Total peut-il avoir de bonnes raisons de déménager sa trésorerie au Royaume-Uni ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le contexte politique dans lequel s’inscrit le projet du géant pétrolier n’est pas anodin : il fait suite à la taxe sur les revenus à 75% en France.
Le contexte politique dans lequel s’inscrit le projet du géant pétrolier n’est pas anodin : il fait suite à la taxe sur les revenus à 75% en France.
©Reuters

Déménagement

Le groupe pétrolier Total délocalise la gestion de sa trésorerie à Londres, comme l'a indiqué Mediapart. Une annonce que le groupe tente de minorer, arguant que les raisons ne sont pas fiscales.

Frédéric Bonnevay

Frédéric Bonnevay

Frédéric Bonnevay est Associé d’Anthera Partners. Il conseille des institutions financières en Europe et au Moyen-Orient.

Il est notamment l'auteur de l'étude Pour un Eurobond - Une stratégie coordonnée pour sortir de la crise (Février 2010, Institut Montaigne).

Voir la bio »

Atlantico : Le groupe Total a confirmé vouloir transférer la gestion de sa trésorerie ainsi que sa communication financière à Londres, ce qui concernerait entre 60 et 70 personnes. La société explique vouloir se rapprocher de la principale place financière européenne qu’est Londres. Quels avantages Total pourrait-il, de bonne foi, en retirer ? Quelles autres bonnes raisons pourraient être avancées ?

Frédéric Bonnevay : Il est parfaitement logique pour l'un des plus grands groupes au monde, présent sur un secteur de nature globale et dont l'actionnariat est international, de vouloir se rapprocher de l'une des principales places financières. C'est une démarche logique qui offrira d'évidents gains d'efficacité. Total pourra ainsi se rapprocher de la communauté des analystes qui suivent son titre, des représentants des plus grands investisseurs, et se rapprocher du cœur du marché des changes - un enjeu clef, étant donné le rôle central des échanges en devises pour le groupe. En synthèse, c'est une initiative de grand bon sens.

Pourquoi ne pas avoir envisagé d’effectuer ce transfert plus tôt ? Y voir une coïncidence avec les projets fiscaux du gouvernement est-il hors sujet ?

La gestion de groupes aussi vastes n'est jamais chose facile. Bien souvent, les fonctions financières sont éclatées entre différentes branches, différentes filiales, différentes zones géographiques, etc. Les réorganisations ne peuvent intervenir du jour au lendemain. Il ne faut y voir, à mon sens, que le fruit d'une volonté de gagner en efficacité par l'intégration de ces services dans le lieu le plus adapté à leur bonne conduite. Pour répondre à votre question, les considérations fiscales ne jouent à mon sens aucun rôle dans ce mouvement. Total, d'ailleurs, a clairement indiqué que ce changement serait sans impact à cet égard.

La direction a indiqué que sur le plan fiscal, « pas un centime ne sera perdu par la France. » L’opération n’a donc rien d’un exil fiscal ? Les choses pourraient-elles être amenées à évoluer ?

En effet, la position de Total, de ce point de vue, semble dénuée de toute ambiguïté. Il s'agit d'une réorganisation interne dans un souci de pure efficacité, rien d'autre, aujourd'hui comme demain.

Le contexte politique dans lequel s’inscrit le projet du géant pétrolier n’est pas anodin. Il fait suite à la taxe sur les revenus à 75% en France et au projet de taxe sur les transactions financières en Europe, auquel doit échapper le Royaume-Uni. Total prend-il ses précautions pour l’avenir ? Contre quoi pourrait-il ainsi se prémunir ?

Je ne vois, pour ma part, aucun lien entre ces deux sujets. D'ailleurs, concernant ces différentes taxes, Total ne se prémunit contre rien, ou ne pourrait vraisemblablement espérer de ce changement qu'un bénéfice dérisoire, d'un point de vue fiscal, à l'échelle de Total. Les choses me paraissent parfaitement claires concernant les motivations du groupe.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !