Présidentielle : qui du PS ou de l’UMP a gagné la guerre des Tweets ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
High-tech
Présidentielle : qui du PS ou de l’UMP a gagné la guerre des Tweets ?
©

Réalité augmentée

A l’occasion des derniers jours de campagne, les partis alignent leurs dizaines de militants sur Twitter. Ce fut le cas mercredi au siège de l’UMP et à la Belliloise pour une « riposte party » du PS. Twitter a pris l'avantage sur Facebook, mais qui a fait la plus belle webcampagne ?

Matthieu  Lerondeau

Matthieu Lerondeau

Matthieu Lerondeau est diplômé de Sciences-Po Paris et titulaire d’un master en systèmes d’information de la London School of Economics (LSE). Il est est directeur associé à la Netscouade.

Voir la bio »

Atlantico : On attendait beaucoup d’une campagne Twitter. Or à un moment-donné, on a cru que c’était une guerre de meetings. Ces jours-ci, chaque état-major exhibe ses hordes de militants-twittos, c’est vraiment la guerre des Tweets ?

Matthieu Lerondeau : Nous avons justement publié au à l’occasion du débat une étude sur ce sujet (ici). Ça a été une campagne Twitter car, déjà, il était balbutiant comme Facebook, lors de la dernière campagne. Comme beaucoup de journalistes ou d’ « influenceurs », si on m’avait demandé, j’aurais sans doute dit que la campagne irait sur Facebook – dont finalement, on ne se souviendra pas beaucoup pour cette campagne, mise à part la Timeline de Nicolas Sarkozy, un travail éditorial d’orfèvre. Facebook, que l’on voyait comme un outil de sensibilisation majeur, a sans doute un peu déçu.

Twitter a connu un vrai essor et une belle popularisation, notamment à la faveur des débats télévisés, commentés en direct par des twittos de plus en plus nombreux.

Twitter n’est-il pas un peu élitiste par rapport à Facebook ?

On pensait que Facebook serait un outil de recrutement et de ciblage comme aux Etats-Unis. Ainsi une application, comme Votizen, permet de déclarer ses derniers votes et de trouver des amis inscrits à convaincre, en fonction des données dont on dispose sur eux : âge, sexe, goûts, etc.

C’est aussi le cas de ce qu’utilise Barack Obama avec une appli qui croise les données de profils potentiels, en fonction des données qu’il communique et permet de cibler primo les personnes dont le vote peut changer et secundo dans les endroits qui comptent. Inutile, par exemple de convaincre un ami de voter Démocrate à New York, déjà acquis à Obama… En revanche, si vous avez des amis dans les « swing states », comme l’Ohio ou la Floride : il est utile d’y convaincre ses amis…

Twitter remplacerait-il le porte-à-porte de militants ?

Non, Twitter est plus devenu un lieu de discussion ouvert. Sur Facebook on discute avec 150 amis. Sur Twitter, on communique durant les débats avec une communauté – volatile mais polarisée - beaucoup plus étendues de 60 000 personnes. En utilisant le haschtag du débat, par exemple, vous allez être lu par des gens qui ne vous connaissaient pas.

Avec des argumentaires en 140 signes ?

Non, mais on peut marteler des phrases choc du candidat ou de son opposant, on peut renvoyer vers des éléments du programme qui sont évoqués ou s’adonner au fact checking…

On compare régulièrement le nombre de twittos de l’un et de l’autre candidat. Comment savoir qui est le « plus fort », c’est une supériorité numérique ?

On est certes obligé de comparer les effectifs. Mais on doit aussi ajouter avec du qualitatif. Le PS a beaucoup misé sur Twitter en raison du retard qu’ils avaient sur Facebook au départ. Nicolas Sarkozy disposait en effet d’une page depuis 2007 et qu’il a commencé la campagne avec 400 000 fans. Un chiffre inatteignable pour les autres candidats. Twitter, enfin, est un lieu où se forme beaucoup l’opinion. Non pas le grand public, mais des relais d’opinion. Et en particulier des journalistes. Et l’on sait que la campagne se joue encore, pour une bonne partie, dans la presse.

Outre le nombre de tweets, peut-on estimer leur teneur grâce à des outils de veille ?

Oui, il existe des outils mais pour l’analyse des sentiments, nous n’avons pas encore de résultats fiables. La plupart du temps, ils se basent sur des critères simplistes comme l’utilisation des smileys, par exemple ou certaines épithètes pour pouvoir qualifier… Mais malgré tout, on peut examiner…

Qui a gagné ?

La balance penche plutôt  pour Hollande. Un, car numériquement parlant, Hollande l’emporte. Deux, il a su conserver son avance en nombre de followers en recrutant autour d’un site comme toushollande.fr qui, dans un premier temps, durant la primaire, a pu commettre des impairs comme que le retweet automatique, mais qui a été efficace pour relayer des messages auprès des militants sur les réseaux sociaux. Trois, car la qualité générale des appréciations qui ont été portées par l’un et l’autre des candidats sur Twitter donne plutôt François Hollande gagnant.

 Propos recueillis par Antoine de Tournemire

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !