Israël : La knesset adopte la mesure centrale de la réforme de la justice controversée <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Israël : La knesset la mesure centrale de la réforme de la justice controversée
Israël : La knesset la mesure centrale de la réforme de la justice controversée
©JACK GUEZ / AFP

Geste extrême

Défendue ardemment par les partis juifs ultra-orthodoxes et d'extrême droite la mesure, centrale dans la réforme de la justice poussée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats.

La fin du feuilleton politique ? Après plusieurs fois de protestations venant autant de la rue que de la société civile, des magistrats, de hauts officiels de l'armée ou même des milieux économiques, Benjamin Netanyahu y est arrivé : Sa majorité au Parlement israélien a voté lundi la mesure centrale du projet de réforme judiciaire porté par son gouvernement. Cette réforme, voulue par les partis d'extrême droite et ultraorthodoxes de son gouvernement, a provoqué le plus vaste mouvement de contestation de l'histoire du pays et suscite l'inquiétude de pays étrangers alliés.

Il vise notamment à museler la cour suprème, de par une modification des conditions de nomination des juges, conditionnées à un accord de la knesset, mais aussi d'invalider le droit de la Cour suprême d'invalider une décision du gouvernement, réduisant le champ du "caractère raisonnable" des lois pouvant être jugé par la cour. Malgré son caractère hautement controversée et impopulaire, les 64 députés de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont voté la mesure, sur un total de 120 sièges au parlement. Le vote s'est déroulé sans les élus de l'opposition qui l'ont boycotté, certains criant "honte, honte". Au première ligne dans la défense de cette loi, qui pourrait lui servir à éviter un procès pour corruption, Benjamin Netanyahu, 73 ans, a participé au vote en sortant rapidement de l'hôpital où il avait été admis pour la pose d'un stimulateur cardiaque.

Le contexte était tendu jusqu'à l'extérieur du parlement où la police avait dispersé peu avant des centaines de personnes au canon à eau, alors qu'elles tentaient de bloquer l'entrée du batiment à Jérusalem. Des routes étaient également bloquées par les manifestants. Depuis son annonce en janvier, le projet de réforme de la justice a provoqué l'éclosion d'un mouvement de protestation jamais vu dans l'histoire d'Israël, qui s'est intensifié à l'approche du vote.

Figure de consensus largement mis en avant devant le début de la crise, le président israélien Isaac Herzog a tenté jusqu'au bout de bâtir un compromis entre l'opposition et le gouvernement, évoquant "une urgence nationale", sans succès. Le gouvernement tient à cette loi qu'il estime nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs. Plus officieusement, les partis ultra-orthodoxes et d'extrême droite haïssent de longue date la cour suprème israélienne, accusée d'être un repère de gauchistes dévouée à détricoter toutes les lois que la droite ferait passer au parlement. Les détracteurs de la réforme y voient, eux, la marque d'une extrême droite de plus en plus sûre d'elle au point de menacer la démocratie et craignent qu'elle ouvre la voie à une dérive autoritaire.

De plus, l'intérêt de Netanyahu pour la réforme tiendrait beaucoup aux possibilités qu'elle lui ouvrirait pour éviter un procès pour corruption dans les affaires qui le suivent depuis quelques années. La clause supprimée, dite du "caractère raisonnable", l'avait déjà contraint en janvier, à la suite de l'intervention de la Cour suprême, à démettre de ses fonctions le numéro deux du gouvernement, Arié Dery, condamné pour fraude fiscale.

Les réactions internationales ne se sont pas faites attendre, Joe Biden en particulier, avertissant sur le risque de précipiter une réforme "source de division" et insistant sur la nécessité de trouver un "consensus". En Allemagne, la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock, qui s'est entretenue avec son homologue israélien, a souligné l'importance de "l'indépendance de la justice".

Dans le pays, l'opposition est fortement mobilisée, réunissant ce que Israël compte de citoyens laïques ou religieux modérés, cols bleus comme ingénieurs de start up, réservistes de l'armée et hauts fonctionnaires, dans un mouvement inédit pour le pays. Le chef de la centrale syndicale Histadrout, Arnon Bar David, est allé jusqu'à menacer le gouvernement d'une "grève générale si besoin est". Si cela devait arriver, ça serait à nouveau une première.

BFMTV

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !