Visite du Président malien à Paris : pourquoi l’armée française et l’ONU ne sont pas près de quitter le Mali<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande reçu par le Président malien.
François Hollande reçu par le Président malien.
©Reuters

Alerte le Mali bout

Le Président malien effectue depuis mercredi 21 octobre une visite d’Etat de deux jours en France. L’enjeu : accélérer la reconstruction du Mali et la sécurisation du nord du pays. Un objectif très loin d'être atteint.

Philippe Hugon

Philippe Hugon

Philippe Hugon est directeur de recherche à l'IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), en charge de l'Afrique. Professeur émérite, agrégé de Sciences économiques à l'université Paris X, il vient de publier son dernier livre Afriques - Entre puissance et vulnérabilité (Armand Collin, août 2016). 

 

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Atlantico : Alors que le Président malien effectue une visite à Paris et quatre mois après la signature d'accords de paix, quelle est la situation au nord du Mali ?

Philippe Hugon : La crise n'a pas été totalement réglée puisqu'il il y a encore des groupes djihadistes comme Ansar Eddine ou liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique. Ces groupes sont capables de commettre des opérations suicides et des attentats terroristes non seulement dans le Nord mais aussi dans le reste du Mali. La zone sahélienne n'est donc à l'évidence pas complètement sécurisée. Ceci étant dit, il y a quand même eu des avancées, même s'il reste des divisions importantes au sein des mouvements touaregs.

De manière sous-jacente, on trouve toujours deux des problématiques essentielles du conflit : tout d'abord la question de la hiérarchie au sein de la société touarègue entre les castes nobles et les non-nobles, et la question du contrôle des trafics divers. Aujourd'hui la revendication de l'indépendance de l'Azawad – qui n'avait aucune légitimité historique – n'a plus vraiment cours. Cependant, le problème latent au Mali depuis la création de son Etat reste toujours d'actualité : la question de l'autonomie relative de la zone du Nord, habitée non seulement par des Touaregs, mais également par des Peulhs, des Songhays ou encore des Arabes. Cet état de fait délégitime l'idée même d'une autonomie touarègue.

Qui sont les responsables de l'absence de règlement du conflit ?

Le premier responsable c'est la situation socio-économique observable dans tout le Sahel : le terreau du terrorisme n'a pas été éradiqué. Ce terreau c'est cette jeunesse sans emploi, la vulnérabilité écologique de cet espace, l'absence de contrôle territorial, ou encore l'existence de trafics pour le contrôle desquels des milices se battent.

S'il faut désigner des responsabilités personnelles, on peut citer par exemple le Touareg Iyad ag Ghali, chef du groupe islamiste Ansar Eddine, encore assez puissant pour nuire à l'amélioration de la situation.

Quelle est la raison de la visite du Président malien en France ?

Il y a actuellement une négociation sur l'aide que peut apporter la communauté internationale au Mali. La France a fortement soutenu l'Etat malien dans cette crise et est encore présente par la force Barkhane. La situation de cette région concerne donc l'influence française au premier plan.

Quel est donc l'avenir des forces internationales de la MINUSMA (ONU) et françaises de Barkhane sur le sol malien, elles qui ont déjà connu de lourdes pertes depuis leur arrivée ?

La MINUSMA est là pour longtemps, malgré ces pertes régulières. Tout comme pour l'opération française Barkhane présente au Mali, on peut prévoir qu'elles seront présentes pour encore de nombreuses années dans la région.

La France devra également rester de longues années. Si elle n'avait pas été là, cela aurait été une catastrophe. Cependant on sait très bien que la bataille contre le terrorisme ne pourra jamais être gagnée. L'Afghanistan n'a jamais été pacifié, le Sahel risque de ne pas l'être non plus. La bataille ne pourra être gagnée que le jour où il y aura un contrôle territorial sur la région, où les trafics seront remplacés par une économie légale, où les jeunes auront des perspectives d'emploi, où les questions environnementales de désertification seront réglés etc. La bataille ne pourra donc être gagnée que le jour où il y aura une reprise du tissu économique et social. Mais on en est loin…

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