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Le jeune Aymen a été tué à Bondy près d'une maison de quartier.
Le jeune Aymen a été tué à Bondy près d'une maison de quartier.
©BERTRAND GUAY / AFP

Rien n'est encore joué

Regardez du côté de Bondy, de Saint-Denis, de l'Essonne, de Trappes, de Reims, de Marseille.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La présidente du Rassemblement national est à la peine dans les sondages mesurant les intentions de vote pour les régionales : un petit 20%. Mais elle peut compter sur d'excellents agents électoraux pour progresser.

A Bondy, un adolescent de 15 ans a été tué par balles à la sortie d'une maison de quartier. Aymen était, de l'avis de tous les témoignages, « un gentil garçon ». « Il ne faisait pas plus de bêtises qu'un autre », disent ses amis et ses voisins. Ces « bêtises » ont un nom : le deal.

Mais ce n'est pas pour ça qu'il a été tué. Aymen fréquentait un club de boxe, activité dans laquelle il excellait. Son assassin fréquentait le même club. Et il était régulièrement battu par Aymen. Alors il l'a tué pour venger son « honneur bafoué ».

Selon un psychiatre interrogé par Le Figaro, il s'agit-là du code de l'honneur en vigueur « dans certaines cultures ». A notre avis, toutes les cultures ne se valent pas. Et nous attendons qu'on nous explique pourquoi un jeune boxeur dispose d'autres armes que ses gants de boxe.

La presse régionale fournit plein de détails sur cette affaire. Les habitants de la région Île-de-France n'en ignorent rien. On imagine aisément qu'effrayés, écœurés, ils donneront de nombreux suffrages à un parti qui a fait de la sécurité sa priorité.

Dans l'Essonne, une collégienne de 14 ans a été tuée d'un coup de couteau. Le lendemain, toujours dans l'Essonne, un garçon de 13 ans a péri de la même manière. Tous les habitants de l'Essonne sont informés de ces faits. Les régionales étant un scrutin de proximité, on peut hasarder quelques pronostics sur les tendances de leur vote à venir.

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Mais le phénomène ne s'arrête pas à la région Île-de-France. Passons sur Trappes et Marseille : il faudrait un livre pour en parler. Rendons nous à Reims où il n'y a pas que le champagne qui pétille. Un photographe de l'Union, le journal local, a été retrouvé baignant dans son sang. Son pronostic vital est engagé. L'Union consacre quatre pages spéciales à ce dramatique événement. Le photographe s'est trouvé face à un groupe d'une trentaine de « jeunes » munis de barres de fer. Sans doute n'ont-ils pas aimé qu'on les photographie. Il est probable que le récit de l'Union influera sur le vote des Champenois.

Comme le dit le psychiatre interrogé par Le Figaro, ils sont « d'une autre culture ». Pour mieux la cerner, le mieux c'est de se rendre dans une maison de quartier. J'ai eu cette chance car j'ai été invité à accompagner un ami prof mobilisé par la mairie de Nîmes pour expliquer le comment et le pourquoi de la Constitution aux jeunes d'un « quartier sensible ».

Dans cette maison de quartier, semblable à celle où a été tué Aymen, une vingtaine de garçons nous attendaient. Pas une fille ! Mon ami leur parla avec des mots simples de leurs droits, de la liberté d'expression, des élections. A la fin de son exposé, il demanda : « vous avez des questions à me poser ? » Personne ne broncha. Un peu perplexe, il récidiva : « vous n'avez vraiment aucune question à me poser ? » J'étais énervé et je lui demandais l'autorisation de prendre la parole.

Il me l'accorda. Je m'adressai alors à un grand gaillard d'une vingtaine d'années. « Tu votes ? » Il bougonna : « non ». J'insistais. « Mais pourquoi ne votes-tu pas ? » « Chais pas. » Je ne le lâchais pas. « Tu es Français ? » « Chais pas. » Je ne quittais pas ma proie. « Tu as une carte d'identité française ? » Il consentit à me répondre : « wesh. »

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Je lui demandais ensuite : « tes parents sont d'où ? » « De Constantine. » « Alors, tu es un Français d'origine algérienne comme il y a des Français d'origine italienne, portugaise, russe, juive. » Pour l'amadouer et le flatter, je lui expliquais qu'il pouvait être fier de bénéficier de deux cultures, la française et l'algérienne. Il resta silencieux. A bout d'arguments, je l'interpellais : « t'es quoi en réalité ? » La réponse fusa, limpide et explicite : « chuis musulman. » Voilà qui nous rapproche du club de boxe de Bondy...

PS : J'allais oublier l'attaque du commissariat de Sarcelles par quelques dizaines d'individus et le jeune homme tué par balles dans la nuit de samedi à dimanche à Toulouse. Et demain ? Et après demain ?  Les choses vont trop vite pour que je puisse les suivre. Si vous voulez en savoir plus sur ces « incivilités », reportez-vous à la presse régionale.

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