Pourtant, jeudi soir les sénateurs se sont mis en rogne contre le scrutin paritaire dans les départements prévu par un projet de loi proposé par le gouvernement. Manuel Valls souhaite que l'on prévoit l'élection d'un binôme homme-femme de conseillers généraux dans chaque canton.

La droite UMP et centriste UDI-UC a vilipendé ce scrutin qui implique une division par deux du nombre de cantons et donc leur découpage. Les sénateurs communistes, qui souhaitent la proportionnelle, y sont également opposés, tandis que le RDSE (à majorité radicaux de gauche) est sceptique. Les élus de droite, tous des hommes, sont montés au créneau pour dénoncer un système "baroque", "loufoque" "invivable", jugeant qu'il défavorise les territoires ruraux.

Éric Doligé (UMP) ouvre le bal. "Faciliter la mixité, ce n'est pas passer de 13 % à 100 % d'un coup ! Ce sera très difficile à faire...", s'exclame-t-il. Le centriste Hervé Maurey lui emboîte le pas, qualifiant ce scrutin de "totalement baroque", de "gadget", et assurant que "beaucoup de femmes risquent de se retrouver dans le rôle de potiches". "De grâce pas d'obsession sexuelle collective. La parité doit-elle être absolue compte tenu de tout ce qu'on entend sur la théorie du genre, le mariage pour tous", lance Christophe Béchu (UMP). "C'est humiliant pour les femmes", renchérit Bruno Sido (UMP), qui propose de laisser ce binôme juste pour une mandature. Ainsi, les femmes "auront eu le temps de faire leurs preuves".

Piquées au vif, les sénatrices répliquent alors, s'inscrivant en rafale dans la discussion, d'abord à gauche puis à droite. "C'est inadmissible, scandaleux, accepteriez-vous messieurs, qu'ils soient tenus sur vous par des femmes. Nous ne sommes pas des gadgets", proteste Hélène Lipietz (écologiste). "Vous êtes contre tout simplement parce que ce système supprime la moitié des cantons et la moitié des hommes élus", ironise-t-elle. Laurence Rossignol (PS) tire ensuite à boulets rouges contre un débat "terriblement régressif", s'en prenant au sénateur UMP Bruno Sido qui fait une remarque alors qu'elle prend la parole. "Vous pouvez répéter tout haut, vous venez de dire : c'est qui cette nana ?. Bruno Sido, vous avez gagné la palme de la misogynie beauf de cette assemblée". Ne laissant rien passer, elle poursuit : "Qui vient de dire : calmez-vous ! à droite ?"

"Eh oui ! Encore une nana qui prend la parole", dit alors Catherine Tasca (PS). Isabelle Debré et Sophie Primas (UMP) entrent alors dans la danse, avouant qu'elles avaient voté contre la loi sur la parité, mais que sans cette loi elles ne seraient pas parlementaires. Elles pestent contre les "maladresses" de leurs collègues tout en critiquant le scrutin binominal. La centriste Jacqueline Gourault prend enfin la parole pour protester contre des mots "choquants". Le vote de l'article instaurant le nouveau mode de scrutin ne devait intervenir qu'en fin d'après-midi. Qui a dit qu'il ne se passait jamais rien au Sénat ?

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