Steve Sasson, l'employé de Kodak qui inventa l'appareil photo numérique en 1975 sans jamais en récolter aucune gloire <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
High-tech
Comme l'explique son concepteur, cet appareil ressemblait à un étrange assemblage d'objets aux fonctions bien différentes.
Comme l'explique son concepteur, cet appareil ressemblait à un étrange assemblage d'objets aux fonctions bien différentes.
©

Juste une mise au point

Selon lui, Kodak était effrayé par l'idée que cette invention ne réduise à néant les ventes de pellicules traditionnelles.

Steve Sasson est entré comme employé chez Kodak en 1973. Âgé de seulement 24 ans, et chargé d'accomplir des tâches plutôt banales, le jeune homme va pourtant mettre au point le premier appareil photo numérique au monde. Un procédé qui permettra quelques décennies plus tard de prendre des photos avec son téléphone, et de les envoyer à travers le monde en une seconde à des millions de personnes. 

Au fil de ses expérimentations, Steve Sasson a rapidement présenté le fruit de son travail au patron de Kodak, et ce dès 1975. Comme l'explique son concepteur, cet appareil ressemblait surtout à un étrange assemblage d'objets aux fonctions bien différentes. Sasson décida d'utiliser un procédé assez nouveau pour l'époque (la digitalisation), qui consiste à transformer les pulsations électroniques en nombres. Mais cette première étape a rapidement placé le jeune homme face à un autre défi, celui de stocker l'image puis de la transférer sur une bande numérique. 

Le résultat de cette expérience se composait d'une vieille caméra Super-8, d'un enregistreur à cassette portatif, de 16 piles et d'un convertisseur analogique-digital. Tous ces éléments étant reliés les uns aux autres par une dizaine de circuits. En introduisant une cassette dans le lecteur, Steve Sasson devait ensuite attendre 30 secondes avant que n'apparaisse une image en noir et blanc de 100x100 pixels.

Dans un premier temps, les supérieurs de Sasson n'ont pas été enthousiasmés outre mesure par ce qu'ils qualifiaient surtout de bricolage. "Ils étaient persuadés que personne ne voudrait un jour regarder ses photos sur un écran de télévision" explique-t-il dans les colonnes du New York Times. 

Malgré le scepticisme manifeste de ses supérieurs, Sasson a été autorisé à persévérer dans ses expérimentations, leur assurant que la qualité (alors très médiocre) de l'image sur l'écran allait s'améliorer rapidement. Et quelques années plus tard, en 1989, Steve Sasson et son associé Robert Hills on conçu le premier appareil photo DSLR, qui ne ressemblait plus du tout à un prototype bricolé à la hâte, mais était semblable aux appareils vendus aujourd'hui à travers le monde.

Celui-ci nécessitait l'utilisation d'une carte mémoire et compressait les images. La direction de Kodak a alors mesuré, non sans une certaine inquiétude, tout le potentiel d'un tel appareil.

Mais d'après le New York Times, Kodak a refusé de se lancer dans la commercialisation de ce produit. Il aurait pourtant été possible de le vendre, mais le service marketing était effrayé par l'idée que cette invention ne réduise à néant les ventes de pellicules traditionnelles. 

"Quand nous avons mis au point cet appareil, il n'y avait plus de discussion ni de débat sur sa conception, c'était simplement une question de temps. Mais malgré cette évidence, Kodak a décidé de ne pas se lancer pleinement dans l'aventure. Cet appareil n'a donc jamais vu le jour" explique Sasson.  

Moins de deux décennies plus tard, ce même procédé a complètement bouleversé l'industrie dominée par Kodak, et engendré de très nombreuses critiques et réclamations de la part des photographes professionnels qui y voyaient la destruction progressive de leur profession. Dans les années 2000, Kodak a raté le tournant du numérique, avant de faire faillite et de déposer la clé sous la porte en 2012. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !