Sourate au Parlement de Bruxelles : les Frères musulmans ciblent la Belgique comme ventre mou de l'Europe<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Un drapeau national belge flotte sur le toit enneigé du Palais royal à Bruxelles, le 8 février 2021.
Un drapeau national belge flotte sur le toit enneigé du Palais royal à Bruxelles, le 8 février 2021.
©AFP / JOHN THYS

Entrisme

L’ambassadrice d’Israël en Belgique, Idit Rosenzweig-Abu, a été légitimement horrifiée par des sourates psalmodiées au parlement de la région de Bruxelles-Capitale par un imam intégriste récompensé par une ministre belge.

Claude Moniquet

Claude Moniquet

Claude Moniquet, né en 1958, a débuté sa carrière dans le journalisme (L’Express, Le Quotidien de Paris), avant d’être recruté par la Dgse pour devenir "agent de terrain" clandestin. Il exerce ainsi sous cette couverture derrière le Rideau de fer à la fin de l’ère soviétique, dans la Russie des années Eltsine, dans la Yougoslavie en guerre, au Moyen-Orient ou encore en Afrique du Nord. En 2002, il cofonde une société privée de renseignement et de sûreté : l’European Strategic Intelligence and Security Center. De 2001 à 2004, il a été consultant spécial de CNN pour le renseignement et le terrorisme, et est aujourd’hui consultant d’iTélé et RTL. Il est l’auteur, notamment, de Néo-djihadistes : Ils sont parmi nous (Jourdan, 2013) et Djihad : d’Al-Qaïda à l’État islamique (La Boîte à Pandore, 2015), de Daech, la Main du Diable(Archipel, 2016) et, avec Genovefa Etienne, des Services Secrets pour les Nuls (First, 2016). Il est également scénariste de bandes dessinées : Deux Hommes en Guerre (Lombard, 2017 et 2018). Il réside à Bruxelles.

Voir la bio »

Atlantico : L’ambassadrice d’Israël en Belgique, Idit Rosenzweig-Abu, a été légitimement horrifiée par des sourates psalmodiées au parlement de la région de Bruxelles-Capitale par un imam intégriste récompensé par une ministre belge. Cet imam a récité une prière à la tribune de l'hémicycle lors de la visite d'un groupe. La vidéo, qui a été partagée sur les réseaux sociaux, a été tournée le 13 janvier lors d'une visite qui n'était pas organisée par le parlement bruxellois, selon l’institution. Comment expliquer qu’un tel événement ait pu avoir lieu dans l’enceinte de cette institution à Bruxelles ? Est-ce un signe de la dérive et d’une forme de complaisance des instances européennes ou belges envers le fondamentalisme ?

Claude Moniquet : Il faut d’abord souligner que cette prière, du haut du perchoir du parlement de la Région de Bruxelles, ne s’est pas déroulée dans le cadre d’activités parlementaires, contrairement à ce que l’imam Norani a voulu faire croire en en diffusant la vidéo sur les réseaux sociaux. Tout s’est passé hors session, dans un hémicycle vide dans lequel une association peu connue « Friends of Brussels » organisait une remise de prix à des citoyens bruxellois méritant et d’origine pakistanaise. L’association avait été invitée par un élu socialiste d’origine turque, Hasan Koyuncu. Une secrétaire d’Etat qui état présente dans l’enceinte et qui devait remettre l’un des prix, Nawal Benhamou, a immédiatement quitté les lieux et le président du Parlement, Le socialiste Rachid Madrane a lui aussi condamné cette intervention et rappelé que la neutralité était de rigueur. Reste que la symbolique est très forte : la lecture d’un texte religieux musulman, à la tribune du parlement, en plein cœur de la capitale européenne. L’opposition tempête et demande une commission parlementaire d’enquête. Maintenant oui, bien entendu, cette manifestation souligne le fait qu’une partie importante du spectre politique belge – essentiellement à gauche : socialistes, écologistes et extrême gauche  – s’est embarquée depuis longtemps dans une dérive communautariste, guidée par le clientélisme le plus évident.   

Le contenu du message en question (la sourate "Al-Ahzab") était-il particulièrement inquiétant et polémique au regard du contexte international très sensible avec le conflit à Gaza et alors que le sort des otages du Hamas reste incertain ?

