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Yanis Kiansky – Allocab : "A l’inverse des VTC, les taxis ne savent pas ce que signifie service client, c’est catastrophique"
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L'interview Atlantico Business

Les taxis ont manifesté lundi contre la concurrence des VTC. Une nouvelle journée d’action qui a amené le gouvernement à nommer un médiateur pour enterrer une bonne fois pour toute ce dossier. Depuis la suspension, par le Conseil d’État, du délai de 15 minutes par les VTC avant la prise en charge d’un client, les taxis se sentent de nouveau menacés. Pour Yanis Kiansky, dirigeant et fondateur du VTC Allocab, il suffirait seulement que les taxis se remettent en cause.

Lundi a été marquée par une journée de grève de taxis, a-t-elle été moins violente pour vous que la dernière ?

A priori nous avons subi moins de dégradation. C’est aussi parce que nos chauffeurs ont été plus prudents. Nous avons évité d’honorer les trajets vers les aéroports en invoquant à nos clients des raisons de sécurité pour eux et nos chauffeurs. Sur le terrain, c’était relativement tendu, nos chauffeurs ont dû avoir recours à de nombreuses petites astuces pour travailler sereinement comme, par exemple, mettre le client à l’avant, comme si c’était un proche, un ami. Les taxis sont en colère, il y a vraiment un mal être dans la profession qui est compréhensible. Aujourd’hui, ils manquent de visibilité dans leurs investissements. Je rappelle qu’une licence coûte environ 200.000 euros. Je crois que c’est aussi le rôle du gouvernement de donner de la visibilité aux chauffeurs de taxis et aux usagers. Dans les grandes villes, c’est mission impossible pour trouver un taxi et ce, notamment à cause des grands centres radio qui sont vieillissants.

Le gouvernement a annoncé la mise en place d’une médiation sur ce sujet, qu’en attendez-vous ? Qu’allez-vous lui dire ?

En France, on est très fort pour engager des pourparlers, arriver à des conclusions et faire en sorte que le texte présenté n’est plus rien à voir. Pire, qu’il ne soit pas appliqué. Donc, dans un premier temps, je demande l’application de ce qui se décidera. Ensuite, je pense que la première chose à faire, c’est tout simplement d’appliquer la loi. Aujourd’hui nous avons à Paris 76 boers, la police des taxis, et des VTC, pour 25.000 chauffeurs. C’est donc compliqué de contrôler tout le monde et faire appliquer les décrets. Ensuite, il faut donner de la visibilité aux chauffeurs de taxis, peut-être faut-il revenir à la licence non cessible, avant la loi Pasqua, ou prévoir un fond d’indemnisation de ceux qui revendent leur licence à perte. Enfin, il faut aussi améliorer les accès aux gares et aéroports. A Paris, la ville lumière, les touristes font 1h30 de queue pour avoir un taxi, belle entrée en matière. Il faut laisser les VTC y accéder, tout comme aux couloirs de bus, car nous participons, tout autant que les taxis à la performance économique de la France.

La plupart des syndicats de taxi estiment que leur métier est menacé. Êtes-vous d’accord ?

Je ne crois pas que la profession soit menacée. Dans un classement annuel d’Hotels.com, nous sommes classés 17ème au monde dans le transport de personnes. Regardons les villes qui fonctionnent bien comme Londres ou New-York qui sont 1er et 2ème. Dans ces deux villes, il y a en moyenne deux fois plus de VTC et les licences de taxi se vendent toujours aussi chères. En France, ce qui est menacé, c’est la manière dont ils exercent leur métier. Ce que peuvent-nous reprocher les taxis, c’est de bien faire notre métier. Les clients l’ont remarqué et reviennent vers nous. C’est relativement simple de les fidéliser. Les chauffeurs de taxis sont des bons teneurs de volant, mais avec un GPS et c’est tout. En fin de formation un taxi parisien doit connaitre 80 itinéraires. A Londres, c’est 25.000 rues et l’apprentissage dure 3 ans. Chez les taxis, on a du tout-venant et la plupart ne savent pas ce que signifie service client. C’est catastrophique pour eux car ils se mettent vraiment en danger s’ils ne relèvent pas la barre.

Taxis et VTC peuvent-ils travailler sur le même marché ?

C’est un principe simple en économie : En enrichissant l’offre, le marché grossit. Celui qui nous en a offert la plus belle preuve, n’est autre que le patron des Taxis G7, Nicolas Rousselet, dans une tribune au Monde où il explique que ses parts de marché sont restées stables. Cela veut bien dire que les VTC n’ont eu aucune incidence sur les taxis et que nous avons gagné de nouveaux clients. Je crois que c’est la meilleure preuve que l’on peut améliorer le transport de personne en France. Je crois qu’il y a un modèle à trouver. Nous pouvons travailler sur le même marché car nous avons deux services complètement différents. D’un côté un transport simple économique : le taxi qui pourrait faire de la maraude. De l’autre, un côté beaucoup plus haut-de-gamme avec le VTC avec davantage de service dont celui de la réservation.

Uber, un de vos concurrents VTC, a lancé un service de transport entre particuliers. Qu’en pensez-vous ?

Le problème du service d’Uber, c’est que l’on n’a plus à faire à du co-voiturage où l’on donne une participation aux frais. On est clairement dans une prestation tarifée d’une profession réglementée. Quand on veut vendre du tabac, il faut être buraliste. Pour être taxi, il faut une licence avec un ministère de tutelle et une réglementation. Ce qui est dérangeant, c’est que le service fait fi de tous règlements. On peut se poser la question de l’assurance également, si un jour je blesse le passager, que se passe-t-il ? Que diront les assureurs ? Enfin, je ne pense pas que ce soit une bonne chose pour les clients et les usagers de la route.

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