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Terreur et infantilisation sur le climat :  mauvaise affaire pour la planète, menace pour la démocratie
©JOHANNES EISELE / AFP

Ecologisme

Sauverons-nous la planète par la terreur ? Cette question n’est pas nouvelle.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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La violence puérile que ne veulent pas voir les thuriféraires de Greta Thunberg est comme une réminiscence de ces hordes d’enfants qui, au temps de Savonarole, terrorisaient Florence et brûlaient les œuvres d’art jugées impies de la Renaissance.

La conférence de la militante écologistes suédoise Greta Thunberg aux Nations-Unies le 23 septembre, loin de mettre en avant les préoccupations de la jeunesse – occidentale -, s’est ainsi transformée en un réquisitoire sans nuances vers nombre de pays, nommément désignés. Comme le disait Talleyrand, « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Espérons donc que cette sortie incroyable demeure dans l’insignifiance au regard de celle qu’elle contient.

Cette mascarade tragique digne de la plus mauvaise pantalonnade a en effet de quoi effrayer. Au nom de quoi organise-t-on, par la voix d’une enfant fragile, une chasse au sorcières digne de celle des villages reculés du XVIe siècle ? Au nom de quoi désigne-t-on à la vindicte populaire tel ou tel Etat ou individu, par nature coupable comme c’est toujours le cas dans de tels procès ? Du haut de ses seize ans, il est facile de voir le monde comme un système binaire, mais ce que nous ont appris des millénaires de philosophie, c’est que nous ne sommes pas des ordinateurs et que la réalité est souvent faite de bien plus de nuances qu’on ne le voudrait. Hier aux Nations-Unies, une vertu est morte ; celle du sage : la tempérance. Hier soir ont été envoyés au néant Platon et Aristote au profit d’une colère infantile, violente et hors de propos. Alors même que tout notre système international est fondé sur l’équilibre et la diplomatie, celle que l’on a inventé pour parler aux gens que l’on n’apprécie pas, 

Non, Greta Thunberg, ce n’est pas en s’érigeant en accusateur révolutionnaire que l’on résoudra un problème aussi complexe et délicat que celui du climat. Les Nicolaï Iejov et Fouquier-Tinville du XXIe siècle ne feront que nous envoyer plus vite dans l’abîme. Les procès de Moscou, de Pékin ou de Phnom Penh ne nous ont-ils donc rien n’appris sur la mécanique délétère qui sous tend ce type de pratiques ? Quelle sera donc la prochaine étape, appeler au renversement de tel ou tel pour une – supposée car jamais étayée – inaction climatique ? Le droit d’ingérence climatique deviendra-t-il un droit à la violence climatique ? 

Le Président de la République – pour lequel nous sommes peu suspects de complaisance – a eu raison de rappeler les réalités profondes de la situation climatique internationale et de l’action de la France. Puisqu’il est malvenu de parler de chiffres et de résultats, faisons-le. La France a parmi les pays les plus avancés des taux d’émissions de CO2 par habitant en dessous de la moyenne européenne (elle-même faible si on la compare aux autres grands ensembles mondiaux), de l’ordre de 7 tonnes annuelles. Cette situation est à la fois le résultat d’un héritage, celui du nucléaire comme base du mix électrique, mais également l’addition des politiques conduites depuis une vingtaine d’années sur l’efficacité énergétique, le développement de nouvelles sources d’énergie, la rénovation des bâtiments. L’Allemagne, soi-disant modèle, affiche des chiffres bien plus importants (11 tonnes). Les engagements pris nationalement, au sein de l’Union européenne et des conférences climatiques, qui font de notre pays un des plus impliqués dans la question climatique nous valent aujourd’hui des mises en accusation : pas assez et pas assez vite.

Mais savez-vous, vous qui faites la grève de l’école, que le climat est une affaire de temps long et d’ajustements complexes ? Que la politique énergétique, industrielle ou agricole ne peut se changer d’un claquement de doigts ? Et même si une telle fantaisie devenait possible, serait-ce souhaitable ? Depuis sa Suède natale, 18e pays mondial en termes de PIB par habitant, les choses sont bien confortables, mais dans des pays en développement où l’on meurt encore de faim et manque d’accès à l’eau, la réalité est plus pragmatique. Oui nous portons une responsabilité collective, celle de permettre au monde entier de concilier le développement humain avec la préservation de l’environnement, l’accès à l’énergie avec la lutte contre les changements climatiques. Ici aussi tout est affaire de dosage, d’accompagnement, d’encouragement et, puisqu’on les oublie systématiquement, de science et de technologie. Car c’est bien ces deux éléments, complémentaires et opposés, qui permettront à l’Homme de triompher de ces deux défis qui sont, personne n’en doute, ceux du XXIe siècle. Malraux a qui l’on demandait une devise pour la jeunesse européenne répondait « culture et courage ». Hier nous n’avons eu ni la culture, bafouée et renvoyée au rang de question subalterne, ni le courage, véritable, celui de se pencher avec objectivité sur les véritables problématiques liées aux changements climatiques. 

Encore faut il accepter qu’il n’existe aucune solution miraculeuse et universelle, mais que chaque cas doit être évalué et adapté. Les énergies renouvelables, si elles sont un complément important aux bases de production électrique ne peuvent en l’état fonctionner seules pour de grands ensembles. La pollution entraînée par les véhicules électriques doit être analysée et des solutions doivent être trouvées, la production d’hydrogène doit se faire de manière décarbonée – y compris par le recours au nucléaire – pour réellement contribuer à la solution, etc. Bien évidemment tout ne passe pas par la science et la technologie, les comportements humains aussi sont importants. 

La politique ne se grandit pas quand elle se complet dans l’infantilisme ou l’idéologie, jumeaux dans la déraison. La question environnementale, comme la guerre, est trop sérieuse pour ne pas être traitée par la politique, c’est-à-dire la confrontation rationnelle des choix et des idées. 

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