Sonde LADEE : qu’ignore-t-on encore sur la Lune ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Trouver de l’eau sur la Lune, dernier endroit où on s’attendait à en trouver, a vraiment été une grande surprise.
Trouver de l’eau sur la Lune, dernier endroit où on s’attendait à en trouver, a vraiment été une grande surprise.
©Reuters

La tête dans les étoiles

Lancée ce vendredi, une nouvelle sonde spatiale du nom de LADEE (Lunar Atmosphere and Dust Environment Explorer) va être placée en orbite autour de la Lune par la Nasa pour étudier l'atmosphère et la poussière du satellite naturel de la Terre. Déjà visitée plusieurs fois, la Lune reste un monde inexploré qui nous a déjà surpris en 2009 avec la découverte d'eau.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : La Nasa va placer une nouvelle sonde spatiale, baptisée LADEE, en orbite autour de la Lune pour observer un phénomène de rayonnement au niveau de l'horizon lunaire au moment du lever du soleil. Ces dernières décennies, la Lune a été visitée par de nombreuses sondes spatiales. Comment expliquer qu’aujourd'hui, une bonne partie de l'exploration spatiale est tournée vers la Lune ? Cela signifie-t-il qu’on ignore encore beaucoup de choses sur ce satellite ?

Olivier Sanguy : Il y a deux raisons pour lesquelles l’exploration spatiale est tournée vers la Lune. Tout d’abord, elle reste un nouveau monde grandement inexploré. La surface de la Lune représente presque le continent africain. On s’y est posé six fois mais on est restés quelques kilomètres autour du module lunaire, on ne peut donc pas dire que l’on connaisse l’intégralité de la Lune. La question "savoir si la elle est issue d’un impact géant contre la Terre il y a 4 milliards d’années" n’est pas encore tranchée. On a encore beaucoup de choses à apprendre sur la Lune notamment la présence d’eau. Mieux connaitre l’histoire de la Lune c’est mieux connaitre l’histoire de la Terre. La Lune c’est l’état du système solaire il y a 4 milliards d’années, figé.

Observer la Lune c’est aussi nous regarder autrefois. Cette histoire de poussière lunaire intrigue les scientifiques depuis les missions Apollo pendant lesquelles les astronautes ont observé une sorte de luminescence lorsque le soleil se levait. On parle d’un lever de soleil observé par les astronautes en orbite autour de la Lune. La Lune n’a pas d’atmosphère, on ne devrait pas observer ce phénomène... pourtant les astronautes l’ont remarqué. On pense que le vent solaire charge en électricité statique la poussière lunaire, cela forme l’atmosphère lunaire, extrêmement fine. La nature de cette poussière en suspension va être étudiée par la sonde LADEE qui est également équipée d’un système de transmission par laser, ce qui est une grande nouveauté.

L’élan du retour vers la Lune, donné par George Bush à une époque, et cette mission font partie de cet élan où il faut envoyer des missions robotiques pour préparer le retour d’astronautes sur la Lune. On sait qu’on retournera un jour ou l’autre sur la Lune.

Récemment, la mission Grail a eu pour but que l’écart entre les sondes varie en fonction de la gravité. La gravité sur la Lune varie énormément par rapport à la Terre et en fonction de ce qu’il y a dans le sol. Sur la Lune, les changements de gravité sont très forts et appelés  « Mascon » (mass concentration). La sonde Grail a montré que ces concentrations de masses différentes étaient dues à l’histoire des impacts sur la Lune. Des densités différentes à la surface de la Lune expliquent cela. On en apprend tous les jours et quand on en apprend sur la Lune, on en apprend sur la Terre, sur la formation du système solaire, etc. La conquête spatiale est toujours égoïste, de façon directe et parfois indirecte, aller dans l’espace c’est rendre service à la Terre.

Quelles nouvelles découvertes pourrait-on faire sur la Lune ?

On pourrait être certain du scénario de formation de la Lune. On pense qu’il y a 4 milliards d’années, un objet de la taille de Mars a percuté la Lune et un morceau de la Terre a été arraché. Celui-ci a refroidi considérablement plus vite que la Terre car il avait une masse moins grande et a perdu sa chaleur beaucoup plus vite que la Terre. Si ce scénario est confirmé, on saura qu’en étudiant la Lune, on étudie un morceau de Terre tel qu’il était il y a 4 milliards d’années, figé dans le temps. Si on trouve un autre scénario, on aura un nouveau scénario de formation du système solaire de notre planète donc on en saura plus sur notre propre planète. Quand on étudie la Lune, on peut savoir d’où vient l’eau sur la Terre. On pense que l’eau sur la Lune vient des météorites et si c’est le cas, on devine que la plupart de l’eau sur la Terre vient du bombardement météoritique qui a eu lieu lors de la formation des planètes. Tout se tient.

Lorsqu’on étudie la Lune, on avance quant à la formation du système solaire, la formation de la Terre et l’origine de la vie. On vit une époque formidable car, grâce aux sondes spatiales, on ne se contente plus d’observer avec des télescopes, on peut aller sur place. Cependant, on a encore beaucoup de choses à apprendre.

Que sait-on de plus qu’il y a 40 ans lorsque Apollo 17, une opération de ce genre, avait été lancée pour la première fois ?

La grande découverte a été celle de l’eau sur la Lune, d’abord sous forme de glace sous-terraine. Plus récemment, une sonde indienne a trouvé qu’il pouvait y avoir de l’eau adsorbée c’est-à-dire sous forme de molécule mélangée aux particules lunaires, on ne sait pas très bien d’où elle vient. Trouver de l’eau sur la Lune, dernier endroit où on s’attendait à en trouver, a vraiment été une grande surprise. La fourchette de température pour que l’eau soit liquide est une fourchette très agréable pour les réactions que l’on appelle chimie organique. La Nasa a souvent cherché l’eau et là où il y en avait, elle a cherché des indices de vie. Cela est très utile pour une future exploration. Amener de l’eau sur la Lune n’est pas pratique pour les astronautes, on compte exploiter l’eau sur place. Cette mission a coûté environ 280 millions de dollars et la base de l’engin modulaire développé dans le cadre de LADEE va être réutilisée dans d’autres missions lunaires ou vers des astéroïdes. Une partie de ces 280 millions de dollars va servir à d’autres missions.

Propos recueillis par Karen Holcman

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