Youtube retire le film "Innocence of Muslims" dans le monde musulman : Google entre précaution et reddition ?

Ce film fait l’objet actuellement de toutes les attentions sur la toile et a suscité d’importantes révoltes anti-américaines dans le monde musulman.

La Maison Blanche a demandé à Google de retirer le film de son site YouTube afin de ne pas susciter davantage de tensions.

L’attitude adoptée par Google reflète la complexité de la situation et met en exergue les différents intérêts en jeu.

D’une part, ce film soulève la problématique de la liberté d’expression et ses limites. Si le droit pour une personne de penser comme elle le souhaite et d’exprimer ses opinions comme elle le désire est considéré comme une liberté fondamentale, ce droit n’est pas absolu et peut être limité notamment en cas d’abus.

D’autre part, « L’innocence des musulmans » dénigre l’Islam et le prophète Mahomet et dès lors ne peut que heurter les sentiments de la communauté musulmane.

Il semble à première vue que Google ait pris parti de protéger la liberté d’expression en refusant de retirer le film de sa plateforme YouTube. Google a justifié sa décision en arguant de la conformité du film à sa charte d’utilisation en vertu de laquelle YouTube encourage la liberté d’expression et défend le droit de chacun à exprimer « des points de vue populaires ».

Cependant cette position ne peut être aussi tranchée et si Google a affirmé que la vidéo était conforme aux conditions d’utilisation du site, la société américaine reconnait néanmoins qu’il existe des sensibilités différentes.

C’est ainsi que la firme a interdit l’accès de ce film en Inde et en Indonésie conformément aux législations locales, et sera même peut-être contrainte dans les prochains jours de retirer cet extrait en Russie.

De même elle a préféré censuré cette vidéo en Egypte et en Lybie suite aux attaques de représentations diplomatiques américaines afin d’éviter d’attiser encore plus la colère de la communauté musulmane.

La position de Google est donc susceptible d’évoluer en fonction des réactions à venir et si la charte d’utilisation YouTube prône la liberté d’expression, Google affirme néanmoins que « nous n’autorisons pas les discours incitant à la haine, qui attaquent ou rabaissent un groupe en raison de la race, l’origine ethnique, la religion, le handicap, le sexe, l’âge, le statut de vétéran ou l’identité sexuelle ». Il serait donc peut-être opportun à Google de méditer sur ces termes au regard des proportions que ce film a pris à travers le monde.