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Union civile homosexuelle en Italie : comment Matteo Renzi a réussi (malgré lui ?) à éviter les pièges du mariage pour tous
©Reuters

Mariage à l'italienne

Ce jeudi 25 février, Matteo Renzi engageait la confiance de son gouvernement sur un sujet de tension : les unions civiles pour personnes de même sexe en Italie. A défaut de prévoir un mariage, le Premier ministre italien cherche à négocier un texte permettant une union civile qui n'offre pas de droit à l'adoption, ni d'obligation à la fidélité. Ces différences avec le mariage sont nécessaires pour convaincre les acteurs politiques les plus conservateurs en Italie.

Mauro Zanon

Mauro Zanon

Mauro Zanon est journaliste, correspondant à Paris du quotidien "Il Foglio".

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Atlantico : Matteo Renzi engage ce jeudi la confiance de son gouvernement sur la loi relative aux unions homosexuelles. Après une forte opposition de plusieurs mois des milieux catholiques et du Parlement, y compris au sein du Parti démocrate, le gouvernement ne devrait pas avoir de problème pour faire passer cette loi. En quoi les ajustements apportés au texte ont-ils permis à Matteo Renzi de réunir une majorité sur ce sujet ?

Mauro Zanon : Les modifications qui ont poussé le Sénat à voter la confiance au gouvernement sur le "super-amendement" reformulant la loi sur les unions pour les couples de même sexe, ont été les suivantes : suppression du droit à l'adoption de l'enfant et suppression de l'obligation de fidélité. Ces modifications ont permis d'obtenir le soutien fondamental du courant catholique du Parti démocrate et des alliées du Nouveau Centre-Droite (NCD). Ces ajustements visent à souligner la différence entre les unions civiles et le mariage. C'est cette variable qui a poussé les catholiques du Pd et les membres du NCD à accepter le texte du gouvernement. Un compromis acceptable a été ainsi trouvé pour tout le monde et c'est cela la "vraie" victoire de Renzi : le fait d'avoir compris et écouté ses interlocuteurs, et de les avoir ainsi poussés à voter la loi grâce à des ajustements. 

En France, François Hollande et le gouvernement ont crispé une grande partie de la population française et provoqué le plus grand mouvement social depuis des décennies avec l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de personnes de même sexe. Alors que l’Italie, réputée encore plus conservatrice sur ces sujets, s’apprête à entériner l’union homosexuelle, qu'a fait Matteo Renzi mieux que l'exécutif français pour aboutir à un relatif consensus ?

La société italienne était prête depuis quelques années aux unions civiles, l'opinion publique a été préparée à cette "journée historique", comme Matteo Renzi l'a définie. Le président du Conseil italien, différemment de ses prédécesseurs, a compris la dimension historique de ce moment et il est en train de mener à bien un parcours qui garantit une extension de la sphère des droits civils, avec brio, dans le respect du pilier constitutionnel et libéral de l'égalité formelle de tous les citoyens devant la loi.

Matteo Renzi a-t-il retenu la "leçon" française ou a-t-il navigué à vue ? A-t-il tranché en fonction de ses convictions personnelles ou de pures considérations politiciennes ?

Le parcours qui mènera, sauf improbables revirements, à l'adoption définitive de la loi sur les union civiles a été profondément différent de celui auquel les Français ont assisté. Matteo Renzi était conscient qu'il y aurait des obstacles, comme la fronde des catholiques au sein de son parti et les militants proches des mouvements similaires à la Manif pour Tous (ceux qui se sont réunis au Circo Massimo à Rome le 30 janvier dernier), mais pas des murs insurmontables. En outre, par rapport à son homologue français, il connaît bien la règle dorée: la politique est l'art du compromis. Avec les unions civiles, le Premier ministre italien est en train de confirmer son rôle de réformiste.

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