Sniffer du déodorant et autres hobbies dangereux par lesquels les ados et pré-ados ont remplacé le jeu du foulard<!-- --> | Atlantico.fr
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Le jeu du foulard a été remplacé par d'autres jeux dangereux.
Le jeu du foulard a été remplacé par d'autres jeux dangereux.
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Jeux de vilains

Un adolescent de 11 ans a été retrouvé mort à Nice jeudi 20 novembre après avoir inhalé du déodorant en aérosol. Une pratique qui se développerait chez les adolescents dans le but de provoquer un état proche de l'ivresse, et qui illustre l'inquiétante attirance de certains jeunes pour les jeux dangereux.

Georges Picherot

Georges Picherot

Georges Picherot est pédiatre et chef de service de Pédiatrie (Unité de Médecine de l’Adolescent) retraité.

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Atlantico : Un adolescent de 11 ans a été retrouvé mort à Nice jeudi 20 novembre après avoir inhalé du déodorant en aérosol. Certains adolescents  auraient recours à ce genre de pratiques car elles provoquent des étourdissements et des hallucinations proches de l'ivresse. Quels sont les autres jeux dangereux et pratiques à risques chez les adolescents ?

Georges Picherot : Dans ce cas précis, il s'agit d'une prise de risques, vraisemblablement dans le cadre d'une addiction. Cet adolescent avait semble-t-il l'habitude de cette pratique et dans la mesure où cette prise de risques était répétitive, il pourrait s'agir d'une addiction. L'effet recherché à travers l'inhalation de solvants est un changement d'état, une ivresse allant presque jusqu'au malaise. C'est la recherche du grand vertige, provoqué par l'inhalation de produits toxiques. Certains aérosols contiennent des gaz de type butane qui remplacent l'oxygène et peuvent provoquer l'hypoxie, c'est-à-dire, une diminution de la concentration d'oxygène dans le sang. 

L'objectif de ce type de jeux, dont le plus connu est le jeu du foulard, est le changement d'état. Ce jeu du foulard concerne plutôt les jeunes adolescents, voire les enfants. Le principe est celui d'une obstruction des voies aériennes supérieures par strangulation, jusqu'à la limite du malaise provoqué par l'hypoxie. Mais il n'y a que très peu de marge entre la limite du malaise et le malaise mortel. Les adolescents qui le pratiquent sont généralement peu informés des risques réels et n'ont pas conscience des risques mortels.

Pour les produits que l'on inhale pour se retrouver dans un autre état ne sont pas nouveau. A une époque les adolescents et les jeunes adultes utilisaient de l'éther qui a par conséquent quasiment été retiré de la pharmacopée. De nombreux produits médicaux destinés à être inhalés sont également détournés pour rechercher des sensations différentes.

Les binges drinking, les inhalations d'alcool, les neknominations et il y aussi des risques de consommation d'autres produits, de la drogue et des défis comportementaux comme de circuler sur une mobylette sans casque, le plus vite possible.

Le jeu de la tomate est le jeu dans lequel on arrêt sa respiration et on perd connaissance. 

Quelle est la différence entre les prises de risques chez les enfants et les prises de risques chez les adolescents ?

La prise de risques chez les adolescents relativement à celle des enfants entraîne généralement une addiction. Les adolescents peuvent répéter ces prises pour se trouver dans un état différent, un peu comme lorsque l'on se drogue. On s'habitue à être dans un autre état.

Les jeux dangereux sont faits par des enfants peu informés et le font pour le défi. Il est extrêmement important de les dépister tôt dans leur manœuvre de défi. Tous ne le font pas forcément en groupe dans un esprit de défi, ils peuvent également le faire seul dans leur chambre car ils y trouvent une sensation de plaisir. Mais les défis à quelques-uns sont extrêmement dangereux.

Pour les adolescents la prise de risques est quelque chose de fréquent, on recherche des expériences, des situations nouvelles. La recherche d'expérience en elle-même n'est pas pathologique. Les adolescents vont aller au-delà de leurs limites habituelles. On peut qualifier l'expérience de prise de risques lorsque les limites de la sécurité sont franchies.

Ces pratiques relèvent-elles de la pathologie ou tous les enfants/adolescents y sont-ils confrontés ?

La limite entre l'expérience et le risque pathologique est difficile à définir. D'autant plus que la plupart des adolescents qui font ces défis, ne sont pas conscients.

Les adolescents prennent en général des risques forts. Et plus ils sont dans des situations difficiles, plus ils sont tentés par des expériences de risques forts.  S'il est normal que les adolescents aient besoin de se confronter à des nouvelles situations, s'ils sont bien dans leur peau, ils ne franchiront pas la ligne, n'iront pas jusqu'à se mettre en danger. Mais lorsqu'il y a consommation, c'est qu'ils vont mais le dépistage de ce malaise n'est pas simple. 

Les vraies situations d'addiction sont relativement rares chez l'ado qui n'est pas un jeune adulte. Mais il faut savoir les repérer et il faut accompagner l'adolescent et sa famille. De nombreuses structures aident les parents et les ados à sortir de l'addiction. Les Maisons des adolescents sont plus banalisées et plus abordables pour les adolescents qui commencent à être dans une situation difficile que les services d'addictologie.

Comment éviter que ces jeux tournent mal ?

Il faut sensibiliser les personnes qui travaillent avec des enfants et des adolescents au repérage de ces comportements. Car le problème actuellement est que beaucoup de cas ne sont pas diagnostiqués. Alors qu'il est possible de repérer des changements d'humeurs, de comportement. 

Ils entrainent une dépendance qui n'est pas la même qu'une addiction d'adulte, c'est une dépendance de comportement. Pour les jeux d'évanouissement, si on explique la situation aux enfants, ils vont en général s'arrêter. 

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