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Trop dur ou trop mou ? Les curieuses priorités de Gérald Darmanin
©Philippe DESMAZES / AFP

Opinion

Ah vous allez voir ce que vous allez voir, et ça ne se passera pas comme ça, nom d’un petit bonhomme de sacré nom d’une pipe, on va dissoudre Génération Identitaire, c’est Darmanin qui nous le dit, non mais alors !

Hash H16

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H16 tient le blog Hashtable.

Il tient à son anonymat. Tout juste sait-on, qu'à 37 ans, cet informaticien à l'humour acerbe habite en Belgique et travaille pour "une grosse boutique qui produit, gère et manipule beaucoup, beaucoup de documents".

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Car cela suffit après tout, toute cette méchanceté d’extrême-droite qui n’en finit plus d’être d’extrême-droite, il faut que cela cesse ! Ce déploiement de banderoles méchantes, ces chaînes humaines pour empêcher de façon agressivement pacifique des illégaux d’entrer dans le pays, tout ceci ne pouvait rester sans réponse de la part du Ministre de l’Intérieur alors que, tout le monde le sait, les frontières ne se ferment jamais que pour raisons sanitaires. 

Le brave Gérald a donc notifié son désir d’avenir de dissolution à l’association qui entend ne pas se laisser faire, d’autant que ce n’est pas la première fois qu’on menace de la dissoudre. Il n’en reste pas moins que le sujet est apparemment d’importance pour le ministre Darmanin : l’engeance d’extrême-droite doit semble-t-il être combattue avec la plus ferme des vigueurs, sinon le pays sombrera.

Pays qui, pendant ce temps, continue de vivre ses petits couvre-feux, ses gentils confinements et autres amusantes vexations sanitaires avec une bonhommie et une tranquillité à peine parsemée de l’agression apparemment motivée religieusement du célèbre auteur français Marek Halter à son domicile, et des petites bisbilles pittoresques de Didier Lemaire, professeur de philosophie à Trappes, menacé de mort pour avoir oser exprimer quelques doutes sur l’aspect républicain des dérives observées dans sa ville.

Au moins dans quelques jours ce même pays pourra-t-il s’enorgueillir d’avoir, une fois de plus, coupé une des trop nombreuses têtes de l’hydre d’extrême-droite. 

Peut-être faudra-t-il en passer par une protection rapprochée pour le professeur de philosophie un peu bousculé chez lui, mais cette péripétie ne doit pas faire oublier l’essentiel : le ventreuh de la beuhêteuh immonheudeuse est très fécond, et hop hop hop, pas question de fléchir, sabre au clair mes amis, combattons, combattons sans relâche l’estrèmedrouate protéiforme.

Alors oui, certes, on peut reprocher beaucoup de choses à Génération Identitaire (il suffit de lire la fiche Wikipedia qui lui est consacrée), mais on doit aussi s’interroger sur l’urgence actuelle de dissoudre ce mouvement. 

Est-il en effet plus urgent de s’occuper de ce microcosme dont les exactions (mettre un drapeau sur un toit, faire une chaîne humaine près d’une frontière) sont particulièrement limitées ou ne devrait-on pas s’occuper un peu plus sérieusement des dérives graves observées dans des quartiers (dernier exemple en date dans le 18e à Paris) voire des villes entières en République Française ?

Ainsi, plutôt que consacrer du temps, des moyens et l’auguste personne de Darmanin sur le cas finalement très étroit de Génération Identitaire, ne devrait-on pas consacrer plutôt quelques moyens à contrer l’ensauvagement de certaines zones devenues « de non-droit » par abandon politique, à contrer les discours de plus en plus délirants et destructeurs des racialistes, colonialistes et autres extrémistes d’une gauche de plus en plus moites devant l’islam radical ? 

Ne doit-on pas s’interroger sur le double-standard assez frappant qui ronge les médias et les politiciens lorsqu’on consacre aussi peu de temps à régler des problèmes graves qui touchent un nombre croissant de Français d’un côté et, de l’autre, qu’on passe autant de temps à disséquer les actions un peu médiatiques de Génération Identitaire, à agiter sans cesse depuis maintenant plus de trente ans le spectre d’une résurgence de l’extrême-droite ? Pourtant, les dégâts provoqués par cette extrême-droite présentée comme à la fois omniprésente et grandissante sont si ridicules qu’il faut la collusion de tous les politiciens et tous les médias à chaque micro-affaire pour parvenir à faire croire à cette menace fantôme.

De façon symétriquement opposée, ces mêmes politiciens et ces mêmes médias font assaut d’inventivité, de novlangue culottée et d’euphémismes toujours plus stupéfiants pour minimiser les dérives, les exactions, les émeutes, les meurtres et les pires attentats commis dans le même temps par les groupes d’extrémistes islamistes et autres fournées de gauchistes intersectionnels à fourchette lubrique.

En réalité, la façon dont Darmanin échelonne ses priorités d’action donne une bonne indication de l’agenda politique et de l’absence de recul qui l’anime, lui et ses coreligionnaires. Pour eux, il semble plus important de montrer des gages clairs de lutte contre une extrême-droite dont tout indique pourtant qu’elle est sinon inexistante, du moins très minoritaire, plutôt que la moindre velléité de faire revenir un peu de régalien dans le pays.

Darmanin illustre ici que le pays n’est plus réellement gouverné. Son administration n’est plus que l’objet des pressions politiques destinées à présenter les politiciens sous leur meilleur jour médiatique, tout au plus. 

De façon perverse, un cercle vicieux s’est mis en place entre les politiciens et les médias qui s’utilisent l’un l’autre pour leurs propres intérêts, oubliant complètement ceux du peuple sur lequel les premiers ont cessé de s’appuyer, et auprès duquel les seconds ne font plus office que de la plus évidente des propagandes putassières. 

Se regardant l’un l’autre leurs nombrils respectifs, nourrissant les pires fantasmes collectivistes, la dérive vers l’extrême-gauche est devenu si violente qu’elle en devient aveuglante. La fenêtre d’Overton a déplacé le discours tellement loin à gauche du centre politique traditionnel que les mièvreries socialistes d’un Bayrou passent de nos jours pour un néolibéralisme quasiment droitard décomplexé. C’est tellement vrai que les rares journaux (Valeurs Actuelles) et chaînes télés (CNews) qui tentent un retour à un discours plus équilibré sont immédiatement taxés sans la moindre nuance de fascisme, ou de sombrer dans la complaisance la plus lascive avec l’extrême-droite, le nazisme et les bottes en cuir lustrées.

Dans ce schéma et quelques mois à peine après la décapitation de Samuel Paty, les cris de détresse d’un professeur de philosophie de Trappes, ville connue pour être devenue une véritable enclave islamiste en France, sont sinon inaudibles du moins complètement minimisés et lourdement recontextualisés par une presse et des politiciens très embarrassés par cette situation qu’ils évacuent avec ce procédé grossier mais efficace du contre-feu de l’extrême-droite fantasmée. 

Il faut cependant se résoudre à l’évidence : même si l’extrême-droite française ne représente quasiment plus rien politiquement ni médiatiquement, quoi qu’il arrive, Génération Identitaire sera un jour dissoute. Quoi qu’il arrive, les prêches d’extrémistes islamistes continueront en France, et les villes comme Trappes continueront d’être soigneusement oubliées de l’action politique et de l’analyse médiatique françaises. 

La seule question qui vaille finalement est celle-ci : qui sera le prochain Samuel Paty ? Qui, selon toute vraisemblance, commettra la prochaine boucherie terroriste sur le territoire français ? Un extrémiste de droite ? Vraiment ?

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