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Ukraine : vues de Russie, les images de la crise racontent une toute autre histoire
©RT.com

Divergence d'opinions

Il existe une différence de traitement de l'information entre la presse occidentale et russe au sujet de la crise ukrainienne. A nos yeux les médias russes font de la propagande mais on occulte souvent celle pratiquée par les journaux occidentaux. Et pourtant, elle existe.

La situation est de plus en plus tendue en Ukraine. Le pays est au bord de l'explosion. L'armée est en état d'alerte, tout en restant en position défensive en Crimée, ce lundi après le déploiement des troupes russes durant le week-end. En effet, le Parlement russe a donné samedi le feu vert pour une intervention des forces armées russes en Ukraine. Dès lors, Kiev a réagi en appelant à la mobilisation des réservistes, accusant la Russie de lui avoir "déclaré la guerre" et d'avoir entamé une "invasion armée". Dès lors, les Occidentaux tentent de trouver des solutions diplomatiques à cette crise. De nouvelles réunions devraient avoir lieu ce lundi avec pour seul objectif : éviter le recours à la force. Mais, d'un point d'un point de vue médiatique, la situation en Ukraine a un certain intérêt. Elle permet de mettre en avant la différence de traitement entre les médias russes et les médias occidentaux.

Ainsi selon Business Insider (média américain), le site RT.com pratiquerait allègrement la propagande. Ce site servirait à améliorer l'image de l'Etat russe à l'étranger en diffusant des informations bienveillantes à l'égard de la politique de Vladimir Poutine. Ainsi, comme le note Business Insider, RT.com donne une version totalement différente de la crise en Ukraine. Entre reportages en Crimée, photos complaisantes envers le président russe, fuite de milliers d'Ukrainiens vers la Russie… la propagande russe est en marche.

Selon François-Bernard Huyghe, directeur de recherches à l’IRIS et spécialiste des stratégies de l'information, cette propagande russe existe bel et bien. "Avec les médias russes, c'est l'argumentaire historique qui est mis en avant. La presse multiplie les articles en insistant essentiellement sur le fait que la Crimée a été rattachée très tardivement à l'Ukraine". Et l'enseignant et chercheur de poursuivre : "L'autre argument utilisé par les médias russes est celui de l'antifascisme. Les opposants ukrainiens sont qualifiés de 'terroriste', de 'néo-nazis' persécutant le reste de la population. C'est une technique de victimisation et de dénonciation visant à justifier l'intervention de Poutine".

Mais François-Bernard Huyghe l'assure "les médias occidentaux, aussi, pratiquent une forme de propagande", c'est pourquoi il y a une telle différence de traitement entre les deux parties. En effet, il estime que "la presse occidentale simplifie trop le sujet". Pour lui, "ces médias traitent cette crise de manière très manichéenne : les bons d'un côté et les méchants de l'autre. Et ce alors même que la situation est atrocement plus compliquée". "Dans les médias occidentaux, on insiste énormément sur Ianoukovitch et pas assez voire pas du tout sur les tensions internes à l'opposition ou sur le passé de Timochenko par exemple".

Reste que ce dimanche, RT.com a mis en ligne, selon Business Insider, un article illustrant bien à quoi ressemble la propagande russe sur la question ukrainienne. Titré "Tea, sandwiches, music, photos with self-defense forces mark peaceful Sunday in Simferopol", on peut y lire et voir une vision toute autre de ce que montre les medias Occidentaux de la crise. Ainsi, photos à l'appui, RT explique que dans la capitale de la Crimée, la population et les soldats russes participés à une grande kermesse dans la ville. Les habitants donnent des sandwiches aux forces de l'ordre, offrent du thé, se prennent en photos avec les militaires... bref un décor à des années lumières que ce qui est montré en boucle sur les chaines d'informations occidentales.

Rien à voir donc avec l'"agression russe" dénoncée par l'Ukraine. En effet, le nouveau gouvernement du pays s'est déclaré dimanche "au bord de la catastrophe" à la suite de la "déclaration de guerre" de la Russie et semblait perdre rapidement le contrôle de la Crimée, poussant les Occidentaux du G7 à faire bloc contre Moscou."Si le président (russe Vladimir) Poutine veut être le président qui a commencé une guerre entre deux pays voisins et amis, il est tout près d'atteindre son objectif. Nous sommes au bord de la catastrophe", a ainsi lancé dimanche le Premier ministre, Arseni Iatseniouk. "Ce n'est pas une menace, c'est en fait une déclaration de guerre à mon pays", a-t-il assuré.

Mais pour François-Bernard Huyghe, "les médias occidentaux ont tendance à vulgariser ce conflit et ont un parti-pris". Cela s'explique, selon lui, par le fait que "globalement la majorité des médias occidentaux adhèrent à une idéologie pro-occidentaliste et anti-Poutine. Celui-ci est régulièrement décrit comme le nouveau Staline, un nouveau tsar. C'était déjà le cas avant les Jeux Olympiques et cela s'est accentué depuis".

Et celui-ci d'ajouter que côté russe "la désinformation est culturelle". "Déjà du temps des tsars, la propagande marchait à plein. Cela s'est poursuivi sous Staline et Poutine ne fait que répéter le même schéma" estime François-Bernard Huygue. Le chercheur conclut en affirmant que "la doctrine militaire russe actuelle intègre les principes de la guerre de l'information. C'est pourquoi la plupart des médias sont à la botte de Poutine et louent son action".

En définitive difficile de savoir qui dit vrai. Comme souvent cela dépend où l'on se place...

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