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Transports publics : les manœuvres d’Anne Hidalgo ne lui permettront pas d’échapper à la réalité
©YOAN VALAT / POOL / AFP

Révolution?

Anne Hidalgo a annoncé les mesures qui entreront en vigueur le premier septembre pour les transports. Aucune révolution en vue.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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Atlantico : Alors qu'elle l'avait maintes fois annoncé, la révolution des transports en commun parisien promise par Anne Hidalgo ne verra finalement pas le jour. Si de nombreuses personnes bénéficieront d'une forme de gratuité (enfants de moins de 11 ans notamment), on est loin de l'ambition originale. Pourquoi ce changement de cap ?

Serge Federbusch : Il faut avant tout garder à l’esprit qu’après 18 ans de mandatures Delanoë et Hidalgo Paris est exsangue. La dette a été multipliée par 6 à 7 malgré la hausse des impôts et de tous les droits possibles et imaginables. Les préemptions clientélistes d’immeubles ou les travaux de voirie contre-productifs car créant des embouteillages et de la pollution ont coûté largement plus de dix milliards d’euros sur cette période. C’est une somme monstrueuse pour une ville fût-elle de la taille de Paris. Dans cette gabegie le métro était le parent pauvre car ne se voyant pas à l’extérieur et ne permettant pas de faire de belles opérations de com’. Hélas pour la mairie c’est le mode de transport collectif de masse le plus efficace. Pour tenter de rééquilibrer les choses Hidalgo a cherché à corriger le tir en catastrophe et, en bonne socialiste, n’a rien trouvé mieux que d’imaginer de rendre gratuits les transports en commun, négligeant une règle d’or en la matière : TOUT SERVICE GRATUIT SE DEVALORISE ! Je l’écris en majuscules car ce principe devrait être affiché dans toutes les salles de formation des fonctionnaires et autres écoles administratives. 

Quoi qu’il en soit, le coût énorme de cette gratuité a fait reculer Hidalgo : elle n’était tout simplement pas finançable par la ville. Les arguments techniques utilisés par Hidalgo pour justifier son recul sont bidons car jamais aucun gaspillage d’argent public ne l’a arrêtée : il suffit de voir le gouffre des Halles à plus d’un milliard d’euros pour s’en rendre compte.


Que penser de ces nouvelles annonces ? S'agit-il d'une adaptation raisonnable de la part du maire de Paris, ou ces mesures sont-elles encore trop onéreuses ou peu utiles ?

Il est absurde de rendre gratuits les transports des 4 à 11 ans dans la mesure où ces enfants se déplacent généralement peu en dehors du trajet domicile/école. Il s’agit d’un pur effet d’annonce : montrer qu'Hidalgo ne renonce pas totalement à son ambition initiale. Cela étant on peut estimer que le coût de cette plaisanterie dépassera allègrement les 40 à 50 millions d’euros au regard du nombre d’enfants concernés. Mais il est vrai qu’à côté du bouillon Autolib’ qui coûtera à lui-seul pas loin de 500 millions quand la ville se fera condamner pour rupture abusive de contrat, tout cela ne pèse pas lourd. Pour paraphraser François Hollande, un bon ami d’Hidalgo : « Ce n’est pas cher c’est la mairie qui paye! ».

Les municipales approchent à grand pas, et la concurrence à Paris s'annonce rude. La question des transports et de la mobilité a été le coeur de la discorde pendant la mandature d'Anne Hidalgo. Essaye-t-elle de justifier jusqu'au bout son bilan ? 

Son bilan est catastrophique : les entraves à la circulation des automobiles ne font que déplacer le problème sur d’autres axes ou inciter les gens à passer aux deux-roues motorisées. La pollution recule moins à Paris que dans la plupart des autres grandes villes françaises ou européennes. Tout est fait en fonction d’objectifs de com’ ou politicien, d’effets d’annonces pour complaire à un public décérébrés de bobos ou à aux élus Verts cyniques. Il s’agit pour elle de distraire l’attention des Parisiens de cet échec retentissant pour parler d’autre chose que de cette congestion volontaire qui a coûté une fortune en aménagements ineptes. Le jour où l’on pourra faire, également, le vrai bilan de Vélib’, avec le coût des multiples contrats et avenants, les subventions, les aménagements, les indemnisations pour des vols et dégradations réels ou imaginaires, l’entretien, on se rendra compte que chaque Vélib’ en service depuis 2007 a dû coûter dans les 10 000 à 15 000 euros à la ville. On aurait pu offrir une de ces automobiles honnies aux Parisiens pour le prix de ce vélo là ! Et pendant ce temps, aucun problème n’est réglé et les embouteillages perdurent comme jamais.

Avec Aimer Paris, l’association que j’ai l’honneur de présider, nous proposons une re-fondation complète de la politique de déplacements dans notre ville en utilisant notamment les nouvelles techniques de percements de tunnels pour donner aux automobilistes, scootards et motards la possibilité de traverser Paris moyennant un léger péage sans encombrer les chaussées. De cette manière, une véritable zone piétonne pourra être créée dans l’hyper-centre tout en fluidifiant la circulation. Nous débattrons de ces sujets, pour ceux de vos lecteurs que cela intéresse, lors de notre pot de rentrée le jeudi 24 janvier prochain à 19 heures au Café du Pont-Neuf (Paris 1er). Venez nombreux !

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