La Sourate 33, al-Ahzab (« Les Factions ») est effectivement polémique. Elle fait référence à la bataille dite « de la tranchée » qui s’est déroulée à La Mecque en 627 et au cours de laquelle les musulmans ont affronté des tribus polythéistes arabes alliées, affirme la tradition, à une tribu juive. L’un de ses verste (le 26), proclame : « Il a fait descendre de leurs forteresses ceux des gens du Livre ralliés aux factions. Il a jeté l’effroi dans leurs cœurs. Vous avez alors tué une partie d’entre eux et vous avez réduit les autres en captivité ». En islam, « les gens du Livre » désignent les monothéistes non musulmans, à savoir les chrétiens et les juifs. Dans le contexte historique auquel cette sourate se rattache, il ne fait aucun doute que ce sont évidemment les juifs qui sont ainsi désignés dans ce texte. Et bien entendu, on ne peut ignorer le contexte actuel et la guerre à Gaza. Il est très improbable que l’imam Norani n’y ait pas songé en faisant ce choix, mais comme souvent, dans le contexte de l’islamisme politique, les choses sont ambigües et l’on ne peut pas clairement incriminer une intention antisémite ou anti-israélienne, même si à mes yeux, elle ne fait aucun doute…    

Ce cas est-il l’illustration de l’influence de plus en plus grandissante du fondamentalisme religieux ou de la pression exercée par les Frères musulmans au sein des instances européennes ?

En tant que capitale européenne et siège de l’OTAN, Bruxelles fait, depuis des décennies, l’objet d’une offensive en règle des Frères musulmans. Ils y ont créé ou implanté une myriade d’associations dans le but d’influencer les institutions européennes et de les pénétrer. Quant aux institutions belges elles-mêmes, étant donné l’attitude clientéliste de la gauche, elles sont l’objet de la même attention des mouvements prônant l’islam politiques. La stratégie est limpide : les islamistes (et, principalement, les Frères musulmans) ont compris que la Belgique était le « ventre mou » de l’Europe. Et comme elle abrite les institutions les plus importantes de l’Union (Conseil, Commission, Parlement), en y progressant, ils espèrent banaliser leur présence et augmenter la pression sur l’UE. Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, le conseil municipal d’une commune de l’ouest de Bruxelles, Anderlecht, a voté  un texte autorisant le port du voile dans l’administration. C’est une première à Bruxelles et elle marqué une rupture évidente avec le principe de « neutralité » (la Belgique n’est pas un Etat laïque mais « neutre »). Et on peut  craindre que ce soit un précédent. Je soulignerais que ce vote a été acquis sous pression. La salle des délibérations était bondée d’activistes islamistes, l’ambiance était extrêmement tendue  et certains élus n’ont pas caché ne pas s’être senti à l’aise lors du débat et du vote de cette résolutions. Et ceci est un euphémisme.  

Le rappel du respect de la « neutralité » de cette institution par le président du parlement régional bruxellois est-il à la hauteur des événements et de cet incident ? La réponse des institutions européennes et de la classe politique est-elle suffisamment ferme pour que de tels faits ne puissent pas se répéter ?

Rachid Madrane, le président du parlement de Bruxelles est un authentique laïque, mais il est en rupture, pour d’autres raisons, avec son parti, le PS, et il n’est pas certain qu’aujourd’hui il représente encore une tendance majoritaire chez les socialistes bruxellois. Sa prise de position est assez ferme si l’on considère que le parlement n’était pas directement impliqué dans cet incident mais qu’il s’agissait de l’initiative d’une association de droit privé (invitée et encouragée, il est vrai, par un parlementaire, camarade de parti monsieur Madrane).

Mais rappelant les grands principes au député Koyuncu ne réglera rien. L’entrisme des Frères musulmans dans les partis et institutions ne date pas d’hier et ce mouvement jouit du soutien de réseaux bien implantés. On peut même penser que la situation devrait encore s’aggraver dans les mois à venir. Au printemps, la Belgique votera pour les électons européennes mais aussi pour renouveler l’ensemble de ses assemblées parlementaires (fédérale et régionales) et il est clair que la course aux voies est ouverte. Quand on sait que la communauté musulmane représente au moins 40% de la population bruxelloise, on devine dans quels sens certains partis feront peser leurs efforts.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !